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Cinéma

[Critique] Scream 4, le reboot de la suite du remake ?

Il y a quinze ans, Wes Craven renouait avec le succès en tournant Scream, un slasher moderne et cynique qui avait fait l’effet d’une véritable petite bombe dans un cinéma arride de film d’horreur. Après une trilogie dont la qualité déclinait au fil de ses numéros, il remet le couvert en 2011 en relançant la franchise qu’on pensait définitivement terminée. A une époque où les projets originaux sont des denrées rares, ce Scream 4 débarque comme un opportuniste avec cette vilaine impression que Craven mendie le succès. C’est donc avec une certaine méfiance que l’on attendait ce nouvel épisode de Scream… qui finalement assure un come-back des plus réussis !

L'affiche de Scream 4

 

Dix années se sont écoulées depuis les derniers meurtres de Ghostface à Woodsboro. Sidney Prescott, survivante du massacre, revient sur les lieux pour promouvoir le livre qui retrace son histoire. C’est sans compter sur l’apparition d’un nouveau tueur qui se charge de redéfinir les règles du jeu.

On se souvient du tout premier volet de la série. Drôle, terrifiant, imaginatif, il en avait entourloupé plus d’un avec un twist inédit qui faisait un véritable pied de nez aux habituels slashers, un genre en friche avant que Scream ne le redynamise. Mais si Scream premier du nom avait fait l’unanimité auprès de la critique et du public, ses suites n’étaient pas à la hauteur. L’effet de surprise ne prenait plus, Scream n’avait plus grand chose à nous apprendre.

Quand on avait appris que Scream 4 était en chantier, il y avait une vaine lassitude et une certaine appréhension quant à la légitimité du projet. Qu’avait-il encore à nous apporter ?

On n’est pas dupe, ce Scream tire sur la corde sensible de la nostalgie en rassemblant une équipe familière. C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes dit-on, et pour l’occasion Wes Craven revient à la caméra pour mettre en scène un scénario de son bon vieux pote Kevin Williamson. Puis quoi de mieux que de remettre Neve Campbell – adulte pour le coup – , Courteney Cox et David Arquette sur le devant de la scène. L’astuce est toute trouvée, on attire non seulement les fans de la première heure, mais  on rassemble également le jeune public d’aujourd’hui en piochant allègrement des acteurs qui ont fait leurs beaux jours sur des séries adolescentes à succès (entre autre Pretty little liars, Veronica Mars, True Blood, Heroes…).

Paré d’une telle formule, ce Scream avait tout de l’attrape-nigaud. On se serait rendu en salle de toute façon. C’est facile, ça fait de l’argent !  Heureusement pour nous, on se trompait !

Les anciens sont fidèles au poste

 

On se souvient de l’introduction du premier Scream. Drew Barrymore répondait à un appel anonyme qui mettait à mal sa culture des films d’horreur avant de finir poignardée et pendue. Culte !

La séquence d’ouverture de Scream 4 ne vous laissera pas indifférents, et sans pour autant affirmer qu’elle pourrait rivaliser avec son prédécesseur, le film vaut déjà le déplacement rien que pour ses premières minutes. C’est résolument drôle et cocasse et vous en dévoiler le contenu serait criminel.

En premier lieu, il faut savoir que ce Scream 4 est véritablement la suite de la trilogie et tous les événements passés sont pris en compte. Le film embraye directement sur sa propre histoire sans prendre le temps de ressasser les points forts du mythe de Ghostface. Connaitre les précédents volets est donc indispensable pour suivre le film qui ne s’enquiquine pas à reposer des bases déjà connues de tous et rentre tout de suite sans le vif du sujet.

Le nouveau casting comprend des visages très familiers

 

Et si Scream 4 était un remake du premier opus ?

