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Cinéma

[Critique] Resident Evil : Afterlife, nanar ou navet ?

La présence de Milla Jovovich permet de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un cross-over entre "Heroes" et "Prison Break", deux séries qui ont crevé la gueule ouverte au bout de 4 saisons.

Vous pensiez peut-être que le couple Paul WS Anderson/Milla Jovovich en avait fini avec le massacre de la franchise Resident Evil ? C’était vraiment très naïf de votre part. Surtout avec la mode bien juteuse de la 3D useless dans les films d’action…

Alice est donc de retour dans Resident Evil : Afterlife, quatrième opus de la saga de films inspirée de la franchise survival horror de Capcom, Resident Evil. Je dis « inspirée » car il faudrait vraiment être sourd, aveugle et absolument ignorant pour voir dans ces films une quelconque adaptation de cette excellente franchise de jeux. Rien que là, vous vous dites, « elle va être violente cette critique ». Et vous n’avez sans doute pas tort. Attention, cette critique spoile légèrement le film (mais pas les jeux, on respecte les jeux ici monsieur).

Mais revenons à nos moutons : Alice, donc, toujours interprétée par Milla Jovovich, continue de s’acharner contre Umbrella Corporation, son ancien employeur responsable de tous les malheurs du monde suite à la création et à la propagation du virus T qui transforme les morts en zombies. Au cours de l’attaque d’un labo japonais de la firme qu’elle bousille massivement à l’aide de ses nombreux clones – découverts à la fin du précédent film, Resident Evil : Extinctionelle fait la connaissance d’Albert Wesker, visiblement l’un des dirigeants d’Umbrella qui a lui aussi servi de cobaye à l’accoutumance du virus T et apparait donc comme aussi balèze qu’Alice. Ils se battent dans un avion et Wesker fini par injecter un antidote à Alice, qui supprime toute trace du virus de son corps. L’avion s’écrase, Alice survit, Wesker a disparu. Rideau.

Mon pauvre Albert, si tu voyais ta tronche...

On retrouve ensuite Alice quelques mois plus tard : toujours sans amis, elle est partie à la recherche d’Arcadia, un bled perdu dans l’Antarctique et soi-disant havre de paix pour les non-infectés. Ceux qui ont vu le précédent film se souviendront peut-être qu’Alice a envoyé Claire Redfield (Ali Larter) et ses potes là-bas pour les protéger d’Umbrella. Le problème, c’est que l’endroit est désert et tient du traquenard. Elle se met alors à déprimer sévère en parlant à sa caméra et en regardant la mer… Jusqu’à ce qu’une sauvageonne sorte de nulle part et l’attaque : surprise, il s’agit de Claire, possédée par une sorte d’araignée implantée sur sa poitrine. Une fois libérée de cette entrave, Claire reprend conscience mais, amnésique, elle n’arrive pas à expliquer son état. Alice décide alors de quitter l’endroit hostile pour Los Angeles où elle espère trouver des survivants…

Un scénario intelligent, non je rigole

Voici, grosso modo, le résumé des 10 premières minutes du film qui tente de mettre en place un semblant de continuité avec le précédent opus, sorti 3 ans plus tôt : alors qu’on aurait pu croire les survivants entre de bonnes mains et Alice plus forte que jamais avec ses super pouvoirs et ses clones, on découvre finalement une grosse arnaque qui relance tant bien que mal l’intrigue. Le premier point d’importance aurait pu tenir au fait que Wesker « supprime » le virus T du corps d’Alice, virus qui est censé lui donner plus de force, entre autre. Au final, cet évènement est totalement useless, Alice restant Alice tout le long du film, c’est à dire increvable : à aucun instant on a peur pour elle, c’en est presque navrant.

La présence de Milla Jovovich permet de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un cross-over entre "Heroes" et "Prison Break", deux séries qui ont crevé la gueule ouverte au bout de 4 saisons.

Quant au « piège » Arcadia, on a vraiment envie de secouer les personnages pour leur remettre les idées en place : ils passent quand même les trois quarts du film à se demander qui peut bien être derrière l’enlèvement des survivants et la manipulation de Claire, comme s’ils avaient oublié d’un seul coup contre qui ils se battent depuis 4 films. Finalement, le trio de bras cassés finira par marcher sur un logo représentant un parapluie blanc et rouge et finira par se dire niaisement « bon sang, mais c’est bien sûr ! » après s’être joyeusement fourré dans la gueule du loup.

