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Ca y est, on y est : la trilogie du Hobbit de Peter Jackson arrive à son terme avec La Bataille des Cinq Armées. Un titre prometteur, et force est de constater qu’il ne ment pas sur le contenu des 2h24 du film. Mais passé le cap de l’effet wahou, la conclusion de la saga cache un arrière-goût bien moins sucré que celui de son introduction.

Alors que la Compagnie des nains, accompagnée du hobbit Bilbon, atteint enfin son but, le roi Thorin sombre dans la noirceur : obsédé par l’idée de retrouver l’Arkenstone dans le trésor amassé par Smaug dans le Royaume sous la Montagne, il se montre totalement hermétique à la guerre qu’il est en train de générer entre les nains et les elfes. Pendant ce temps, les forces du mal gagnent du terrain…

Après un second volet – La Désolation de Smaug – qui allait très loin dans l’intrigue du Hobbit, par ailleurs déjà fort bien entamée par Un Voyage Inattendu, il ne restait pas grand-chose à raconter à La Bataille des Cinq Armées. C’est donc finalement sur une infime partie du bouquin de JRR Tolkien que repose cet ultime volet, qui joue, une fois encore, la carte d’une intrigue hautement diluée.

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Enfin, parler d’intrigue ici est presque malvenu : La Bataille des Cinq Armées, qui porte très bien son nom, est surtout une scène d’action grandiose et épique. Sur les 2h24 que dure le film, plus d’une heure et demie est consacrée à de la castagne dans tous les sens, qu’il s’agisse du combat contre Smaug ou contre la fameuse bataille en question, opposant elfes, nains, humains, orques et gobelins en tout genre.

Une bien belle cinématique

Passée l’introduction du film – qui aurait clairement dû servir de conclusion à La Désolation de Smaug – le film s’attarde un minimum sur la psychologie de Thorin, tout en introduisant plus ou moins subtilement les événements qui mèneront ensuite au Seigneur des Anneaux. Clairement, Richard Armitage (Thorin) porte une grande partie de l’impact émotionnel du film sur ses épaules. C’est cependant fort dommage que ce critère soit réduit à une peau de chagrin, pour laisser plus de place à l’action pure et dure.

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On en arrive à l’un des plus gros soucis du film : le choix du numérique à outrance. En effet, à partir du moment où la bataille est lancée, le 100% virtuel prend le pas sur le reste. Si on ne peut qu’être émerveillé face à des effets visuels spectaculaires, difficile cependant de ne pas regretter les scènes de batailles du Retour du Roi où les affrontements avaient quelque chose de résolument plus authentique que ce nous sert La Bataille des Cinq Armées. On a, au final, davantage l’impression de se retrouver face à une énorme cinématique de jeu vidéo que face à un « vrai » film. Les orques n’ont pas grand-chose à envier à ceux que l’on croise dans l’Ombre du Mordor… et cette sensation est d’autant plus palpable quand on visionne le film en HFR : le passage de 24 à 48 frames par seconde fluidifie l’image à un point qu’on n’a pas l’habitude de voir au cinéma.

Fan service à tous les étages

En dehors de la bataille finale, on trouve quelques scènes proches du « remplissage », principalement, comme nous l’avons déjà évoqué, pour introduire les événements du SDA. C’est l’occasion de retrouver certains personnages emblématiques de la saga, le temps d’une ou deux scènes. Le fan service est omniprésent dans le film, et le spectateur qui n’a jamais vu la trilogie du Seigneur des Anneaux sera assurément un peu perdu à ce stade.

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Mais le personnage le plus mis en valeur à ce niveau-là est clairement Legolas, qui s’offre une surenchère de scènes de bravoures plus ou moins improbables, faisant passer ses prouesses dans la première trilogie de Jackson pour de la figuration. On finit même par en rire tellement rien ne nous est épargné… même si, dans le feu de l’action, ça ne jure pas particulièrement avec le reste.

