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Cinéma

[Critique] Abraham Lincoln chasseur de vampires : l’autre odyssée d’Abe


Vous pensiez tout savoir sur ce bon vieux Abraham Lincoln, président des Etats-Unis en pleine guerre de sécession ? C’était sans compter sur l’imagination débordante de Seth Grahame-Smith qui, dans son roman Abraham Lincoln chasseur de vampires a dépeint l’histoire cachée de ce cher Abe. Un roman récemment adapté au cinéma, qui fera son entrée en salle le 8 août prochain. Du pur divertissement au postulat loin d’être idiot !

Lorsqu’Abraham Lincoln découvre que des vampires assoiffés de sang se préparent à envahir le pays, il jure de les éliminer les uns après les autres, à coups de hache. C’est alors que se révèle un chasseur hors pair, menant une guerre secrète sans précédent, avant même de devenir l’illustre figure de la guerre de Sécession.

Transformer Abraham Lincoln en chasseur de vampires, il n’y avait – à peu près – que Seth Grahame-Smith pour le faire. Il faut dire que ce romancier, qui a ici la casquette de scénariste – et a qui a donc participé au portage de son livre au cinéma – n’en est pas à son coup d’essai concernant ce genre de décalage : on lui doit également Orgueil et préjugé et zombies, un roman qui introduit les très à la mode morts-vivants dans le célèbre ouvrage de Jane Austen, et qui en garde d’ailleurs 80% du contenu original. Et même s’il se base, que ce soit dans le cas d’Austen ou de celui de Lincoln, sur des matériaux existants, Grahame-Smith parvient dans tous les cas à offrir un résultat absolument réjouissant à lire. Mais qu’en est-il une fois porté au cinéma ?

Devine qui vient dîner ?

 

Abraham Lincoln chasseur de vampires se présente comme un film historique, mais à la réalité alternée : si on y suit l’homme politique américain de sa jeunesse auprès de ses parents, fermiers pauvres mais aimants, à son ascension à la Maison-Blanche en tant que premier président républicain, il faut conjuguer tout ça avec de bonnes doses d’hémoglobines et de têtes coupées. La mère d’Abe serait ainsi morte empoisonnée par un vampire, ce qui aurait donné au jeune garçon une soif de vengeance envers ce dernier : c’est le début d’une épopée en plusieurs temps, rythmée par de nombreuses scènes d’action plutôt efficaces.

Une série B qui s’assume

On ne va pas tourner autour du pot : rien que le titre du film a tout de la série B. Demandez où se trouve le livre dans une petite librairie, et il y a de grandes chances pour que l’on vous regarde avec un air amusé (histoire vécue). Il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas de même avec le film, qui, d’entrée de jeu, annonce la couleur : Abraham Lincoln chasseur de vampires ne se prend pas au sérieux, et aller à l’encontre de ça serait quitter la salle au bout d’un quart d’heure. Le film introduit un réalisme historique en se basant sur des faits réels – les différentes phases-clés de la vie de Lincoln, comme la guerre de sécession – et des faits fantaisistes – chaque phase de sa vie est ici liée aux vampires. C’est le décalage entre les deux qui constitue l’atout du film, mais aussi sa faiblesse, puisqu’on échappe pas à certaines grosses exagérations qui ne font parfois pas que frôler le grand-guignolesque. La scène où Lincoln pulvérise un arbre d’un coup avec sa hache, et surtout la scène de combat au milieu de chevaux en furie atteignent des sommets de kitcherie et qui, bien qu’assumées, auraient sans doute pu être mises en scène avec un peu plus de subtilité.

Sans les mains et sans les pieds !

 

D’ailleurs, côté mise en scène, on peut compter sur le savoir-faire de Timur Bekmanbetov qui, avec Wanted, avait déjà montré qu’il était capable de mettre en scène de l’action à la fois esthétique et excessive – on se souvient notamment de ses gunfights à grand renfort de balles de revolvers liftées. Le genre de délire que l’on retrouve, d’une certaine manière, dans Abraham Lincoln. La photographie est superbe, et la 3D s’avère ici plutôt ludique, ce qui n’est pas un mal tant elle a tendance à ne servir strictement à rien la plupart du temps. Pour autant, la forme proposée par le film, de par une surenchère permanente, en fait parfois trop et le spectateur qui se pointera déjà un peu perplexe à la séance aura sans doute bien du mal à ne pas avoir une vue globale proche du navet… et c’est quand même un peu dommage.

Une forme délirante pour un fond pas si idiot

Car si la mise en scène a parfois de quoi laisser baba, elle n’est cependant pas plus mauvaise que celle de beaucoup de films d’action que l’on croire aujourd’hui dans les salles obscures : reste qu’effectivement, cette dernière, associée à un sujet décalé, aura peut-être un peu plus de mal à convaincre. Pourtant, l’histoire d’Abraham Lincoln chasseur de vampires est plutôt ingénieuse, notamment dans sa seconde partie où on comprend mieux pourquoi ce personnage a été choisi, et pas un autre. Sans trop en dévoiler, disons seulement que les vampires jouent dans cette histoire un rôle important dans la guerre de sécession, du côté des Confédérés… soit le camp adverse de celui de Lincoln, quant à lui à la tête de l’Union.

Bien évidemment, les réflexions subtiles, ça va bien 5 minutes, et c’est à la force de ses petits bras et de ses quelques amis fidèles qu’Abe viendra à bout des vilains suceurs de sang, tout en gardant un peu de matière pour un rebondissement final prévisible, mais tout de même sympathique. On peut noter au passage que malgré les apparences, le film ne se termine pas au même endroit que le livre dont il est plutôt bien adapté, ce qui peut laisser la porte ouverte à une suite si le succès s’avère au rendez-vous.

Ca sentirait pas un peu le cramé, là ?

 

Et avant de conclure, un petit mot du casting : hormis Dominic Cooper (qui jouait Howard Stark dans Captain America), la trop rare Mary Elizabeth Winstead (Ramona Flower dans Scott Pilgrim) ou encore Anthony Mackie (Démineurs, Real Steelle reste des comédiens est plutôt inconnu au bataillon. Ce n’est cependant pas une tare : d’ailleurs, Benjamin Walker s’avère plutôt convaincant en Abraham Lincoln, aussi bien au début de sa vie qu’à la fin où le maquillage très poussé le métamorphose totalement. Mais à la vue de noms pas très parlants aux yeux du grand public, on comprend mieux pourquoi la promo du film a tout axé sur celui de son producteur, à savoir Tim Burton.

En somme, Abraham Lincoln chasseur de vampires est le parfait pendant cinématographique du livre dont il est adapté : il s’agit d’un véritable ovni qui risque de très fortement diviser. Certains y verront un nanar à gros budget, et d’autres y verront un divertissement honnête qui, bien qu’ayant peu de chance de se hisser au rang de blockbuster de l’été vue la concurrence, a tout du plaisir coupable estival. Et puis, faut être honnête, les biopics fidèles, c’est vraiment trop chiant.

Abraham Lincoln chasseur de vampires de Timur Bekmanbetov avec Dominic Cooper, Mary Elizabeth Winstead et Benjamin Walker, en salle à partir du 8 août.

Tags : Abraham Lincoln chasseur de vampiresSeth Grahame-SmithTim BurtonTimur Bekmambetov
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

3 commentaires

  1. Tiens… ce film me fait penser à un passage de la série de livres sur les vampires de David Wellington !!!

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