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Après deux premières saisons loin d’être transcendantes, mais relativement honnêtes dans leur genre, Arrow a entamé une chute vertigineuse qui, si l’on en juge par cette cinquième saison, ne semble pas vouloir s’arrêter.
Tout n’est que surenchère de personnages creux, de parachutages narratifs, de Dei ex Machina, et d’Oliver qui tourne en rond tel le chien proverbial qui essaie d’attraper sa queue.
Pire encore, chaque fois qu’un bout d’intrigue ou qu’un personnage menace de devenir intéressant ou attachant, c’est gâché, balayé, écrasé par la noirceur ridicule et répétitive du personnage principal.
Et vu le cliffhanger de fin de saison, il y a des chances pour que ça ne s’arrange pas la saison prochaine…

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Rien ne va plus à Star City : la team Arrow, touchée en plein cœur par l’assassinat de Laurel, peine à retrouver son souffle. Diggle est retourné dans l’armée pour faire pénitence, Felicity et Oliver ont perdu leur légendaire complicité (ils devraient tenter une partie de scrabble), Quentin est retombé dans l’alcool, et, pour couronner le tout, Oliver est désormais maire de la ville. Alors déjà qu’il avait du mal à gérer sa vie de justicier masqué quand il n’avait que ça à faire, on sent venir le drame à plein nez.
De plus, quelques justiciers solitaires, inspirés par les actions d’Arrow lors de la saison précédente, décident de se lancer à leur tour dans la bataille pour protéger la ville de la pègre et de la corruption, pendant qu’un grand méchant omniscient et omnipotent (à un point qui confine au ridicule) tire les ficelles dans l’ombre…

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On ne va pas tourner autour du pot : cette cinquième saison d’Arrow est à peine moins mauvaise que la quatrième, et pourtant, cette dernière mettait déjà la barre bien bas.
Toute la première partie, jusqu’au final de mi-saison, est aussi molle qu’une figue trop cuite : c’est long, les personnages sont caricaturaux (bonjour, Wild Dog) et introduits aux forceps.
Rien, RIEN n’a le moindre intérêt, la moindre originalité : Quentin retombe dans l’alcool, parce qu’apparemment, c’est la seule façon de faire exister ce pauvre homme, Oliver et Felicity nous la jouent subtexte et tension sexuelle à peine voilée, du JAMAIS VU dans la série, Artémis et Wild Dog vous donnent envie de les baffer dès qu’ils ouvrent la bouche, et Diggle, dans un arc narratif INOUÏ, se réengage dans l’armée pour se punir. 

L’autoflagellation des mâles suite à la mise au frigo d’un personnage féminin, c’est bon, ça va aller, ça a déjà été fait bien mieux ailleurs, on aurait préféré que les scénaristes s’attachent plutôt à nous présenter la nouvelle Team Arrow de façon convaincante, au lieu de nous empiler les clichés. Mais apparemment, ils avaient mieux à faire.

– On a Rene Ramirez, dont le nom finit en -ez, et qui se retrouve donc subtilement présenté comme le latino de base un peu racaillou, et qui se sent responsable de la mort de sa femme. Oui, vous avez bien lu, la « mort de sa femme ». Il y a sans doute une règle affichée en gras dans la salle des scénaristes chez Arrow : »pensez à injecter une femme morte dans toutes les trames narratives ».

– On a Curtis, en Mister Terrific. Terrifiquement ridicule. Le pauvre garçon n’est pas crédible deux secondes en justicier, il n’est bon qu’à jouer avec ses boules, et souffre du syndrome « Felicity » : il était relativement drôle et attachant quand on le voyait peu, mais à trop fortes doses, il est agaçant. Très agaçant.

Mr. Terrific et ses boules volantes.

 

– On a Artemis, aussi insupportable que lors de sa brève apparition dans la saison précédente. En fait, les scénaristes n’ont même pas pris le temps de l’écrire, elle n’est qu’un outil narratif, sans profondeur, sans réelles motivations, sans intérêt.

Et, pour ne rien arranger, tout le début de la saison se compose de conflits gratuits et entretenus de façon superficielle en tirant encore et toujours sur les mêmes ficelles : Oliver ne fait pas confiance à cette nouvelle équipe (cette série devrait s’appeler « L’homme qui ne faisait jamais confiance »), du coup, Wild Dog et consorts sont méfiants aussi, et tous ces gens se jugent comme s’ils participaient à un concours de moralité, alors qu’aucun n’est réellement en position de juger qui que ce soit. Et l’hôpital qui se fout de la charité, ça va bien cinq minutes, mais ça fait maintenant cinq saisons qu’on nous impose ce ressort psychologique pour faire exister Queen, il faudrait peut-être passer à autre chose.

Tou es MAGNIFAÏQUE mon chéri.
Ou pas.