Quant à Tauriel, jouée par Evangeline Lilly, elle suit le chemin tracé par son statut de personnage « marketing » absent du roman de base. Caution féminine des films, elle ne sert strictement à rien si ce n’est contribuer au remplissage d’un long-métrage qui n’a définitivement pas grand-chose à nous raconter.

Inoubliable, mais pas pour les bonnes raisons

Décevant sur le fond, La Bataille des Cinq Armées se rattrape sur sa forme, époustouflante, et une mise en scène maîtrisée de Peter Jackson, réalisateur généreux, voire peut-être un peu trop. On retiendra surtout les effets spéciaux poussés au maximum, une bataille absolument épique sur fond de musique d’Howard Shore, et… c’est à peu près tout. Car ce troisième volet du Hobbit, malgré de forts rebondissements, ne parvient pas à émouvoir autant qu’on l’aurait voulu. Et puis, si c’est la fin d’un acte, ce n’est finalement que le début d’une histoire amorcée par Peter Jackson en 2001. Le réalisateur boucle sa boucle, mais il ne fait paradoxalement que l’écho de La Communauté de l’Anneau. Il n’en reste pas moins qu’en sortant de la salle, on est repu et satisfait, tout en étant bien content que ce soit terminé : un juste équilibre des choses.

Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées, de Peter Jackson, avec Martin Freeman, Richard Armitage, Orlando Bloom, Ian McKellen, Cate Blanchett… sortie le 10 décembre.

Tags : Le Hobbit : La bataille des cinq arméesLe Hobbit 3Peter JacksonThe hobbit
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

2 commentaires

  1. Peu etre en s’armant d’un gros logiciel de montage on pourra se faire sa vrai version perso, 1 film avec les 3. En coupant toutes les parties seigneur des anneaux deja, ça ferait un bon debut.

  2. Je suis totalement d’accord avec la critique. Au final, potentiellement, le Hobbit aurait pu être supérieur au Seigneur des Anneaux mais le fait d’avoir découpé le tout en trois films pose un sérieux problème de rythme : ce troisième volet donne l’impression de couvrir 30 pages du livre, tout en étant super intense, alors que le début du premier et la fin du deuxième trainaient en longueur. C’est beau, c’est globalement bien mis en scène, mais au final bien creux !

    S
    P
    O
    I
    L
    E
    R
    La séquence de blabla avec Smaug était bien trop longue dans le deuxième volet, on voulait plus d’action. La fin était terriblement frustrante avec un cliff’ encore jamais vu dans la « saga Tolkien ». Au final, on a un petit dragonnet qui meurt comme un con au bout de 10mn de film. C’est terriblement décevant, surtout que la créature est vraiment très réussie… Idem pour le Nécromancien, dont le compte est rapidement réglé par la super sayan Galadriel dans une séquence total WTF (par contre le nouveau design des Nazgul, j’adore !). Au niveau de l’émotion, je pense que le fait de nous resservir (depuis Boromir) des gros plans au ralenti sur les persos en train de crever avec la même musique triste et les têtes choquées des amis / amoureux du perso concerné, ça commence à gaver et à faire perdre toute crédibilité à ces passages. Il y avait pourtant un gros potentiel dans ce film ! Putain ce soupir de Tauriel quand son mec crève, on dirait presque un orgasme tellement c’est surjoué ! Et un point hyper important mal présenté dans le film : la mort de Fili et Kili, neveux de Thorin, font que ce dernier n’a plus de successeur : la reconquête du royaume d’Erebor est réussie, mais ils n’ont plus de roi ! C’est donc un véritable échec qui n’est finalement pas assez souligné !
    Dernier point (et désolé pour le pavé) : je trouve ça très cool que les batailles soient finalement traitées à des niveaux assez restreints, ce qui permet de garder la dimension « jeu de rôle » des deux premiers volets et de la Communauté de l’anneau sans tomber dans les assourdissantes et épuisantes batailles des Deux tours et du Retour du roi !

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