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Cinéma

[Critique] Captain America : sois patriote et tais-toi

Bon allez, au boulot hein.

Marvel continue à paver le chemin qui mène à son cross-over ultime (ou pas) The Avengers en sortant des films de super héros à tire-larigot : après le musclé mais insipide Thor – que personne, chez GentleGeek, n’a eu le courage de se farcir en critique, c’est dire – voici donc venir Captain America, premier Vengeur historique et héros américain patriotique s’il en est. Et franchement, pour une fois que le rôle de la potiche dans un film est tenu par un mec, ça serait dommage de passer à côté.

Captain America raconte donc la genèse du premier Vengeur, ou comment Steve Rogers, gringalet de Brooklyn souffrant de tous les maux du monde est parvenu à se faire engager dans l’armée américaine en pleine Seconde Guerre Mondiale, à condition de servir de cobaye aux expériences du docteur Erskine, qui cherche à créer un super-soldat pour fracasser méchamment les nazis. Pendant ce temps, en Europe, Johann Schmidt, un ambitieux agent nazi cherche lui aussi à étendre son pouvoir dans le but de s’affranchir du IIIe Reich et mener une campagne en solo à travers le monde… Et il compte bien mettre des bâtons dans les roues d’Erskine.

Film de super héros, mode d’emploi

Pas la peine de donner plus de détails : comme la plupart des films de super héros, et a plus forte raison ceux de Marvel qui sont destinés à introduire des personnages faisant partie des Vengeurs, Captain America se contente dans sa grande majorité de poser les bases du personnage, de détailler ses origines et ses motivations. Réalisé par Joe Johnston qui était déjà aux commandes de Rocketeer en 1991 – on peut donc considérer que ce n’est pas son premier film de patriote vaguement super héroïque, même si ça remonte à loin – le film bénéficie d’une réalisation des plus académiques dont la séquence d’introduction fera grincer des dents les amateurs d’originalité, puisqu’il commence par une scène qui se déroule bien plus tard dans le film, pour ensuite lancer l’intrigue, la vraie, en mode flashback. Après Iron Man et Thor qui usaient du même procédé, ça commence à faire un peu beaucoup et les producteurs de chez Marvel devraient essayer de réfléchir à un moyen d’arrêter de prendre les spectateurs pour des imbéciles. Un minimum, quoi.

Chris Evans, lui aussi familier de l’univers des super héros – il a joué la Torche Humaine dans les deux films tirés des 4 Fantastiques – fait exactement ce qu’on demande de lui : jouer un super héros patriote, tantôt obéissant gentillement aux ordres de l’armée, tantôt se rebellant contre l’autorité mais toujours pour la bonne cause, parce que si Captain America ne montre pas la voie à suivre, qui le fera donc, hein d’abord ? Le film offre le quota réglementaire de courses-poursuites, d’explosions et autres scènes d’action et n’oublie pas la petite touche romantique qui va bien – la britannique et quasi-inconnue Hayley Atwell s’offre pourtant le luxe d’être plus charismatique que Natalie Portman dans Thor. C’est pour dire. Le reste du casting est propret : Malheureusement, Hugo Weaving cabotine un peu trop dans son rôle de méchant, mais il est plutôt sympathique de retrouver le trop rare Tommy Lee Jones à l’écran. Moins connu, l’anglais Dominic Cooper (rock star dans Tamara Drewe) fait également une apparition remarquée, et Stanley Tucci incarne un Erskine convaincant.

Hugo Weaving version Agent Smith Nazi


Du point de vue mise en scène, on saluera par ailleurs les effets spéciaux, plus pyrotechniques qu’autre chose – les pouvoirs du Captain se résumant principalement à sa force supérieure, point d’éclairs ou de tonnerre en vue – mais aussi et surtout l’impressionnante transformation du frêle Steve Rogers en super soldat, qui vaut le détour. Et sinon, le scénario dans tout ça ?

Mais… ne serait-ce pas un scénario un peu travaillé, ça ?

Captain America se focalise comme il se doit sur la naissance du héros patriote, pur produit d’expériences scientifiques. Alors qu’il passe de gringalet à bête de foire, Steve Rogers est finalement relégué au rang de promoteur de l’armée américaine alors que la guerre fait rage en Europe. Le film met en avant de façon assez éloquente l’instrumentalisation du personnage et se moque même allègrement de la symbolique patriotique qui l’entoure, en en faisant une potiche plus qu’autre chose. Un recul bienvenu, mais qui ne dure qu’un temps : très rapidement, l’action reprend le dessus et fait du film une pure production Marvel.

Là où Captain America se rapproche d’Iron Man 1 et 2 et se hisse devant Thor (de peu quand même, avouons-le) c’est qu’il tente de créer des liens vraiment cohérents entre l’histoire du super héros et ce qui attend le personnage dans la suite de son histoire, c’est-à-dire dans The Avengers. Bien entendu, certains diront que c’est également le cas dans Thor avec la présence d’agents du S.H.I.E.L.D. et de Nick Fury principalement (et ils n’auront pas tort, ahah, pas Thor, vous comprenez ? Oui, bon). Mais dans la mesure où l’action de Captain America se déroule bien avant l’intrigue des autres films, qui prennent place à notre époque, le défi était plus important : défi relevé par le réalisateur-scénariste-geek Joss Whedon qui, aux commandes du film The Avengers, a participé au scénario de Captain America pour assurer une cohérence entre les deux longs métrages. D’aucun diront « pas trop tôt ! » et ils auront raison (donc, pas tort, ahah). Pour ce qui est des éléments d’intrigues en question, on n’en dira pas plus ici histoire de laisser la surprise.