 

D’ailleurs, en parlant de jugement, si certaines aspects de la série s’améliorent en seconde partie de saison, ce n’est pas le cas d’Oliver et de son hypocrisie rampante : le mec a violé tous les articles de la convention de Genève au moins une fois, mais il craque sa gaine quand on dévie légèrement de ce qu’il estime être le droit chemin. Surtout quand on est une femme. Thea et Felicity paient le prix fort de cette indigence d’écriture, et ne peuvent pas traverser hors des passages piétons sans se faire sermonner comme des enfants de trois ans.

Le point d’orgue de cette mauvaise foi est atteint dans l’épisode Dangerous Liaisons. D’un côté, on a Lyla, la tête d’A.R.G.U.S, qui retient des gens prisonniers sans aucune raison, en mode Guantanamo. D’un autre, on a Oliver, qui a tué, torturé, menti, volé, etc. Au milieu, on a Felicity, qui cherche juste un moyen de capturer le grand méchant, même si elle doit pour cela pirater quelques systèmes, et faire évader un hacker (qui est de toutes façons retenu illégalement par A.R.G.U.S.). Et la pauvre se retrouve infantilisée, et témoin d’une joute morale ridicule entre Lyla et Ollie :
– Non c’est moi qui lave plus blanc
– Non, je lave plus blanc que blanc.
Et à la fin de l’épisode, personne ne se remet en question, SAUF Felicity, la seule qui n’a pas grand chose à se reprocher.
Dans quel univers est-ce intéressant ? Dans quel univers est-ce bien écrit ? 

Jean-Paul Queen, philosophe existentialiste.

 

Et pratiquement tout le reste de la saison est à l’avenant, en ce qui concerne la trame principale. 
L’arrivée de la nouvelle Black Canary, par exemple, est scellée par une scène que ne renierait pas Zack Snyder :

– Oliver (l’homme qui ne fait jamais confiance) : Qui es-tu vraiment ?
– Black Canary : je m’appelle Dinah Drake
– Oliver (l’homme qui ne fait jamais confiance) : j’ai connu une Dinah. Elle était sympa et j’ai couché avec. Je te fais donc confiance.
– Téléspectateur : much Martha, such facepalm.

Le grand méchant de la saison perd tout intérêt assez rapidement : il sait trop de choses, il est bien trop puissant, trop connecté, et surtout, il est juste médicalement malade. Ce gars est un psychopathe, dans le sens clinique du terme, et ça lui ôte tout intérêt. 
Déjà parce que les méchants psychopathes, on en a soupé, surtout dans Arrow (et ce serait bien qu’on foute un peu la paix aux malades mentaux), et ensuite parce que le fait qu’il soit totalement taré sape toute remise en question d’Oliver.
Quand vous combattez une personne normale, qui a des raisons de faire ce qu’elle fait, des raisons que vous pouvez entendre et comprendre, vous avez un miroir, vous pouvez vous remettre en question, le duel gagne une dimension tragique et intéressante.
Quand vous combattez une personne dont le cerveau ne fonctionne pas correctement, vous n’avez pas à vous remettre en question, puisque vos actions n’ont au final aucun impact sur votre adversaire.

Je suis le méchaaant. Et je suis un ARCHER… Tant d’originalité me scie.

 

Les flashbacks quant à eux sont répétitifs, ils font doublons avec la trame principale au niveau des thèmes abordés, et sont une resucée peu inspirée des flashbacks des années précédentes.
Le comble du ridicule, qui confine au sublime, c’est le retour d’Oliver sur son île déserte pour qu’on vienne l’y repêcher, avec une PERRUQUE. 

On en parlera même pas des personnages « deux ex machina », ceux qui reviennent juste parce qu’il faut faire avancer l’histoire, ou qu’il faut justifier leurs chèques.
Sans surprise par exemple, Malcom Merlyn fait une apparition. C’est toujours aussi irritant, toujours aussi insupportable, toujours aussi ridicule.
De la même façon, les scénaristes se souviennent qu’Oliver a un fils, et il se retrouve donc kidnappé. Mais à AUCUN MOMENT on a un arc quelconque sur la paternité d’Ollie, sur ses sentiments à ce sujet, sur les sentiments de son fils, etc. William n’est qu’un pion. 
Talia Al Ghûl s’invite également, mais sa présence n’a aucun sens, aucune profondeur, aucune saveur… Elle n’est, elle aussi, qu’un pion narratif. Etant donnée l’histoire et l’importance du personnage dans les comics, on pouvait s’attendre à franchement mieux qu’une professeure de tir à l’arc clairement limitée intellectuellement.

Je suis Talia Al Ghûl, et je suis une… Archère.
Vous sentez pas comme un thème ?

