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Partir à la recherche d’un monstre meurtrier, c’est du vu et du revu au cinéma. Mais quand il s’agit d’un impitoyable sanglier mangeur d’hommes, si on peut être tenté d’accuser Astérix et Obélix d’être impliqués et d’avoir fini par énerver l’un d’entre eux, on pensera surtout qu’il s’agit d’un énième nanare horrifique. Pourtant, le réalisateur Shin Jungwon parvient quand même à surprendre avec ce film qu’il serait injuste de juger aussi vite, d’autant plus que cette production a rencontrée un certain succès en Corée du Sud. Mais a-t-il une chance de convaincre le public occidental ?

Un mélange des genres maladroit

Car des défauts, Chaw n’en manque pas, comme la direction donnée au film par le réalisateur : on ne sait pas vraiment de quel genre de film il s’agit et on serait presque tenté de dire que plusieurs genres s’y retrouvent en même temps. Les premières minutes du film semblent ne laisser planer aucun doute sur le fait qu’il s’agit d’un film d’horreur et on en viendrait même à se dire que n’importe qui pourrait se faire dévorer par la bête tant les morts paraissent injustes et terrifiantes. Mais très vite, les personnages principaux, tout comme les personnages secondaires, sont mis en avant et, malheureusement, on n’évite pas les portraits clichés : des policiers un peu stupides, des scientifiques prêts à risquer leur vie inutilement pour la science, des chasseurs professionnels suréquipés, des ermites mystérieux qui semblent fous ou encore un vieux sage qui s’est retiré pour vivre en bon campagnard pour oublier son passé.

Cette galerie de personnages hétérogènes est présentée tout au long de la première partie du film qui pourrait laisser croire que finalement, il s’agit plutôt d’une comédie, voir une comédie humoristique. Doit-on alors en déduire que nous sommes face à une comédie horrifique ? Peut-être pas, surtout à la vue des scènes d’action qui seront surtout présentes à partir de la seconde moitié de ce long-métrage.

On a finalement l’impression que le film met beaucoup de temps à démarrer, peut-être même à se chercher, notamment à cause de la présentation séparée des protagonistes qui finiront par se réunir. Difficile de vraiment se plonger dans l’histoire au début, certains personnages étant plus avares en détails sur leurs motivations et d’autres ne semblant présenter aucun intérêt mais sur lesquels le film s’attarde parfois un peu trop. On passe d’un personnage à un autre un peu trop souvent et si intentionnellement rien ne semble les lier au début, le film ne parvient pas vraiment à justifier ce découpage et donne le sentiment que c’est le scénariste qui impose au groupe de se réunir plutôt que les circonstances.

 

Des atouts qui peuvent convaincre le public

Cependant, la réalisation n’en reste pas moins de qualité et si certains effets spéciaux sont maladroits, dans son ensemble la qualité est là et on est loin d’avoir à faire à un film kitch. La mise en scène de l’intrigue ne devrait pas surprendre et on pourrait presque croire qu’aucun budget n’a été octroyé pour des effets numériques, tant la présence du sanglier se manifeste exclusivement hors-champs au début. Un choix volontaire qui permet quand même de rajouter un peu de suspens jusqu’à cette seconde moitié du film beaucoup plus captivante et avec un sanglier qui semble surtout réussi durant les passages de nuit, l’obscurité aidant à l’intégration de la bête numérique avec le décor.

L’humour noir reste omniprésent mais les scènes d’action et de tension se multiplient, offrant aux spectateurs quelques passages musclés et qui devraient les tenir éveillés. On aura droit notamment à quelques affrontements bien saignants avec la bête…

L’environnement dans lequel se déroule l’intrigue fait partie des atouts du film : avec un village perdu dans des montagnes en Corée du Sud, le dépaysement est garanti entre les champs et les forêts. C’est l’occasion également de découvrir certains aspects d’un pays qui ne se limite pas à sa capitale.

 

Les plus sceptiques qui pensent s’attendre à un genre de téléfilm peuvent être rassurés, ce n’est pas le cas avec Chaw qui est un film de bonne qualité. Les acteurs sont convaincants et à aucun moment ils ne laissent l’impression de ne pas être impliqués. On sent, au contraire, que ces derniers se sont investis et qu’ils se sont même plutôt bien amusés , la toute fin du film confirmant cette impression.

Le doublage français est correct et on se doute quand même que l’exercice n’est pas évident sur un film coréen, à moins d’être très exigeant en matière de doublage. Dans ce cas là, on visionnera le film dans sa version originale sous-titrée. En revanche, du côté des bonus, on ne retrouve qu’une bande-annonce en basse résolution : dommage.

Conclusion

Chaw est un film sans grande prétention qui bénéficie d’une réalisation soignée, de scènes d’action efficaces et d’un casting convaincant. Paradoxalement, on regrettera des personnages un peu trop caricaturaux, menant à des situations un peu trop prévisibles qui finissent par nuire au suspens. Si le film alterne entre des séquences de terreur et des séquences plus humoristiques, on pourrait être tenté de rire dans les deux cas : il ne faut donc pas vous attendre à un film terrifiant mais plutôt à une comédie divertissante qui transpire d’humour noir.

Si vous êtes à la recherche d’un bon divertissement, Chaw peut s’avérer être un choix judicieux, surtout si vous avez la curiosité de voir ce que peut réserver le cinéma coréen, mais n’en attendez pas grand chose non plus à moins d’avoir un minimum de second degré. Le film est disponible en DVD et Blu-ray comme nous vous l’avions annoncé il y a quelques temps.

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Yana

Gentle Geek Yana

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