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Après une ouverture convaincante et ultra fun, le PIFFF entrait dans le vif du sujet avec sa première journée complète de festival. Et pour débuter cette nouvelle formule, deux films en compétition, un film culte, et un documentaire étaient proposés aux festivaliers. Une sélection du jour qui aura vu, dès le départ, un bodycount assez élevé niveau macchabées. Des cadavres à la pelle en cette première journée !

Love eternal

Difficile d’ouvrir le bal de la compétition en festival ! C’était pourtant la tâche attribuée à Love Eternal, deuxième long métrage du réalisateur Brendan Muldowney. Adapté du roman Japonais Loving the dead, de Kei Oishi, Love Eternal transpose en Irlande l’histoire de ce jeune homme d’une vingtaine d’années ayant passé les dernières cloitré chez lui. Traumatisé par les décès successifs de ses proches, Ian se met alors à accompagner des inconnus rencontrés via Internet pendant leur suicide… et même au-delà.

"- J'ai encoooore rêvé d'elleuuuu / - J'ai un peuuu froiiiiiid"
« – J’ai encoooore rêvé d’elleuuuu / – J’ai un peuuu froiiiiiid »

Distribué par Reel Suspects, société qui a déjà amené en festival le totalement étrange objet The Taking, Love Eternal se veut bien plus accessible. Image soignée, ambiance intrigante, voire un peu malsaine, Love Eternal distille goutte à goutte son aura mélancolique et son esthétique froide, installant petit à petit son ambiance. La fascination de Ian pour la mort, et sa relation poussée jusqu’au bout avec les aspirants à la mort offrait pourtant une base pour faire basculer le spectateur dans un autre monde, quitte à s’éloigner du bouquin. Mais en lieu et place de cela, le réalisateur opte pour un classicisme formel et scénaristique où toutes les idées de base sont mises au placard : après sa rencontre avec Pollyanna McIntosh (l’excellente The Woman de Lucky McKee),  le récit s’engonce dans un déroulement déjà vu et conformiste, à base de « je-te-sauve/tu-me-sauves » (mais pas par la barbichette) et de love story prévisible. Le film se perd donc totalement en cours de route pour finir dans un récit convenu, et c’est dommage, car Muldowney avait pourtant une base intéressante et poétique, et une esthétique très soignée.

Re-animator

Après deux séances cultes l’an dernier, l’équipe du PIFFF avait décidé d’accentuer ce volet du festival en proposant un grand classique par jour (ou presque). Premier de la sélection, l’excellent Re-Animator de Stuart Gordon, que les  spectateurs ont pu découvrir ou redécouvrir avec le même plaisir !

J'ai perdu la tête, depuis que j'ai vu Suzeeetteuuuh
J’ai perdu la tête, depuis que j’ai vu Suzeeetteuuuh

Après les suicides du premier film, Re-Animator offrira lui aussi son lot de cadavres… qui reviendront à la vie pour notre plus grand plaisir ! Dès les premières notes très cartoonesques du générique, les sourires ne tardent pas à s’afficher sur les visages des festivaliers. Même si le côté années 80 du film est visible, le film est toujours un plaisir monstre à suivre sur grand écran, et a bien mieux vieilli que nombre de films de la même époque. Les éléments qui, dans d’autres films, participeraient aujourd’hui à une moquerie kitsch donnent ici un côté réellement fun et nostalgique au film, un côté rigolo mais rarement à ses dépends. Avec cette histoire de scientifiques décidés à repousser les limites de la mort, Stuart Gordon a livré un film jouissif, gore par moments, servi par l’excellent Jeffrey Combs, et dont le propos pourrait facilement encore trouver résonance aujourd’hui. Enchainant les passages cultes, jusqu’à un dernier acte complètement fou (c’est pas tous les jours qu’on voit une tête détachée d’un corps tenter d’abuser d’une jeune femme), Re-Animator est un témoignage de cette époque où les séries B étaient faites avec sérieux et bénéficiaient d’une réalisation et d’effets spéciaux solides, mais le tout au service d’un divertissement fun et gore.