 

Malgré tout, il y a du « pas trop mauvais » cette saison. Une fois les introductions passées, la nouvelle Team Arrow fonctionne plutôt bien (quand Oliver n’est pas là) : Wild Dog et Canary s’entendent bien, il y a une vraie complicité qui s’installe, et même si Curtis est insupportable à hautes doses, lui aussi fonctionne surprenamment bien en tandem avec Wild Dog : les deux passent leur temps à se chambrer, mais ça marche.
Rene et Quentin forment un duo efficace et assez profond, mine de rien : ils sont brisés tous les deux par des événements tragiques, ils se respectent, et s’entraident. Un dialogue de trois minutes entre les deux offre plus de développement aux personnages que douze épisodes avec Oliver.
Ragman était un personnage assez attachant de son côté, principalement par son optimisme et son absence de jugement sur les autres. Il apportait un vent de fraîcheur bienvenu dans la Arrow Cave.
Quant à Dinah, elle trouve assez vite sa place, et tout ce petit monde tourne plutôt bien.
Et puis Oliver arrive avec ses gros sabots et casse leur flow.

Et ils sont trop mignons pour qu’on leur casse leur flow

 

C’est quand même assez dramatique, quand au bout de cinq saisons, le personnage qui fonctionne le moins dans votre série, c’est le personnage principal. Il y a quand même un sérieux problème dans votre écriture, si votre personnage titre est empêtré dans sa lourdeur, son sérieux, son manque de second degré, et son absence d’évolution, au point qu’il entraîne toute la série dans sa chute.
Oliver est le même aujourd’hui qu’au début de la série : hypocrite, imbu de lui-même, incapable de se remettre réellement en question et d’aller de l’avant. Oh, on a bien des scènes, beaucoup trop nombreuses, dans lesquelles Oliver semble se remettre en question, en mode « bouhouhou, je suis nul, je suis méchant, bouhouhou », mais on n’a jamais de résolution, parce que Queen garde sa croix, à laquelle il s’accroche comme une moule à son rocher.

Cette essssspressivité, encore et toujours.

 

On est d’accord que dans la vraie vie, il peut être difficile de lâcher sa croix et d’aller de l’avant, mais on ne peut pas passer quarante-trois saisons et demi d’une série télé avec un personnage qui n’évolue pas d’un iota. Ca n’a AUCUNE. SORTE. D’INTÉRÊT.

Enfin, Arrow a un sérieux problème avec ses personnages féminins, et il n’est plus possible de l’ignorer. Olivier passe son temps à infantiliser Felicity et Thea « pour leur bien », à juger la moindre de leurs actions, quand lui même fait mille fois pire. Elles se font pénispliquer la vie à longueurs d’épisodes, c’est insupportable, d’autant plus qu’elles n’existent pratiquement QUE POUR et PAR Oliver. 
Il serait bien que les scénaristes se rappellent que sans ces personnages, Oliver serait un très mauvais justicier, et un encore plus mauvais maire.
Merlyn n’est pas mal non plus, dans le genre infantilisation et écriture sexiste primaire.

Talia et Nyssa, même si elles ont quelques répliques un peu badass, n’ont aucune saveur, et, cette saison, tout tourne autour de leur père. Encore un pénis.
Et le dernier épisode est un festival d’échecs critiques au test de Bechdel.

 

Et tant qu’on en est à parler représentation, il serait de bon ton de faire aussi quelque chose pour les personnages non blancs : Rene Ramirez est quand même une bonne caricature de racaille latino, et Curtis, noir et gay, est le personnage le plus inutile et le plus agaçant de la série.

Vous l’aurez compris, si on échappe de peu au naufrage complet, on en est quand même pas très loin. On tourne encore et toujours autour des mêmes problématiques (Oliver a toujours raison, Oliver ne fait confiance à personne, Oliver porte le poids du monde sur ses épaules, etc, etc), avec toujours aussi peu de profondeur, toujours aussi peu de résultats, toujours aussi peu d’évolution.
La série croule toujours sous son propre poids : à trop se prendre au sérieux, elle se prend surtout les pieds dans le tapis.
Et les nouveaux éléments n’arrangent rien à l’affaire : c’est bien beau qu’Ollie soit maire, mais la ville n’existe toujours pas vraiment. Du coup il est maire de son attachée de presse et d’un poste de police, c’est un brin léger. 
Quant à la nouvelle équipe nous l’avons vu, si elle a ses moments, elle est globalement écrite par dessus la jambe.
Enfin, non seulement cette saison ne règle aucun des problèmes des saisons précédentes (trop de sérieux, trop de drama gratuit, trop de parachutages narratifs, pas assez de profondeur, trop de redites, le grand retour d’Olicity), mais elle s’en rajoute, avec, cette année, un goût prononcé pour la torture comme instrument narratif : Oliver est torturé trois fois, Wild Dog et Black Canary une fois chacun, sans compter les scènes où c’est Ollie qui torture des gens. On a l’impression que les scénaristes ont totalement démissionné et n’ont trouvé que cette façon de motiver les personnages, et c’est assez creux.
Il y a de quoi être inquiets pour la prochaine saison, d’autant que le final nous promet encore du drama mal écrit. On a TROP HÂTE.

 

 

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Aurigabi

Gentle Geek Aurigabi

Fille de Mary Poppins et Xena la Guerrière, aime se promener dans les bois pluvieux. Avec une console. Ou un comics. Avant que les cylons n’arrivent…

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