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Dessinateur, entre autres, de Gotham City Sirens et Catwoman chez DC Comics, l’Espagnol Guillem March était l’un des invités de la première édition du Paris Comics Expo, qui s’est tenu dans la capitale française les 27 et 28 octobre derniers. L’occasion pour nous de rencontrer ce sympathique et talentueux artiste qui vient de prendre les rênes de Talon, une nouvelle série qui vient de débuter chez DC. Interview.

Bonjour Guillem ! Vous avez travaillé sur Gotham City Sirens et sur le relaunch de Catwoman. C’était difficile de créer une nouvelle Catwoman pour les New 52 ?

Ca l’était, mais en même temps, ça ne l’était pas. Ils m’ont demandé de faire plusieurs dessins pour le nouveau costume de Catwoman. J’ai donc fait plusieurs designs, des variations du classique costume en cuir noir.
Au final, on m’a dit “Hmmm, non. Restons sur le costume classique, mais avec des bottes au lieu des talons hauts”. C’est le seul changement qu’ils m’ont laissé faire.
Je pense que le design marche bien, je veux dire, c’est bien Catwoman. Quand je pense à Catwoman, j’ai la version de Tim Burton, avec Michelle Pfeiffer, dans un costume en cuir noir. Ça marche pour moi.

J’ai personnellement beaucoup aimé les premiers numéros de Catwoman New 52. Elle est toujours aussi sexy, mais également vulnérable, elle est différente, psychologiquement, dans le relaunch, et je trouve que vos dessins l’expriment assez bien.

Merci. C’est également pour ça que je travaille avec de bons scénaristes, parce que si le scénariste écrit du drame, ou de l’humour, j’essaie de dessiner correctement ces expressions, pour que le script soit bien dessiné.
Mais je pense que le mérite revient plus au scénariste qu’à moi.
Par exemple, quand le script est violent, et que Catwoman prend une batte pour tabasser un type, j’essaie de ne pas dessiner une nana sexy qui taperait là comme ça, “pam pam”(il prend une pose maniérée et fait comme s’il tapait du bout des doigts avec sa batte, ndlr), mais je dessine Catwoman qui y va franchement. C’est tout ce que j’essaie de faire.

Comment s’est passé la transition pour vous entre Catwoman et Talon, le spin-off de l’arc La Cour des Hiboux initié cette année par Scott Snyder dans le Batmanverse ?

Et bien mon éditeur m’a dit qu’il allait y avoir une nouvelle série, qui commencerait au numéro 0, dont le scénariste serait Scott Snyder. Et je me suis dit “woua”, car Scott Snyder est un très bon scénariste. J’étais très excité. Du coup, ils m’ont fait passer de Catwoman à Talon.
Peut-être aussi… J’aime bien dessiner les personnages féminins, mais j’en ai déjà tellement dessinés qu’il était peut-être temps de changer. J’aime aussi dessiner des scènes de combat et des personnages masculins. Donc c’était l’occasion de montrer aux gens que je peux dessiner autre chose des filles.

C’était justement ma question suivante. C’est intéressant de voir vos dessins sur une histoire où le héros est un homme.

Oui. Mais si on me laisse faire, je peux faire bien plus que juste des personnages féminins. Je suis assez content de pouvoir le montrer.

Calvin Rose – c’est le vrai nom de Talon – est un tout nouveau personnage dans l’univers DC. Comment avez vous travaillé son apparence ?

j’ai fait quelques dessins. Il devait ressembler aux autres Talons, mais pas si noir, et sans couvrir tout le visage, car Calvin n’est pas un vilain. Il est un peu entre les deux, mais au final, ce n’est pas un méchant.
Donc j’ai fait plusieurs concepts, et au final, on a choisi celui qui est en couverture. Je voulais qu’il soit encore plus différent, mais ils voulaient garder le masque, et les cheveux qui sortent au-dessus, donc, c’est ce que j’ai fait.

Talon est très proche de Catwoman, en ce sens que c’est un personnage ambigu, ni méchant, ni gentil.

