close

Si Assassin’s Creed avait créé la surprise à sa sortie, c’est vraiment avec Assassin’s Creed II et Assassin’s Creed II : Brotherhood que la saga avait pris toute son ampleur, à travers Ezio et ses pérégrinations italiennes. Malheureusement, Assassin’s Creed II : Révélations, peu inspiré, peu varié, avait déçu.
Les attentes étaient donc grandes face à Assassin’s Creed III : nouveau héros, nouvelle terre de jeu, cela a-t-il suffi pour renouveler la saga ?

Lors du dernier volet, nous avions laissé Desmond en plan au moment où il devait sauver le monde. Le jeu reprend à la suite : Desmond, toujours poursuivi par Abstergo, doit ouvrir une porte. Et, pour ce faire, il lui faut une clé, dont il va devoir retrouver la trace en plongeant à nouveau dans son passé.
Cette fois, l’animus l’emmène  dans le dernier quart du XVIIIème siècle, à un moment décisif de l’histoire américaine : la guerre d’Indépendance.

Après un prologue longuet, nous incarnons donc Connor, jeune métis indien, dans sa quête de liberté en ces temps troublés.

L’Amérique, l’Amérique

La première chose qui saute aux yeux, ce sont évidemment les décors : Boston et l’Amérique du Nord au XVIIIème, c’est pas tout à fait la même chose que Florence et Venise au XVIème.

Aux couleuuuuurs, de l’été indien….

Et cela permet un léger ajustement du gameplay : si ce dernier reste globalement le même, il y a cependant de nouvelles possibilités : grimper aux arbres, se cacher dans les fourrés, se coller contre un mur pour se faire plus discret, et de nouvelles animations d’escalade font leur apparition, comme grimper le long d’une faille dans la roche, ou traverser une habitation.
Connor possède quelques nouvelles armes : des mines, des dagues à cordes, un tomahawk, un arc, permettant de varier les assassinats, ou de préparer les combats : quelques mines habilement dissimulées, et la moitié de vos assaillants partiront en fumée avant même de vous atteindre.
Les combats ont été un peu simplifiés également : plus besoin de basculer en mode « contre » grâce à la gâchette R1, il suffit d’appuyer sur la touche O au moment où un vilainou tente de vous arracher la tête, et vous parerez son attaque : un petit ralenti vous permettra alors de choisir entre un simple contre et un désarmement.

Autre nouveauté lors des combats, vos ennemis ont des armes à feu. Armes qui, XVIIIème oblige, prennent à peu près 20 ans à recharger : vous avez donc tout le temps de vous emparer d’un soldat et d’en faire un bouclier humain, avant d’attaquer les fusiliers une fois qu’ils ont tiré. Attention cependant, ce qui est valable pour eux l’est aussi pour vous : votre pistolet ne vous sera donc guère utile en combat rapproché, contrairement à celui d’Ezio.

Au final, tout ceci ne change pas radicalement les phases de combat au corps  à corps, et, pour peu que vous les évitiez, vous ne sentirez pas franchement la différence : c’est un poil plus punchy, sans plus.

You shall not paaaass

Moultes autres nouveautés vous attendent, comme la disparition des potions, au profit d’une jauge de santé qui se régénère petit à petit au sortir des combats (bof), un voyage rapide amélioré, puisqu’il peut désormais être utilisé en cours de mission, des quêtes secondaires trépidantes, comme les batailles navales ou la chasse. On a même un nouveau moteur graphique, l’Anvil Next, qui permet de gérer ces merveilleux paysages sauvages, en y ajoutant la neige, la pluie, et qui gère aussi assez bien le comportement du héros selon le terrain (pente, eau, neige, etc.)

Quant aux quêtes secondaires, elles aussi se voient un peu renouvelées : vous pourrez maintenant chasser : la traque du lapînou et la pose de collets n’auront plus aucun secret pour vous, vous pourrez même vaincre des ours et des ratons-laveurs, pour récupérer leur viande et leurs peaux. Le concept de la villa Monterigionni a été approfondi, et le domaine Davenport vous occupera un certain temps si vous voulez en faire un hameau plein de vie.
Du domaine, vous pourrez faire partir des convois de graisse de castor et de peaux d’ours pour remplir vos caisses, vous pourrez engager des bûcherons, des agriculteurs, bref, une vraie petite maison dans la prairie. Sans le violon de Charles.
Le domaine est également le point de départ de batailles navales : à la barre de l’Aquila, vous irez savater du pirate pour gagner trois sous.

Hisse et ooooooh

Enfin, question quêtes secondaires, l’exploration des sous-sols de Boston et de New-York pour débloquer de nouveaux points de voyage rapide devrait vous occuper quelques heures, ainsi que la désormais traditionnelle chasse aux plumes (on a toujours besoin d’une plume dans sa vie d’assassin), bibelots et autres pages d’almanach, et la non moins habituelle « libération des quartiers sous le joug des infâmes Templiers ».
Libérer les quartiers vous permettra d’ailleurs de recruter des assassins, que vous pourrez envoyer en mission non plus via un pigeonnier, mais via un menu (encore un truc nouveau, truc de ouf malade !). De plus, chacune de vos recrues vous dotera d’un « pouvoir » différent : déclencher des émeutes pour couvrir vos déplacements, vous protéger, etc.

