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Cinéma

[Critique] Les 3 Mousquetaires 3D : quand Paul W.S. Anderson massacre Alexandre Dumas

Généralement, quand on entend parler du réaliseur Paul W.S. Anderson et son épouse Milla Jovovich au sujet d’un même film, c’est pour annoncer un nouveau massacre de la franchise de jeux Resident Evil au cinéma. Rassurez-vous, ce n’est pas le cas cette fois-ci. Néanmoins, il n’y a pas vraiment de quoi se réjouir, car Les 3 Mousquetaires, nouvelle réalisation d’Anderson qui y filme son actrice (glups) de femme démontre que ces deux-là ne se sont pas calmés. C’est très drôle et totalement flippant à la fois.

En l’an 1625 à Venise en Italie, Athos, Aramis et Porthos, trois mousquetaires du roi Louis XIII de France, spécialisés dans les arts du combat et martiaux, et Milady de Winter, volent un document secret. Tout semble bien se passer jusqu’à ce qu’ils soient trahis par Milady, une espionne à la solde du cardinal de Richelieu : elle leur vole le document et s’enfuit avec le Duc de Buckingham. Un an plus tard, les trois mousquetaires ont été mis « à la retraite » par le roi, manipulé par le cardinal. Mais l’arrivée à Paris de d’Artagnan, jeune gascon fougueux, va raviver la flamme dans le coeur des frères d’arme.

4 contre 40, je vous laisse parier sur les gagnants…

 

De toutes les histoires de capes et d’épées, Les 3 Mousquetaires est sans nul doute la plus emblématique… il est donc logique qu’elle attire les studios hollywoodiens d’aujourd’hui, toujours motivés pour adapter un bouquin culte en prenant le soin de le « moderniser » au passage, parce que forcément, adapter quelque chose qui existe déjà ça fait gagner du temps, mais le dépoussiérer pour que ça soit plus sexy, c’est encore mieux. Du coup, qui de mieux dans le rôle de réalisateur que Paul W.S. Anderson, passé  maître ès pourrissage depuis qu’il a pris en main l’adaptation des jeux Resident Evil au cinéma, en réalisant 3 volets sur 5 et en les scénarisant tous. Mais là n’est pas le sujet, enfin si, un peu quand même.

Un peu quand même parce que Paul W.S. Anderson a activement participé à la scénarisation des 3 Mousquetaires 3D, en plus d’en assurer la réalisation. En sachant ça à la base, on pouvait être sûr de deux choses : 1) l’oeuvre originale ne serait pas respectée et 2) il faudrait se fader Milla Jovovich, aussi connue sous le nom de « madame Anderson ». Eh bien après visionnage du film, les deux certitudes se sont confirmées.

Un pour tous, tous pourris

Les 3 Mousquetaires 3D est un mélange complètement What the Fuck des différents grands chapitres du livre d’Alexandre Dumas père : la fameuse affaire des Ferrets de la reine Anne compose la partie la plus importante du film, même si ce dernier se focalise bien évidemment sur l’arrivée de d’Artagnan et sur sa relation avec les mousquetaires et la rivalité avec le perfide cardinal de Richelieu. Un court passage est également consacré à l’enlèvement de Constance, suivante de la reine, par le capitaine Rochefort, et la rivalité entre la France et l’Angleterre est illustrée par la présence du duc de Buckingham.

Bref, dit comme ça, on pourrait croire à un condensé du livre en film : oui mais non. Franchement, qu’est-ce que viennent faire là ces espèces de zeppelins composés d’un gros ballon d’hélium et d’un bateau en guise de nacelle ?! On est en 1626, les mecs ! Arrêtez la drogue ! Pour résumer l’intrigue, il suffit de prendre les éléments les plus marquants du bouquin et ajouter en première ligne un énorme élément totalement anachronique qui vient détruire le peu de crédibilité de l’ensemble. C’est grandiose.

Orlando Bloom vient de perdre sa partie de Risk©

 

Mais les anachronismes – il n’y en a pas qu’un – ne sont pas les seuls incohérences du film : la plus importante d’entres elles apparait bien évidemment quand on voit le film en version originale, c’est-à-dire en anglais… car Les 3 Mousquetaires 3D est un film tout ce qu’il y a de plus américain qui pose son action principalement à Paris, un Paris ou tout le monde proclame se battre « Pour la France » mais ou tout le monde parle anglais ! Les rares répliques où les acteurs lachent des expressions françaises sont dites avec un accent américain à couper au couteau qui, au mieux fait rire, au pire les rend totalement incompréhensibles. Mention spéciale au passage où d’Artagnan demande à Aramis de simplifier ses propos : il lui demande ce que ça veut dire « in french » alors qu’ils parlent en anglais… Franchement, ça ne viendrait pas à l’idée de faire un film sur Captain America avec que des Français, alors pourquoi la réciproque n’est pas vraie ? Non vraiment, pour le coup, il vaut peut-être mieux le voir en VF. De toute façon, au point où on en est…

Le meilleur vient d’ailleurs

Le seul point qu’on peut difficilement reprocher au film concerne ses effets spéciaux particulièrement convaincants, qui laissent penser que le budget a été des plus juteux. Paul W.S. Anderson ne se débrouille également pas trop mal lorsqu’il s’agit de filmer en 3D. Voilà pour les (rares) éléments positifs.