Je croquerais bien dedans pour savoir si ce sont des vrais.


Au final, l’ancrage du Cap dans la mythologie cinématographique des Vengeurs est peut-être celle qui laisse présager un plus grand nombre de surprises, à condition que Joss Whedon ait l’occasion de tirer sur les ficelles du scénario de The Avengers. Hélas, vu le nombre de super héros qui seront présents dans le film – Captain America, Thor, Iron Man, Black Window, Hawkeye et Hulk – on imagine qu’il sera difficile d’offrir à chaque protagoniste un arc développé, et ce même si le film dure un peu plus de deux heures.

Pas le pire, mais (sans doute) pas le meilleur

S’il relève le niveau des précédentes productions Marvel (j’ai déjà mentionné Thor, mais Iron Man 2 n’était pas mal non plus niveau déception) Captain America n’en reste pas moins un pur produit destiné à alimenter la franchise des Vengeurs. Comprenez par là qu’il ne révolutionnera le genre, loin de là, et il n’y a plus qu’à espérer que Joss Whedon fasse prendre la mayonnaise The Avengers pour que tout ça ne soit pas vain au final. Finalement, on est en droit de se dire que du côté des films pré-Avengers, Marvel n’a jamais fait mieux que le premier Iron Man… Étrangement, c’était au temps où le film sur les Vengeurs n’était encore qu’un projet assez vague. Coïncidence?

Bon allez, au boulot hein. (Oui, j'ai pas d'idée pour la légende, j'avoue)


Du côté de la 3D, impossible de dire si elle tient la route, le film ayant été vu en 2D lors de sa sortie aux Etats-Unis. Sur ce point-là, il faudra donc attendre la sortie française pour se faire une opinion. Pour le reste, vous l’aurez sans doute compris : mieux vaut aller voir la naissance du « First Avenger » l’esprit léger comme un seau de pop-corn.

Captain America: The First Avenger, un film de  Joe Johnston avec Chris Evans, Hayley Atwell, Tommy Lee Jones et Hugo Weaving. Sortie française le 17 août 2011.

Tags : Captain AmericamarvelThe Avengers
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

7 commentaires

  1. Juste pour info: Stanley Tucci ne joue pas dans Kickass. C’est Mark Strong. Vous pouvez supprimer mon message après correction ^^’

  2. Au temps pour moi, c’est corrigé ^^ En fait je me rends compte que je les ai confondu dans plusieurs films, du coup :p

  3. Attention Cap n’est pas le premier vengeur puisqu’il fut découvert congelé par les premiers Vengeurs : Thor, l’homme fourmi, la Guêpe et Iron Man qui cherchaient Hulk.

  4. Vu le film aujourd’hui et dans l’ensemble, je suis d’accord avec votre critique. Ni bon ni mauvais, il est très bien dans le cadre d’une intro du perso pour le film « The Avenger », mais sans plus. Il fait le job. Il introduit le perso, c’est sympathique à regarder mais ça reste moyen.

    Pour moi, sa principale qualité est qu’il présente quand même un contenu qui ne se focalise pas uniquement sur le cross-over qu’il introduit, contrairement à cette bouse de « Thor » qui, à part dire « Thor rencontre le Shield pour inclure le perso dans Avengers », ne raconte pas grand chose d’autre, à part nous présenter une évolution totalement superficielle du héros (donc oui, je suis aussi complètement d’accord avec votre critique de Thor. Fade et insipide, je ne vois pas ce que ce film mérite d’autre, tout est dit.)

    Par contre, les scènes de combats ne sont pas super bien foutues. Notamment une scène où je ne comprends pas pourquoi les membres de l’Hydra, qui ont pourtant des mitraillettes, s’obstinent à aller au corps à corps avec le Captain quand il leur tourne le dos. Je sais pas… Quand j’ai une arme qui tue à distance, je l’utilise pour tuer à distance, je me rapproche pas en tenant ma cible en joue jusqu’à être à porter de ses poings, c’est ridicule. -_- C’est là qu’on regrette les cases figées de Comics. Si les combats du Captain passe aisément en BD grâce à une certaine esthétique de l’image, c’est moyennement crédible en film je trouve. ‘fin bon…

    Ensuite, j’ai vu le film en 3D, malheureusement. Le seul truc que ça m’a apporté, c’est une bonne migraine. Ensuite, c’est pas mal foutu mais je ne comprends pas l’engouement pour cette technique. Ça gâche l’image je trouve, ça manque de finesse et n’apporte rien de spécial au film. Mais bon, je peux pas dire que la 3D soit mauvaise… Ceux qui aiment trouveront sans doute ça bien. Moi, j’adhère juste pas…

    Donc voila, bonne surprise pour ce film dans le sens où il n’est pas mauvais. Il s’en tire pas trop mal (voir même très bien si on le compare à « Thor » XD).

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