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Après une cérémonie d’ouverture qui suscitait l’enthousiasme, les choses sérieuses commençaient dès le lendemain avec une journée chargée, puisque pas moins de 5 films étaient programmés pour ce premier week-end de festival.

Lancé tambour battant par un film fou malgré quelques légers défauts de rythme sur la fin, le PIFFF cuvée 2012 semblait d’attaque pour son premier week-end avec des films plutôt attendus en ce premier samedi.

La journée débutait avec Here comes the devil, film Mexicain de Adrián García Bogliano, en compétition. Présentant l’histoire d’une famille confrontée au comportement étrange de ses enfants après que ceux-ci aient disparu une nuit en montagne, le film s’avère néanmoins assez peu prenant, et les éléments fantastiques du récit sont amenés un peu comme un cheveux sur la soupe. Un film au rythme assez lent qui ne parvient pas à exploiter suffisamment ses idées et ne va pas totalement au bout de son propos.

Here comes the devil ne parvient malheureusement pas à installer une réelle ambiance oppressante, limitant l’impact de ses arguments fantastiques.

Mais le premier gros événement de la journée, c’était bien la projection de The ABC’s of Death, film a segments où 26 réalisateurs se sont vus chacun confiés une lettre de l’alphabet et d’illustrer la mort. Un abécédaire mortuaire qui regroupait quelques noms prestigieux comme Xavier Gens, Hélène Cattet et Bruno Forzani (les réalisateur d’Amer), pour les frenchie, mais aussi Yoshiro Nishimura, Noboru Iguchi, Ben Wheatley, Ti West, Nacho Vigalondo, ou Adam Wingard. Au final, si certains segments se démarquent par leur relative faiblesse (celui de Ti West, étonnamment peu inspiré sur ce coup, le segment Cycles, déjà vu mille fois, où celui de la lettre de P), le reste se rattache tout de même au haut du panier du film à sketch, et offre certains bijoux. Bijoux WTF, avec la lettre F illustrée par Noboru Iguchi, la lettre Z de Nishimura, ou encore la lettre W. Bijou gore, avec le segment de Xavier Gens, bijou esthétique, avec la lettre O des réalisateurs d’Amer, etc. On retient également les segments consacré au soldat anglais en mode Tex Avery, à la séquence animée dans les toilettes, ou la lettre D et son combat de chien qui, par un regard tendre, fait ressurgir la beauté d’une amitié animal-homme d’un bain de sang. Mention spéciale à Adam Wingard et sa lettre Q, peut être l’une des moins évidentes à illustrer, mais le réalisateur s’en sort avec humour et brio.

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Seule surprise, à l’entrée de la salle, pour la presse comme pour les spectateurs, les téléphones sont réquisitionnés sur demande du producteur, seule condition pour que le festival soit autorisé à projeter le film. Outre cette attitude, à mon sens contreproductive en terme de promotion (d’autant plus que généralement, le public des festivals est très globalement respectueux des œuvres projetées). Conséquence : une organisation un peu brouillonne pour prendre les téléphones de tout le monde, et du retard à la projection.

Passé  cet épisode un peu surprenant mais qui ne gâche pas non plus la journée, venait la projection, en compétition, du film Stitches, où un clown irlandais revient d’entre les morts revient d’entre les morts pour se venger des gamins teigneux qui ont causé sa mort 6 ans plus tôt. Sur une trame classique (tous les passages obligés, tel l’ado qui dans l’épreuve conquiert l’élue de son coeur, sont la), le film offre pourtant des scènes et des meurtres gores et funs, inventifs, et créée même une mythologie autour de l’univers des clowns ! Un divertissement Bis, deviant, fun et gore, sans prétention. Mission remplie donc, mais un pur plaisir sans prétention !

Qui a peur du grand méchant clown, c’est pas nous, c’est pas nous…

A 22h, les rangs sont plus clairsemés pour Trailer war, montage foutraque de bandes annonces de films d’exploitation des années 70 et 80. Une séance popcorn ultime en perspective, et avec des bandes annonces comme Argo, the fantastic superman, Voyage of the rock aliens, Inframan, ou les KarateKools de Force Four, on est servi en WTF ! Dommage que toutes les bandes annonces ne tiennent pas forcément le rythme, les meilleures étant clairement placées en début et fin de film. Il en résulte certaines longueurs, qui, si elles ne rendent pas le film désagréable, nuisent légèrement sont fun. Avoir pour les fans, mais une deuxième vision serait inutile : autant retenir les bandes annonces qui intéressent.

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Démarrée la aussi avec un peu de retard, la « séance interdite » peinait elle aussi à faire salle comble, en raison d’un horaire tardif qui avantageait surtout les parisiens. L’idée était pourtant sympa, mais limitait les possibilité de participation des occupants de la périphérie. Projeté pour l’occasion, V/H/S, autre film à segments, offrait quelques frissons même s’il ne parvient pas à se défaire des défauts du found-footage. En effet, car V/H/S suit en caméra embarquée un groupe de cambrioleurs chargé de pénétrer une habitation pour y dérober une VHS. Seulement, quand le groupe arrive sur place, ils se trouvent non pas en présence d’une mais plusieurs cassettes, ainsi que d’un macchabée pas frais. Le groupe va alors commencer à regarder certaines des vidéos trouvées, de plus en plus glauque.

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Du point de vue des films à sketches, The ABC’s of Death et V/H/S sont certainement parmi les meilleurs essais du genre auxquels on ai eu droit, bien devant The Theatre Bizarre. The ABC’s grâce à l’originalité d’un bon nombre de ses segments, V/H/S car il est celui qui offre la plus grande cohérence de récit. En effet, avec cette histoire de vol de vidéo, chaque segment est parfaitement intégré à l’histoire, et fait rare, l’histoire qui lie l’ensemble des vidéos projetées est tout aussi intéressante que les meilleurs segments du film.

Parmi les bons segments, outre celui chargé de lier l’ensemble, la première V/H/S et sa succube, la dernière et sa maison folle, ainsi que l’histoire du groupe en ballade en forêt proposent vraiment un bon niveau. Petit déception du côté de Ti West, qui avec une histoire pas vraiment passionnante de deux touristes confirme qu’il n’est pas fait pour les formats cours. Dans l’ensemble, le film bénéficie donc de bonnes idées et de moments efficaces, mais ne réussit pas à se débarrasser des défauts du found-footage : pour arriver aux 5 minutes ultimes et intéressantes du segment, il faut au préalable se farcir 15 minutes de vide absolu (des jeunes cherchent une fête, des jeunes font les cons, des touristes se promènent, etc.) pas franchement passionnantes. Seuls segments parvenant à éviter ces écueils, le premier, car en dépit de son côté « des jeunes cons veulent draguer », on comprend très vite que quelque chose de pas normal va arriver sans vraiment anticiper de quelle manière (on se doute d’où ça va venir, mais pas sous quelle forme), ou encore celui avec la promenade en forêt, où très rapidement, quelque chose cloche… A noter que ce sketch utilise également de façon originale le côté « film amateur » pour gérer les apparitions de sa Némésis. Enfin, le dernier segment offre un final aux effets spéciaux sympathiques que l’on aurait pu croire réalisé par Ti West (les amateurs de The house of the devil apprécieront certainement ce segment).

Il est 2h30 du matin quand la projection se termine, et dans la nuit encore noire, les festivaliers reprennent le chemin d’un cocon douillet et sécurisant après une journée de festival dense, et dans l’ensemble satisfaisante.

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