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Expo fantastique

Dernier jour du festival. La semaine a été éreintante mais réellement passionnante. Ce dimanche s’apprête à conclure cette édition, les festivaliers désertent Gérardmer petit à petit, mais il reste quelques irréductibles prêts à profiter des dernières séances.

A 11H00, la dernière projection officielle commence sans le moindre stress. La file d’attente s’écoule très rapidement, quelques sièges sont même inoccupés.

Bedevilled est le second film coréen de la sélection, et les plus fidèles amateurs du fantastique ont déjà pu découvrir l’œuvre de Jang Cheol-soo à l’Etrange festival de Paris en même temps que Dream Home, Ne nous jugez pas et Proie.

Bedevilled ne ressemble à aucun autre film de la cuvée géromoise de cette année. Ça commence comme un drame social, une satire de la condition de la femme en Corée filmée avec beaucoup d’authenticité. Le réalisateur met à nu ce qu’il y a de plus ignoble chez l’Homme sans prendre parti. Le public est mal à l’aise et assiste à la plus belle illustration de la lâcheté humaine. Le film est dur, très dur, quand soudain, l’heure passe et le film emprunte un tout autre chemin en basculant vers une démonstration de vengeance gore libératrice. Véritable exutoire pour le spectateur qui assiste totalement impuissant à une montée d’adrénaline qu’il n’attendait pas.

L'empire des ombres

C’est une nouvelle claque qui nous vient de Corée, mais le public s’interroge sur la légitimité de sa place au sein de ce festival. La tournure horrifique justifie-t-elle la présence de Bedevilled dans la compétition? Dans tous les cas, chacun s’accorde à dire que le film est magistral, et quitte la salle la tête pleine de questions.

[La critique de Bedevilled sera en ligne dans les prochains jours]

Le dernier long-métrage de Brad Anderson est programmé à 14H00. L’empire des ombre fait partie de la sélection officielle des titres hors compétitions. Habitué des festivals depuis l’intrigant Session 9 et surtout The machinist, c’est au tour de L’empire des ombres de faire ses preuves. Attendu pour le 18 février 2011 aux États-Unis, cette avant-première mondiale a de quoi faire trépigner les plus fervents admirateurs de Brad Anderson, épaulé de belles têtes d’affiches : Hayden Christensen et John Leguizamo.

Tout commence pour le mieux, la ville de Detroit est mystérieusement plongée dans le noir faisant disparaitre tous ses habitants. Hayden Christensen aka Luke (sic) parcourt les rues, armé d’une lampe de poche afin de ne pas se volatiliser dans les ombres. Sur son chemin, ils rencontrent d’autres survivants esseulés désireux de comprendre ce qu’il leur arrive. Si le début semble prometteur par une mise en situation lente et fignolée en instaurant un sentiment de menace omniprésente, le film se perd très vite dans un traitement psychologique extrêmement téléphoné. Avec son lot de personnages bien pensants et caricaturés au possible, on s’alarme très vite à l’idée de retrouver au bout de la route un épilogue moralisateur suintant le sermon indigeste de la religion catholique. Et entre temps, il ne se passe rien. Luke fait des aller-retours dans un bar qui devient rapidement le QG de la petite troupe avant de décider de quitter les lieux car en attendant, le spectateur s’ennuie mortellement devant un jukebox qui ne cesse de tourner et qui semble avoir plus à raconter que les protagonistes.

Belle déception devant un film que pas mal de personnes attendaient. C’est presque abasourdis que les amateurs quittent l’Espace lac en se demandant comment Brad Anderson a-t-il pu pondre un tel navet?

Dans une pièce contigüe à la salle de projection, il est possible d’admirer quelques œuvres de sculptures artistiques inspirées du thème du Fantastic’Arts. Une quinzaine d’artistes professionnels exposaient leurs ouvrages dans un local relativement vaste.