C’est sur ce postulat amusant que se développe le titre qui nous présente pléthore de personnages pour qui les films d’horreur ne recèlent plus aucun secret. Tout comme les anciens films, les protagonistes débattent avec joie des codes à respecter pour obtenir le parfait remake. Joli miroir de ce que produit l’industrie cinématographique aujourd’hui, le remake est au cœur des débats auxquels s’adonnent les jeunes cinéphiles de Woodsboro, alors qu’au même moment, un nouveau tueur sévit en se basant sur ces mêmes règles.

Là où Scream 4 se distingue, c’est dans sa lucidité à jongler avec les codes. En plus d’être un simple guide qui énumère les articulations essentielles du bon remake, il joue et rit de sa propre image. Le titre n’est pas un remake à proprement parler, pourtant il en inclut des éléments pour mieux s’en moquer, au point que la séparation entre la réalité et la fiction ne tient parfois qu’à une feuille de papier. La comparaison se fait sur plusieurs niveaux : Sidney orchestre son retour à Woodsboro en commercialisant son ancienne tragédie alors qu’au même moment, un nouveau Ghostface réplique les atrocités du passé en y apportant une touche de modernité. Elle constate que la menace plane en premier lieu sur les étudiants de la ville mais est totalement dépassée par les changements effectués. Si Scream 4 n’est pas une reprise moderne du premier, il en a l’attrait. Reste que cela est bon enfant. Le film n’accuse nullement l’industrie du cinéma puisque lui-même profite de cette mouvance pour faire son retour.

Sookie Stackhouse et Veronica Mars enfin réunies à l'écran

 

Le point fort du long métrage est incontestablement son humour. Il y a bien longtemps que Scream ne fait plus frémir dans les chaumières, et si quelques séquences tiennent encore en haleine, la peur a bien fait la malle depuis des années. Le titre joue tellement la carte de l’auto-dérision qu’il est difficile de garder son sérieux. Le spectateur connait cet univers comme sa poche tout comme les personnages n’ignorent rien de ce qui se trame dans leur ville. Ghostface est devenue une célébrité dont les méfaits ont donné naissance à toute une série de films d’horreurs très populaires qui fait la fierté de ses habitants. Ils commémorent le drame en organisant des projections marathon sur les films. Le tueur masqué est connu de tous au point d’être presque adulé. Les personnages connaissent les rouages des films d’horreurs et ont de solides acquis. Ça vomit tant de références que c’en est surréaliste. Toutefois cela reste cohérent avec la tonalité de Scream 4 qui est résolument moqueuse.

Paradoxalement, à force d’aborder ces thèmes de manière décomplexée, on imaginait que certaines mises en situations auraient pu être contournées. Lorsque des personnages prônent haut et fort leur savoir en matière de films d’horreur, il reste surprenant de les voir régresser et s’exposer bêtement au danger.

Reste que les répliques font mouche et les personnages sont attachants, même si leur traitement est inégal. En plus des anciens héros, certains tirent leur épingle du jeu, notamment Hayden Panettiere qui parvient bien à nous faire oublier son statut d’ex-pom-pom girl.

Scream 4 est une sacrée bonne surprise. En plus d’être fidèle à la saga, il peut se vanter de talonner le premier en terme de qualité.
Sidney fait un retour réussi sur la pellicule de Wes Craven grâce à la plume inspirée de Kevin Williamson qui a su s’adapter ingénieusement aux contraintes qui accompagne une telle franchise à l’heure où les suites insipides foisonnent. Scream 4  fait vibrer la corde de la nostalgie, mais ne se contente pas que de cela. Il apporte une dimension nouvelle bien dans l’air du temps tout en restant cohérent avec l’esprit du premier film. Les amoureux de la première heure y trouveront leur compte et les novices n’ont plus qu’à s’y mettre.

On en attendait pas tant !

La sortie de Scream 4 est prévu en salle pour le 13 avril 2011.

Tags : Kevin WilliamsonNeve CampbellScreamWes Craven
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Gentle Geek 406

Que le geek chic clique!

2 commentaires

  1. Belle introduction du film je trouve.
    Je pense que comme toi, je serai de toutes façons aller le voir, mais maintenant j’en suis sûr! ;-)

Commentaires