« On steak haché » !

 

Du côté de la façon de filmer et en particulier des scènes d’action, on ne va pas refaire Anderson aujourd’hui : ça part dans tous les sens, ça pétarade, les combats à l’épée sont chorégraphiés à l’extrême, les personnages s’arrêtent en cours de route pour lâcher LA petite réplique qui va bien, bref, c’est classique pour du film d’action. Oui, mais… il n’y aurait pas un air de déjà vu ? On a bel et bien l’impression que le réalisateur, en plus de pomper sur ses films précédents – on y reviendra – a également pioché chez d’autres. Difficile de ne pas spoiler en mettant ce fait en avant (franchement, ça serait dommage de vous gâcher le film) mais de Pirates des Caraïbes à Matrix, pas mal de classiques de ses derniers années y passent. Ca ne choquera sans doute que les personnes qui trouveront la force de réfléchir en regardant un tel spectacle, mais il faut tout de même le souligner.

Un casting princier…

Dès le début de sa promotion, Les 3 Mousquetaires 3D a savamment mis en avant son casting blindé de noms connus : Orlando Bloom (Le Seigneur des Anneaux), Matthew Macfadyen (Robin des Bois), Mads Mikkelsen (Casino Royale), Luke Evans (Tamara Drew), Chistroph Waltz (Inglorious Bastard)… Bref, il y avait du potentiel de ce côté-là. Et bien entendu il n’est pas vraiment exploité dans le résultat final.

Parce que le souci des films comme ceux-là, c’est qu’à force d’accumuler les personnages, il n’y a pas de la place pour tout le monde. Il y avait sans nul doute quelque chose à tirer des mousquetaires en eux-mêmes, qui ont des aspirations et des histoires bien différentes les unes des autres, mais qui ne sont finalement qu’effleurées pour ne faire d’eux qu’une entité commune qui s’efface devant un d’Artagnan qui arrive de sa campagne aussi expérimenté qu’un commando avec 20 ans de métier derrière lui, éclipsant même les mousquetaires d’origine : comment s’appelle le film, déjà ?

Après Légolas, le duc de Buckingham : Orlando Bloom aime décidément les rôles virils

 

Idem pour les méchants, qui sont en quantité, et cumulent un Christoph Waltz aux cheveux lissés dont on se demande comment il a pu tomber aussi bas après avoir reçu une palme de meilleur acteur à Cannes, un Orlando Bloom fringué comme à un Halloween chez Michou et un Mads Mikkelsen au charisme d’une huître borgne. Dans tout ce petit monde on se trahit, on est vilain, manipulé et pour beaucoup vraiment stupide. La fin du film n’est là que pour appeler une suite directe, qui sera sans doute encore plus crétine que le film de base dans la mesure où les clichés et poncifs les plus courants sont déjà usés jusqu’à la moelle. On se demande bien que ce la suite va bien pouvoir inventer.

Mais il manque la touche finale du tableau. Là, cher lecteur, tu te dis « mais elle n’a pas parlé d’une seule seconde de Milla Jovovich en Milady ! ». Oui, cher lecteur, car je voulais garder le meilleur pour la fin.

…une Milla Jovovich royale !

Ah, Milla, Milla. J’avais adoré ton rôle dans le Cinquième Element, j’avais apprécié ton interprétation dans Jeanne d’Arc mais depuis, c’est le drame. Et je ne crois pas que ton mari te rende vraiment service.

Milla Jovovich et Paul W.S. Anderson nous prouvent avec brio que oui, l’amour rend aveugle : on se demande effectivement pour quelle autre raison l’actrice aurait pu accepter de tourner les scènes stupides et ridicules qui n’appartiennent qu’à elle dans ce film. Du côté du réalisateur, on se demande pour quelle autre raison il n’aurait pas pu remarquer que Milla Jovovich contribue à ruiner l’infime minimum microscopique crédibilité de son film. A ce stade c’est purement délirant !

Milla Jovovich n’a pas encore le bras assez long. Heureusement.

 

Pour résumer, Milla Jovovich donne l’impression de jouer dans un nouveau Resident Evil : mêmes scènes héroïquo-débiles de courses et de vols planés complètement WTF, mêmes ralentis insupportables sur fond de passages musicaux improbable, j’en passe et des meilleures. Anderson s’auto-plagie clairement dans certaines scènes qui ne sont que des copier-coller d’autres passages vus dans Resident Evil: Afterlife et consorts, comme un passage où l’actrice dévale l’un des murs extérieurs de Versailles suspendu à un filin. Alors déjà, c’est pas vraiment crédible dans RE, mais alors dans Les 3 Mousquetaires, je vous laisse imaginer. Quant au jeu d’actrice, si Milla Jovovich avait un autre talent que faire des ronds de jambes et des sauts périlleux suspendus à des câbles, ça se saurait. Malgré tout, son interprétation de Milady de Winter, personnage plutôt tragique dans le roman original, vaut ici le détour si vous voulez pour payer une bonne tranche de rigolade.