Exposition artistes confirmés
Eposition artistes confirmés

A quelques mètres de là, à la Villa Monplaisir, est également présentée une exposition du dessinateur de bande dessinée, Thomas Ott, qui porte la double casquette de membre du jury courts métrages.

Planche BD de Thomas OTT

Thomas Ott est un auteur reconnu pour son style pour le moins typique. Il fonde sa technique sur le grattage de carte. De ses mains, une carte noire donne vie à une mise en scène morbide en raclant son trait sur son support cartonné pour libérer le blanc du papier. Ce travail minutieux accorde un effet de gravure qui renforce le contraste du noir et blanc. Ainsi cette absence de couleur alimente le sentiment d’angoisse et de claustrophobie que dégagent ses illustrations.

Les planches de ses bandes dessinées ont également la particularité de ne comporter aucun dialogues et les seuls mots qui apparaissent dans ses travaux n’ont qu’une utilité purement décorative.

Le dessinateur suisse ne masque nullement son attrait pour la mort et le cinéma dont il use les codes pour servir le découpage de ses planches. En exorcisant ses peurs sur le papier, Thomas Ott ne cache pas une inspiration venue tout droit des contes de la crypte. Son premier livre, Tales of error y fait clairement référence. Pas étonnant qu’il envisage de se tourner vers le cinéma!

Exposition Thomas OTT

19H00, c’est l’approche de la toute fin. La cérémonie de clôture débute et est sur le point de distribuer les récompenses de cette 18ème édition. Comme pour l’ouverture, cet événement très prisé filtre au compte goutte ses cartons d’invitation. La cérémonie était suivie du film The hunter qui n’était pas en compétition.

Bedevilled, Grand Prix 2011

Grand Prix, avec le soutien de la Région Lorraine : Bedevilled réalisé par Jang Cheolsoo.

Prix du Jury : Ne nous jugez pas, réalisé par Jorge Michel Grau,
à égalité avec The Loved Ones, réalisé par Sean Byrne.

Prix de la Critique : J’ai rencontré le Diable, réalisé par Kim Jee-Woon.

Prix du Jury Jeunes de la Région Lorraine : J’ai rencontré le Diable, réalisé par Kim Jee-Woon.

Prix du Public – L’Est Républicain/Vosges Matin : J’ai rencontré le Diable, réalisé par Kim Jee-Woon.

Prix du Jury Syfy : The Loved Ones, réalisé par Sean Byrne.

Grand Prix du Court Métrage : Le Miroir, réalisé par Sébastien Rossignol.

Prix du Meilleur Inédit Vidéo : Triangle, réalisé par Christopher Smith.

Un palmarès qui respire la qualité de la programmation de cette année. On n’aurait pas misé un sou sur Bedevilled qui ne semblait pas correspondre à un tel festival, mais le résultat est tel qu’on ne peut que s’en réjouir! Nos prévisions se tournaient plutôt vers J’ai rencontré le diable, grand favori de cette édition. Récompensé à trois reprises, c’est une magnifique reconnaissance dont il bénéficie, en espérant que cela puisse dynamiter sa sortie en salle prévue pour juillet. Encore une fois, la Corée confirme que son cinéma continue à séduire et à surprendre, se surclassant de loin face à ses concurrents.

The loved ones est l’autre grand gagnant du festival, bénéficiant d’un bel appui du public. Ne nous jugez pas devient la surprise de  ce palmarès car il avait reçu un accueil très mitigé des spectateurs. Le miroir est le gagnant des courts métrages, et ça, on l’avait parié! Quand même… on aurait bien vu Dream Home dans le lot!

Voilà, Gérardmer 2011, c’est fini! Une semaine riche qui laisse rêveur! On se met alors à espérer que le cru de l’année prochaine sera aussi bon sinon mieux…!

Tags : BedevilledDario ArgentoFantastic'ArtsGérardmerJ'ai rencontré le diablepalmarès
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Que le geek chic clique!

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