Devant toutes ces nouveautés, ami lecteur, je te vois, tu te dis « Wouaaah, ça doit être trop coule (voire trop coulé, à force d’être touché) ! »… Et bien en fait, pas tant que ça.

Pourquoi ? Et bien parce qu’il y a quand même pas mal de problèmes qui, mis bout à bout, entachent  grandement l’expérience de jeu.

D’un point de vue purement technique, oui, c’est très joli, les paysages, la neige, toussa toussa, la mer et l’écume des flots lors des batailles navales. Mais il y a parfois des problèmes de textures (hello, Messieurs pixels de la mort), les ombres sont souvent toutes carrées (les ombres en Lego, ça fait  mauvais genre). Et il est toujours très étonnant de voir un mousquet entrer en lévitation à la mort de son propriétaire.
N’oublions pas les bugs de collision, plutôt nombreux, qui rendent les déplacements à cheval particulièrement pénibles, et l’escalade des arbres, quant à elle, est bien souvent hasardeuse.

N’oublions pas non plus l’I.A qui est heu… Plus A que I, disons : la foule fait n’importe quoi. Comme se jeter sur vous quand vous courez dans la rue après quelqu’un, ou se jeter sous vos sabots quand vous êtes à cheval. Je ne sais pas vous, mais moi, personnellement, quand un type court dans la rue, je ne me jette pas sur lui, encore moins sous  un cheval. Alors quand l’action de la foule se couple aux bugs de collision et que vous vous retrouvez coincé dans la manche du premier inconnu qui passe…
Et, niveau I.A, les ennemis ne sont pas en reste : AUCUN, je dis bien AUCUN ennemi ne m’a touchée avec son fusil lorsque je prenais la fuite par les murs, là où leurs ancêtres me faisaient tomber avec des CAILLOUX. Certains adversaires vous voient de bien trop loin, alors que d’autres, à moins que vous ne leur marchiez dessus, vous pouvez danser une bourrée auvergnate dans leur dos, ils s’en foutent comme de leur première baïonnette.

ça bastonne à Boston

Evidemment, les missions de type « escorte » (je vous vois rire au fond. Non, il ne s’agit pas d’entrer dans un bar regarder des filles se dénuder, on est pas dans Mass Effect) ne dérogent pas à la règle, et vos alliés manquent parfois cruellement de matière grise.

Quand ce n’est pas le jeu lui-même qui semble buguer, à moins qu’il n’obéisse à des règles obscures : lors d’une mission en particulier, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’avoir droit au message : « votre cible vous a échappé », alors que non, elle était juste devant moi. D’ailleurs, lors du passage « gagnant », la cible était exactement à la même distance que précédemment, sauf que cette fois, la suite s’est lancée.

Ensuite, toujours d’un point de vue technique, n’avoir plus qu’une touche pour sprinter et faire de la course libre, c’est quand même un choix qui laisse dubitatif : Ezio avait déjà une fâcheuse tendance à grimper sur tout ce qu’il croisait, Connor continue, après tout, les chiens ne font pas des chats. Et c’est toujours aussi pénible.

Dans Assassin’s Creed III, on joue aussi aux jeux de société… Passionnant !

De plus, une nouvelle fonctionnalité pas très au point a fait son apparition : le saut d’obstacle. Connor peut sauter les obstacles bas, de type tonneaux, palissades, etc. Mais il a toujours l’air de se demander s’il doit escalader ou sauter, et vous vous retrouverez fréquemment à commencer une course libre, quand vous vouliez juste passer un obstacle et continuer tout droit.

Pour finir sur les problèmes techniques, je vous passe la caméra qui se met parfois derrière un arbre, derrière  un feuillage, derrière un auvent de magasin pendant un combat. Ça rend la chose éminemment plus corsée. Peut-être un peu trop, d’ailleurs.

Alors tout ceci ne rend pas le jeu injouable, bien sûr, mais sur une telle licence, c’est quand même difficilement excusable. Surtout qu’Ubisoft, c’est pas un studio qui développe les jeux dans son garage.

Connor le Barbant

D’un point de vue purement artistique maintenant et bien… C’est pas beaucoup plus brillant. On ne peut rien reprocher à la musique, qui est très réussie et vous plonge directement dans l’ambiance.
Pour le reste, les avis seront certainement partagés : malgré les batailles épiques auquel le héros prend part, malgré l’ambiance assez bien rendue et des missions relativement variées, le jeu n’échappe pas à un sentiment de mollesse. Les héros sont MOUS. Desmond, on y était habitués, mais Connor est niais pendant une bonne partie de l’histoire. Sa position de métis durant la guerre d’Indépendance avait tout pour le rendre intéressant, mais il lui faut des plombes pour se rendre compte que, vu la situation, pile, il perd, et face et bien… Il perd aussi.
Quant au prologue, c’était une bonne idée : placer le décor, les enjeux de l’histoire, les origines du héros, je dis oui ! Malheureusement, de nombreux éléments sont complètement parachutés, et le semblent d’autant plus qu’on sait ce qui va se passer. Il en sera de même pendant presque toute le jeu : ça manque de profondeur, et on a du mal à y croire.