Oui. C’est pas comme Superman, qui est 100 % gentil, et c’est donc super, car les émotions passent de haut en bas, du coup, je peux dessiner plus d’expressions, j’aime ça. Et puis aussi, dans la vie réelle, les gens ne sont pas tout bons ou tout méchants. Même les “mauvaises personnes” ne proclament pas être un vilain. Vous voyez ? Le Joker dans Batman dit souvent “hahaha, je suis méchant”. Non. Dans la vraie vie, les gens mauvais ne pensent pas qu’ils sont méchants. Donc j’aime bien être entre les deux, entre gentil et méchant.

Vous pouvez nous parler un peu de votre artbook, Muses a gogo ?

Ce livre n’existe toujours pas, j’espère qu’il existera bientôt. C’est un projet en crowfunding, via un site internet appelé Verkami, l’équivalent de Kickstarter aux U.S.A.
Quand je ne travaille pas, je fais des esquisses, parce que j’aime bien crayonner, et, pas toujours, mais souvent, ce sont des femmes, parce que j’aime les dessiner. Et je me suis dit que je pouvais rassembler tous ces dessins. Ce ne sont pas des illustrations, comme Cover Girls, mon autre artbook, ce sont plutôt des croquis/ébauches/crayonnés, ce sera donc un peu plus brut, et je que ce sera fini d’ici quatre ou cinq mois, car je dois encore faire quelques croquis spéciaux pour certains des donateurs.
Je voulais que ce soit bien fait, avec une couverture dure, avec quelques petits détails particuliers. C’est mon petit projet en dehors de DC.

C’est un projet plus personnel donc.

Ce n’est pas comme si c’était un comics que j’aurais réalisé. Ce sont juste des dessins, uniquement des femmes. Il n’y a pas d’histoire, ce n’est pas un projet sur ma vie.

Mais il n’y pas de personnages de DC.

Non, parce que je voulais respecter les copyrights.

Vous avez utilisé une plateforme de crowfunding pour impliquer vos lecteurs dans le projet, ou parce que c’était le seul moyen pour vous de publier l’artbook ?

J’aurais pu réaliser le livre avec mes propres deniers, puis essayer de le vendre. Mais en utilisant le système de crowfunding, vous avez les fonds avant de réaliser le livre, et ça aide, parce vous savez que ne perdez pas d’argent durant le processus.
Alors là, je ne vais pas gagner d’argent, parce que je vais réaliser un tirage limité en autoédition, mais je ne vais pas en perdre non plus.
Mais au final, je serais content que le livre soit publié.
Et puis, si j’avais financé le projet moi-même, il aurait fallu que rassemble l’argent, que je fasse les dessins, et j’aurais pu me dire : “non, je le ferai demain”. Là, je suis poussé par les donateurs, je dois le faire, et je dois le faire vite.

Vous aimez la pression ?

Oui. Enfin non, je n’aime pas la pression, mais un peu de pression, ça aide.

Les gens qui n’ont pas participé au financement du livre pourront quand même se le procurer ? Ou seuls les donateurs pourront ?

Oh, j’aurais des exemplaires en plus, pour les vendre, je pense, à des conventions, ou en ligne. Il ne sera pas distribué par les distributeurs de comics.

Et pour finir, avez-vous d’autres projets que Talon pour cette année ?

Pour cette année, non, je suis sur Talon, jusqu’à… Je ne sais pas quand. Mais sinon, je travaille sur un livre, pour Dupuis, mais c’est un projet à long terme, donc, dès que j’ai le temps pendant mon travail sur DC, je travaille sur ce projet. Je ne sais pas quand il sera publié, car c’est vraiment un projet à moyen ou à long terme. Et c’est tout ce que je fais en ce moment.

C’est déjà pas mal !

Oui. Mais j’aime bien avoir plusieurs projets en cours en même temps.

Merci Guillem !

Merci à Guillem March pour son temps et aux organisateurs du Paris Comics Expo. Catwoman est édité en France chez Urban Comics.

Interview réalisée par Audrey et traduite par Aurigabi.

Tags : catwomanDC ComicsDupuisGuillem MarchParis Comics Expo 2012talonUrban Comics
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

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