The Battery

Entre le road movie, le buddy movie et le film de zombies, The Battery, deuxième film en compétition de la journée, est une nouvelle preuve qu’on peut faire un bon film avec un budget ridicule (6 000 dollars). Ben (Jeremy Gardner) et Mickey (Adam Cronheim) sont deux membres d’une équipe de base-ball qui se retrouvent seuls quelques mois après l’apocalypse zombie. Pas vraiment potes, ces deux mecs aux caractères diamétralement opposés doivent faire équipe pour survivre…

The-Battery-Still-2

Pour son premier film, Jeremy Gardner s’en sort admirablement bien et réussit toujours à compenser le manque de moyens par de bonnes idées, souvent originales, en dépit d’un thème qui ne l’est pas. Si on remarque quelques faiblesses techniques, surtout au niveau de la prise de son, elles sont vite pardonnées face aux nombreuses qualités du film. Avec sa BO aux airs country-folk-planants, son écriture et ses dialogues soignés, sa caractérisation des personnages intéressante, The Battery captive dès le début, rend ses personnages attachants, et tient en haleine jusqu’à la fin du film. Alternant les moments de tension et les plans plus contemplatifs, le film n’en reste pas moins très drôle. Mieux, certaines de ces situations comiques révèlent toute la dimension dramatique de la situation des personnages ; la solitude de Mickey (face à la nana zombifiée qui vient cogner à la vitre de la voiture…), son besoin désespéré de trouver d’autres survivants… Complètement réaliste, The Battery dépeint des situations simples, des gestes quotidiens devenus exceptionnels dans ce monde post-apocalytique (la longue scène du brossage de dents, la douche sous une cascade), et on se dit que c’est plutôt à ça qu’aurait dû ressembler l’adaptation télévisée du comics The Walking Dead. Jusque dans sa dernière demi-heure en huis-clos habilement mené, The Battery est un anti World War Z,  une preuve que le film de zombies n’est pas encore totalement mort
Avec ce premier long-métrage, Jeremy Gardner signe une proposition originale qui, si elle ne révolutionne pas non plus pas le genre, reste une nouvelle démonstration que malgré des budgets dérisoires, certains jeunes réalisateurs parviennent à offrir des films fantastiques, dans tous les sens du terme.

N’oublions pas non plus la vidéo de présentation du réalisateur diffusée avant le film, qui a fait rire toute la salle. Après tout ça, on se dit que Jeremy Gardner est un mec à suivre, définitivement. Les rumeurs vont d’ailleurs déjà bon train sur le net quant à une éventuelle suite, intitulée The Orchard (Le Verger)…

DU SANG SUR LA NEIGE

Julien Dunand et Gildas Houdebine retracent dans ce documentaire l’histoire du Festival d’Avoriaz, avec une approche chronologique, essentiellement basée sur des images d’archives, étayées par quelques interviews de réalisateurs, acteurs, journalistes ciné et du créateur du festival, Lionel Chouchan.

Lionel Chouchan et Dario Argento
Lionel Chouchan et Dario Argento

Le fond du documentaire est intéressant, notamment pour notre génération qui était encore trop jeune pour voir les films primés à Avoriaz lors des années de gloire du festival. On apprend ainsi qu’avant de devenir l’équivalent du Festival de Cannes version cinéma fantastique, le festival n’était à l’origine qu’une vaste opération marketing créée par le président du Groupe Pierre & Vacances, Gérard Brémond, et le publicitaire Lionel Chouchan pour promouvoir la station de ski d’Avoriaz. Le film montre également le paradoxe d’un festival axé sur le fantastique, un genre souvent méprisé et moqué par les invités people pas toujours intéressés par la programmation du festival, bien que celui-ci ait révélé et primé de grands noms au tout début de leur carrière (Steven Spielberg, Brian De Palma, Peter Jackson…) Assez drôle, Du Sang sur la Neige rapporte aussi les réactions choquées de la presse et du public (Michel Blanc démontant Terminator, Michel Drucker parlant de Massacre à la Tronçonneuse) et nous offre quelques moments musicaux assez kitsch…
Cependant le documentaire se termine assez précipitamment et les dernières années du festival et son déclin sont assez vite expédiés, et le film n’évoque pas non plus la transition avec le successeur d’Avoriaz, le festival de Gerardmer. La forme du documentaire reste assez basique et purement chronologique, sans réel angle, ce qui n’empêche pas ce portrait un peu fouillis de très bien fonctionner sur son public grâce à la nostalgie et à l’affectif liés au cinéma fantastique des années 70 et 80.

 

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Marie

Gentle Geek Marie

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