En conclusion

Alexandre Dumas père doit faire des triples axels dans sa tombe face à cette nouvelle adaptation de son roman-phare. Déjà, rien que le titre – Les 3 Mousquetaires 3D – laissait entendre qu’on allait être face à quelque chose de très… moderne, pour rester gentil. Le fait de connaitre le nom du réalisateur et sa carrière teintée de massacre (rappelons que Paul W.S. Anderson a également à son palmarès Alien vs. Predator et Mortal Kombat) avait également de quoi mettre la puce à l’oreille des connaisseurs.

En somme, dans la forme, le film n’est pas un mauvais divertissement qui propose un quota convenable de scènes d’action et des effets spéciaux vraiment corrects, chose qu’Anderson maîtrise plutôt bien en tant que réalisateur. Mais dans le fond, ces 3 Mousquetaires 3D est un ramassis de clichés, de situations qui s’enchaînent sans queue ni tête, de personnages sous-exploités et de rebondissements totalement what the fuck. Vous savez, le genre de trucs qui, quelques secondes avant qu’ils arrivent, vous font dire « Ah non, il a pas osé quand même ! » et si, il a osé. A partir de là, soit on s’indigne de la crétinerie de l’ensemble et on laisse tomber dès l’intro du film qui donne le ton général, soit on décide d’en rire dès le début et c’est sans doute la meilleure chose à faire. Un petit plaisir coupable, en somme. A bon entendeur…

Les 3 Mousquetaires 3D de Paul W.S. Anderson avec Orlando Bloom, Matthew Macfadyen, Mads Mikkelsen, Luke Evans, Chistroph Waltz… Sorti depuis le 12 octobre.

Tags : Les 3 MousquetairesMilla JovovichnanardPaul W.S. Andersonrire
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

7 commentaires

  1. Je trouve un peu dur tous ceux qui critique le film sur les anachronismes ça donne un petit coté steam punk qui devrais plaire aux fans de fantastique.
    Les bateaux ne me choque pas du moins jusqu’à ce que la bataille navale commence et ou on assiste a un mauvais remake de pirate des caraïbes où tout est fait pour en mettre plein la vu et on l’on sombre dans le ridicule, en gros toute la 2eme moitié du film ne sert a rien mais j’ai bien aimé la première (c’est un divertissement quoi, on savait a quoi s’attendre)…

  2. Salut Jess !
    J’adore les divertissements mais je suis persuadée qu’on peut se divertir au cinéma sans s’abrutir et sans massacrer des bouquins et autres oeuvres historiques ! Pourquoi ne pas faire un film steampunk avec un scénario original, pourquoi être toujours obligé de prendre un matériau de base et de tout casser ?
    Comme je le dis plusieurs fois dans cette critique, en effet ce film est un divertissement qui tient ses promesses visuelles et en matière d’action mais si tu connais l’histoire de base et que tu réfléchis à la cohérence de l’ensemble, c’est fini. Malheureusement c’est constant chez ce réalisateur et c’est aussi une critique à charge contre lui. Après je ne nie pas l’aspect divertissant du film, d’ailleurs j’ai beaucoup ri devant.

  3. J’ai été déçu pour ma part et je suis pourtant bon public quand il s’agit de film qui parte dans le n’importe quoi (j’ai pour ma part aimé le dernier Resident Evil c’est dire), mais la j’ai pas accroché, acteur principal sans ame, scène d’action décevante, musique pompeuse, bref heureusement que Waltz et le roi français ridicule était la pour sauvé un peu ma séance, mais j’ai trouvé le temps long
    Ma critique : http://www.youtube.com/watch?v=W20ctx2WBJ

  4. Au pire , je vois que vous adorez clacher tout les films , mais si les films qui sortent ne vous plaisent pas , pourquoi vous n’en faite pas un vous meme , sur lequel tout le monde viendra chier , car dsl mais les mecs qui se croyent assez bon pour juger si un film et bon ou non , ne sont que des personnes qui vivent dans la monotonie et qui ne veulent voir que des films qui respectent l’histoire .Au pire allaient sur la chaine histoire et nous faite pas chiez .

    Car je pense que l’oeuvre en elle meme a etait trop de fois interpreté au cinema et que ce film a eu un culot fou de le rebooster avec des idees plutot cool pour notre epoque .

    Ce sera tout , et merci de ne pas repondre , car je ne m’abaisserais pas a vous repondre .

  5. Alors,je ne suis pas une bonne critique,cars je n’est pas vus le film.Je ne suis pas une bonne critique cars j’ai un faible pour Olando Bloom,Luke Evans et Logan Lergem.Mais j’aime les films,les séries,j’ai parcourus toute cette univers,alors je vais dire cela.Je pence pas que ça sois un film nul,même si en anglais sa doit être bizarre. Déjà l’action que j’ai vus dans la bonne annonce et génial,les costumes sont bien.Le moderne avec le passer me plait bien,mais il à fait passer le message de Dumas,c’est on est unis des tout est possible.c’est que ma toujours inspirait les 3 mousquetaires.C’est tout ce j’ai à dire.

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