Picorons dans les jeux

A l’instar des précédents films, Resident Evil : Afterlife tente de justifier son titre en carottant de ça et là quelques concepts et personnages aux jeux. Le problème, c’est que ça n’a généralement rien à voir, ou pas grand chose, avec la mythologie de base de la saga vidéoludique. Je m’explique : ce nouveau film emprunte beaucoup à Resident Evil 4 et 5 : les zombies plus violents et agressifs – normalement issus de la propagation d’un autre virus, Las Plagas, mais ici rien est expliqué et on ne comprend pas pourquoi les zombies sont différents – et la présence de Chris Redfield et de Wesker – Leon Kennedy, Ada Wong et Sheva Alomar n’ont pas voix au chapitre, les chanceux – en témoignent. Le problème, c’est qu’il n’y a aucune cohérence et que tout s’enchaîne n’importe comment. Chris retrouve sa sœur qui ne se souvient pas de lui – en même temps, quand on a un frère qui a la gueule et le charisme inexistant de Wentworth Miller, on a le droit d’avoir une mémoire sélective – de façon tellement hasardeuse que c’en est débile, un Bourreau de Resident Evil 5 déboule comme par magie et attaque Claire et Alice dans la salle de bain – ce qui est, il faut l’avouer, une bonne excuse pour le réalisateur d’organiser un concours de tee-shirt mouillés à l’écran – et Albert Wesker, pourtant méchant mythique des jeux, arrive comme un cheveu sur la soupe et, oh comme c’est étonnant, crève comme une merde connait une fin à la noix.

"Et la gagnante du concours Miss tee-shrit mouillé remporte... Un bon coup de hache !"

Bref, tout s’enchaîne sans grande clarté : ce n’est déjà pas facile à suivre quand on connait les jeux (dans ce cas-là on oscille entre éclats de rire et consternation) mais alors, quand on n’y connait rien, on doit probablement poser son cerveau sur le siège d’à côté et se dire que ça claque visuellement, quitte à en oublier tout le reste, et tant mieux au final. Esthétiquement en effet, c’est joli, la 3D n’apporte pas grand chose mais n’enlève rien non plus et les effets spéciaux sont convaincants : en somme, Resident Evil : Afterlife fait partie de cette catégorie de blockbusters décérébrés qui avance sans vraiment savoir où il va, mais finira bien par y arriver tôt ou tard vu qu’il ne se prend pas la tête. Un peu comme un zombie, en fait, sauf qu’on ne peut pas lui tirer une balle, dans la tête justement.

Sienna, où es-tu ?

Mais l’arnaque XXL du film, c’est peut-être celle du non-retour de Jill Valentine : personnage d’importance dans les jeux – elle y est présente depuis le premier opus, c’est l’héroïne de Resident Evil 3 et elle a fait un retour remarqué dans Resident Evil 5 – Jill est également l’un des rares personnages, pour ne pas dire le seul, à ne pas avoir été trop massacré par la franchise cinématographique. L’actrice britannique Sienna Guillory lui avait prété ses traits dans Resident Evil : Apocalypse et depuis, le personnage avait disparu… Jusqu’à ce que ça buzze sur Internet concernant son retour dans Afterlife : même Milla Jovovich avait tweeté…

FAKE SPOTTED ! Et même pas beau en plus ! Mais bon, je le mets quand même, c'est racoleur !

Le fait que le film pompe joyeusement dans Resident Evil 5 rendait plausible le fait de revoir le personnage au cœur de l’intrigue. Hélas, que les fans calment leurs ardeurs : si Jill Valentine fait bien une apparition dans le film, il faut attendre le générique pour qu’elle se dévoile dans une position fort peu cohérente par rapport aux évènements… On n’en dira pas plus pour ne pas gâcher l’éventuelle surprise que ce retournement de situation pourrait entraîner, mais il semblerait bien que le massacre de ce personnage soit prévu pour le cinquième film, et ça c’est fort dommage. Il est également regrettable qu’un buzz ayant surement attiré l’oeil des fans de la saga se transforme au final en tentative de racolage pour annoncer un nouveau volet cinématographique gravitant autour de Jill Valentine.

Tout ça pour ça !

Au final, Resident Evil : Afterlife, à l’instar des précédents films, donne l’impression d’être un épisode d’une longue série de plus en plus douloureuse qui, au lieu de piocher intelligemment dans la saga de Capcom, s’obstine à briser sa mythologie à coups de pioche. Dommage !

Tags : AfterlifecapcomCritiquefilmResident Evil
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !