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C’était le film le plus attendu de l’année, voire de la décennie. Et pour cause, Le Réveil de la Force nous promettait un retour aux sources de la trilogie originelle de Star Wars, tout en prolongeant le mythe avec une intrigue renouvelée et préservée secrète. A ce titre, J.J Abrams a relevé un challenge extrême pour nous proposer un film toute en équilibre et en humilité, incontestablement réussi.

[highlight class= »highlight_yellow » style= » »]Attention, cette critique est une analyse très personnelle, qui peut être considérée comme spoiler. Ne la lisez pas si vous n’avez pas encore vu le film.[/highlight]

Star Wars 7 affiche
Avant toute chose, la première qualité du Réveil de la Force est son ambiance. J.J. a repris les codes des premiers épisodes pour faire travailler la machine « nostalgie » à plein régime. L’esthétisme old school, kitsch et vieillotte qui faisait le charme de la saga et donnait du corps et du vécu à l’univers est bien présente. Mais outre ce parti pris déjà largement commenté, c’est l’équilibre parfait du film entre humour et émotion, action et temps de pause, qui donne une recette gagnante. J.J. s’est émancipé de la complexité politique de la prélogie pour réduire le contexte au strict synopsis d’ouverture, tout en proposant une intrigue crédible et efficace. Résultat : le film nous offre une aventure légère et divertissante à échelle humaine. L’essence de Star Wars quoi !

[title type= »h2″]Bien plus qu’un reboot de l’épisode IV[/title]
Beaucoup de critiques négatives concernent la proximité narrative du film avec Un nouvel espoir. Il est vrai que dans sa structure, le film se rapproche du 4e épisode de la saga. Mais quel que soit le volet, Star Wars a toujours été un récit initiatique, avec toutes les étapes qui en découlent (rencontre de partenaires, découverte de pouvoirs…) et les ingrédients indispensables dont l’absence aurait été impensable (bataille spatiale / aérienne, guerre au blaster et combats au sabre laser…). Il est donc évident que le rapprochement est facile à faire. Mais n’est-ce pas ce que tout le monde voulait ? Le parti pris d’Abrams vise clairement à introduire de nouveaux personnages en les rattachant aux héros originels. Lancer une suite ne peut pas être possible sans faire écho aux aventures précédentes. Le Réveil de la Force est un épisode de transition. Mais J.J. ne s’est pas contenté de mettre un vernis de modernité à l’œuvre fondatrice, il a réussi à équilibrer la nostalgie avec l’introduction de personnages originaux réussis, charismatiques, drôles, attachants, qui peuvent « vivre » avec les anciens acteurs et s’intégrer au mythe Star Wars.

[title type= »h2″]Un antagoniste particulièrement réussi[/title]
Au-delà de ça, J.J. donne un sérieux coup de frais aux thématiques clés de la saga. La lutte entre côté clair et obscur semble adaptée à un monde devenu moins manichéen. A ce titre, Kylo Ren est, de mon point de vue, une vraie réussite. Certes, le personnage n’inspire pas la terreur comme Vador. Le méchant est faible, fragile. Mais ce choix risqué de présenter un bad guy différent – pas un ninja tout rouge ou un cyborg pure evil – permet d’introduire de nouvelles facettes du côté obscur : le doute, l’ambition, la peur, la manipulation. Il faut saluer le jeu tout en ambiguïté et naïveté d’Adam Driver, notamment dans LA scène dramatique et particulièrement intense, qui laisse une perspective d’évolution du personnage franchement enthousiasmante. La trilogie originelle faisait écho aux totalitarismes. Ce nouvel épisode la rejoint en y ajoutant des enjeux d’actualités. Le rapprochement entre l’attrait du côté obscur incarné par Kylo Ren et celui pour le radicalisme religieux est facile à faire dans le contexte actuel et donne un vrai pincement au coeur. Le Premier ordre, particulièrement violent, à l’esthétique nazie, n’est plus l’empire dominant mais une force rebelle contre la République – le régime au pouvoir dans cette nouvelle trilogie. Cette inversion des rôles introduit une résistance – qui n’est plus rébellion – et qui doit lutter pour sa survie face au totalitarisme et à une forme d’extrêmisme religieux. Ça ne vous rappelle rien ?

[title type= »h2″]Un passage de relais[/title]
Le destin a toujours été présenté comme inéluctable dans tous les épisodes. Aucun personnage ne pouvait y échapper. Le Réveil de la Force semble vouloir mettre fin à ce déterminisme. Finn parvient à s’extraire de sa condition de chair à canon numérotée, à donner une personnalité, une humanité aux stormtroopers, pourtant réduits à l’état de clones bons à être dézingués dans la prélogie. Rey se libère de ses attentes, n’a besoin d’être sauvée à aucun moment, et devient même une autodidacte de la Force. De nombreux secrets subsistent sur son identité, mais le message est clair : son avenir est devant elle, il ne faut pas se soucier du passé. Enfin, Kylo Ren poursuit son parcours vers le côté obscur en reniant son ascendance et ses origines, soit en détruisant son père, soit en abandonnant progressivement son casque, véritable panoplie de Dark Vador, dont la lourdeur manifeste symbolise le poids des attentes que ses origines font reposer sur ses épaules. Changement de paradigme donc : Star Wars ne vous incite plus à accomplir votre destin mais à vous en libérer !

Contrairement à ce que les mauvaises langues pourront dire, J.J. Abrams ne s’est pas contenté de cocher des cases sur un lourd cahier des charges réalisé par un service marketing aux dents longues : il a rendu un vibrant hommage à la saga et à ses héros, tout en posant les bases d’une trilogie qui a tout ce qu’il faut pour se détacher de l’œuvre originelle. En tout cas, cet épisode 7 explose facilement la prélogie. Pour un premier volet, on pouvait difficilement rêver mieux… Vivement la suite !

Tags : CritiqueJ.J. AbramsKylo RenLe Réveil de la ForcePew pew pewStar WarsStar Wars Episode VII : Le Réveil de la Force
Russ

Gentle Geek Russ

It is not enough that I should succeed – others should fail.

2 commentaires

  1. Hello Jess !
    Désolé pour cette réponse tardive, pas eu le temps d’écrire avant. Je suis également désolé que cette critique fasse baisser GentleGeek dans ton estime…

    En tout cas, j’ai lu le papier de capturemag et je ne partage pas du tout l’avis de l’auteur comme tu pouvais t’en douter, bien que je comprenne son point de vue totalement désabusé. Outre les comparaisons scène par scène que je trouve un peu faciles et gratuites (la réappropriation de mises en scène est normale, saine et courante dans le cinéma, la filmographie de Tarantino est intégralement fondée dessus), le fond de la critique aurait très bien pu être écrit avant même la sortie du film (le vilain Disney qui joue la carte du doudou pour faire du fric)… Même si Un nouvel espoir était absolument novateur, assurer que la trilogie originelle est comparable à un pur film d’auteur est une affirmation très éloignée de la réalité. Le scénario, l’évolution des personnages (notamment Han Solo qui devait avoir un tout autre destin dans RotJ), les vaisseaux… Tout a été pensé en vue de réaliser des films « qui marchent » et produire du merch’ derrière. D’ailleurs Lucas avait flairé le filon puisqu’il s’était réservé les produits dérivés comme élément central de sa rémunération. Avec tout le respect que j’ai pour lui, George Lucas est à l’origine de la structure (commerciale notamment) prise par les films hollywoodien à grand budget tant décriés par ce journaliste.

    A partir de là, je trouve que la critique est tout simplement injuste. En scrutant les commentaires, j’ai vu que l’auteur avait partagé un lien vers un autre article déplorant le fait que la culture « geek » soit devenue totalement mainstream. Est-ce là le fond du problème ? Je peux comprendre que lorsqu’on admire un univers depuis des années et que sa passion soit décriée continuellement, on a un peu de mal à la voir reprise, retouchée, et finalement réappropriée par le grand public. Personnellement, je trouve que c’est une réaction un peu triste.

    Alors oui, Star Wars 7 est un pur blockbuster et un divertissement total dont le seul but est de plaire aux gens et de marcher. Peut-on vraiment reprocher cela à Abrams et Disney ? Dans ce cas, qu’est-ce qu’on pouvait attendre de ce film ? C’est la nature même de Star Wars : un scénario qui tient sur un timbre poste, mais des personnages charismatiques, une aventure épique, un univers singulier et une ambiance particulière. Tout y est dans ce Star Wars, j’y ai retrouvé tout ce que j’aime et j’ai qu’une hâte : découvrir la suite et voir cette trilogie, qui a pris le temps de poser ses baser, prendre son envol.

    A bientôt !

    Russ

Commentaires