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Cinéma

[Reportage] En direct de l’étrange festival #7 : mercredi 12 septembre

Quelle curiosité allait bien pouvoir nous réserver l’étrange festival aujourd’hui ? C’est toujours plein de curiosité que cette nouvelle journée débutait au forum des images pour une session de trois films.

Que peux bien donner le premier film de science-fiction Lithuanien ? C’est ainsi présenté par une partie de l’équipe du film que Vanishing waves ouvrait cette journée. Comme l’expliquait le co-réalisateurs et certains acteurs présents, tous français, le cinéma Lithuanien disposant d’une histoire de son cinéma relativement récente, et ne produisant que 2 à 3 films par ans, celui-ci constituait en quelque sorte une première dans le pays.

Pour ce premier essai du côté de la SF, point d’effets spéciaux à outrances, mais au contraire la volonté de la réalisatrice de revenir à une science-fiction sans artifices, à mille lieux des Strange days et autres Minority report. S’ouvrant sur une belle pièce musicale, Vanishing waves nous permet de suivre Lukas, un scientifique, qui pour les besoins d’une expérience, va être projeté dans le subconscient d’un sujet. Apercevant d’abord quelques formes et lumières indistinctes, ses plongées répétées dans l’esprit de leur patient vont lui faire apparaitre très rapidement une femme, dont il tombe éperdument amoureux.

Il en ressort un film étrange, lancinant, intéressant, qui gagnerait à être un peu plus onirique. Le film prend délibérément l’option de ne pas céder à une vision fantasque des souvenirs du patient de l’expérience. A chaque fois que Lukas pénètrera dans sa tête, ce sont donc des décors réels qui sont à l’affiche. Pourtant, le film parvient malgré tout à créer une atmosphère et dégager un certain onirisme et une poésie qui peuvent emporter le spectateur curieux. D’autant plus que l’image, les décors et la musique sont tout bonnement superbes. Dommage que sur la fin le récit s’étire un peu, le sujet s’essoufflant de lui même après un certain temps. Un très jolie moment donc, très agréable.

L’étrange festival ne porte pas ce nom sans raisons. Et le focus consacré à Mathieu Seiler, réalisateur Suisse, est la pour nous le prouver. Diffusé lors de l’une des premières éditions du festival, Le cadeau de Stéphanie faisait son retour sur les écrans du Forum des images après avoir quasiment disparu de la circulation. Précédé de deux courts métrages du réalisateur, idéal pour s’imprégner de son univers, inspiré des contes de fées mais restant basé sur un traitement très réaliste. Le cadeau de Stéphanie suit l’errance d’une jeune fille de 12 ans, qui tient ses parents, l’école, sa vie en horreur. Elle ne souhaite pas grandir et passe ses journées à écouter une même musique enfantine, au grand désespoir de sa mère. Ne supportant plus la pression, elle s’évade dans un monde où tout lui est permis

Entièrement filmé en noir et blanc, le film dégage une forte impression, un fort sentiment d’oppression de ce monde brutal et violent telle qu’elle le perçoit. Son ambiance flottante et son rythme lent contribuent à donner au film son atmosphère qui nous tient en haleine jusqu’au bout, jusqu’au final où le titre du film prend alors son sens… cruel.

Le film était également suivi de Der Auschlug, le dernier long-métrage en date du réalisateur, disponible ensuite pour répondre aux questions du public.

Enfin, la soirée se terminait par un film que l’auteur de ces lignes attendait particulièrement. En effet, la simple évocation des noms de Traci Lord (dont le présentateur du film a dressé une biographie… complète) et de John Waters, présents dans ce film, suffisaient à le faire frémir d’avance. Mais tout d’abord, apportons une clarification quant au titre du film : beaucoup qualifient le titre, Excision, est racoleur et sans rapport avec le film, une simple provocation. Ce serait oublié qu’outre le fait de désigner une pratique barbare (ce qui est ici, totalement hors de propos), Excision est surtout un terme anglais signifiant « ablation » et relevant du vocabulaire médical, une version qu prend ici tout son sens.

De quoi parle Excision ? De Pauline, adolescente borderline et disgracieuse de 16 ans (excellente AnnaLynne McCord), ayant pour fantasme récurrent de pratiquer des opérations chirurgicales sanglantes. Coincé entre un père attentif mais passif et une mère psychorigide et dominatrice, seule sa sœur, atteinte de mucoviscidose, semble trouver grâce à ses yeux. Décidée à perdre sa virginité, elle prend peu à peu conscience de son… talent !

Doté d’un humour trash et parfois corrosif, certains reprochent à Excision de n’être qu’une provocation de façade. Si le côté farce n’est en effet pas à exclure, tant les épliques trash et les scènes gores sont présentes et parfois outrancières, on ne pourra s’empêcher de penser à ce final tétanisant, qui – je le confesse – m’interroge encore. Tout semble en réalité avoir éét conçu pour nous mener à ce point, à cette étreinte née de l’horreur mais qui semble enfin sceller l’apparition de réels sentiments chez des êtres qui jusque là en semblaient dénués l’un pour l’autre. Un dernier plan où de l’horreur nait un instant de sincérité pure, et dont le sens continue de m’interroger aujourd’hui. Attention, ce n’est pas non plus de la philosophie qu’il faut y chercher. Excision se veut fun et trash, sympathique et sans prétention, et reste donc un bon film qui, s’il est loin d’être inoubliable, permet de passer un bon moment et peut se révéler moins vain qu’il n’y parait.

Tags : Étrange Festival 2012
Jérémie

Gentle Geek Jérémie

Consequences will never be the same !

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