Le traditionnel « héros ténébreux sur coucher de soleil »

Du côté de Desmond, des efforts ont été faits pour le rendre plus attachant (mais on est loin d’Ezio), il n’en demeure pas moins un boulet. La Première Civilisation a également été étoffée (il était temps), et c’est peut-être eux qui tirent le mieux leur épingle du jeu.

Quant à la fin… Elle en laissera plus d’un dubitatif : c’est un gros pétard mouillé.

Ciel ! Un ours !

Bon, maintenant que vous avez bien l’impression que le jeu est tout pourri, nuançons un peu : oui, on s’amuse dans Assassin’s Creed III. Oui, c’est joli. Mais il y a trop de défauts pour qu’on ne soit pas déçus : les bugs, la mollesse de l’histoire et des personnages.
De plus, toutes les quêtes secondaires perdent un peu le joueur : on est dans Read Dead Redemption, ou dans Assassin’s Creed ? On joue à la bataille navale, ou à arrêter les Templiers ? Beaucoup préféreraient certainement un terrain de chasse un peu moins grand, et une ville supplémentaire, par exemple. Un peu moins de batailles navales et d’exploration de souterrains, et une histoire un peu mieux réalisée. Un peu de moins de simplification des combats et du gameplay, et un peu plus de possibilités d’infiltrations. Et beaucoup moins de bugs.

 

Pour finir, quelques mots sur le multijoueur : il propose plusieurs modes, seul ou en équipes, où il s’agira de faire le plus gros score d’assassinat, de capturer des reliques, des territoires, de défaire des vagues d’ennemis, le tout avec différentes restrictions. C’est du multi basique et amusant, mais ça reste du multi : c’est loin d’être nécessaire dans un jeu solo…

Au final, Assassin’s Creed III est loin d’être la claque annoncée. Malgré de bonnes idées et des nouveautés qui auraient pu rendre le jeu génial, l’ensemble manque de finition, et c’est dommage.
La durée de vie est au rendez-vous (comptez une quarantaine d’heures au moins pour tout finir, sans compter le mode Multi) surtout grâce aux quêtes secondaires. Ces dernières diviseront certainement l’opinion :  certains les trouveront bienvenues et amusantes (ce qu’elles sont), mais d’autres regretteront qu’elles semblent exister au détriment de la mission principale.

Tags : Assassin's CreedAssassin's Creed IIIConnorEzioUbisoft
Aurigabi

Gentle Geek Aurigabi

Fille de Mary Poppins et Xena la Guerrière, aime se promener dans les bois pluvieux. Avec une console. Ou un comics. Avant que les cylons n’arrivent…

9 commentaires

  1. Ah, ben enfin un test qui m’a l’air objectif, et qui lui met pas 17 sous pretexte que c’est le messie, avec comme seul défaut la tendance a la lévitation des armes des ennemis. Ca fait plaisir. Bon, n’empèche, le pétard mouillé de la fin, c’est pas comme çi personne ne s’attendait a ce qu’il fassent quelque chose déstiné uniquement a nous faire acheter le 3-2, ou 4… Et puis, malgré ses défauts, ça m’empèchera pas d’attendre qu’il sorte sur pc pour le tél… l’acheter, et le finir for the lulz, parce que vous l’avez dit, et c’est bien le principal dans un jeu, on s’amuse!

  2. J’espère que sur PC il sera patché plus efficacement… Je viens de faire quelques quêtes secondaires là et… Rester coincé devant un mur invisible ou une feuille morte, ça nuit un peu à l’amusement x)

  3. Niveau bug, j’ai aussi eu une superbe « Désynchronisation » dans une mission au même moment où j’ai atteint un checkpoint… et qui donc passait son temps a redémarrer sur une désynchronisation, rechargement, désynchronisation, rechargement, désynchronisation, rechargement, etc… sans aucune possibilité d’atteindre le menu.
    J’en ai fait un infarctus mais heureusement, ma manette est restée à léviter dans les airs ce qui lui a permis de ne pas prendre de points de dégâts. :D

  4. Ho mon dieu… le genre de bug impardonnable, surtout sur un tel jeu… Je pense que j’aurais defoncé la console XD
    Faudra nous dire ce que tu as pensé de Libération, Baba…

  5. Merci de me faire économiser 70e. Je me disais déjà que ça sentait le sapin avant la sortie de Brotherhood qui est en fait excellent mais Revelations quelle merde. Et là… ça m’inspire pas confiance…

  6. « Bon test malgré mes préjugés (fille et console) »… Qu’est-ce qui faut pas entendre…

    Russ : il est meilleur que Revelations, quand même. Sans les bugs (qui sont vraiment vraiment pénibles), le jeu serait presque bon. Presque hein.

Commentaires