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Allô Selina? C’est Bruce. Ca te dirait une petite virée à Arkham City ce soir?

Après avoir exploré l’asile d’Arkham dans toute sa glauquerie dans Batman: Arkham Asylum, on remet le masque et on recommence, à l’échelle d’une ville cette fois: la nuit sera longue sur Gotham.
Un docteur ayant eu la riche idée de transformer un pan de Gotham en prison à ciel ouvert pour individus dangereux (et un peu givrés), les citoyens râlent (c’était pourtant une si bonne trouvaille), Bruce Wayne en tête. Cela lui vaudra d’être kidnappé par Hugo Strange, le fameux docteur aux idées lumineuses: bienvenue à Arkham City.

 

Nananananananana Batman!

Passée la scène d’introduction un peu poussive à cause d’une caméra bizarrement placée, on peut enfin revêtir son habit de lumière et entrer dans l’arène. Et quelle arène! Des bâtiments à perte de vue, des rues encombrées, des sous-sols, des gargouilles, des toits, des grues, n’en jetez plus, le compte y est. L’environnement est soigné, vaste, comme vous l’aurez compris, et offre un terrain de jeu à la mesure de la chauve-souris masquée, à tel point qu’on se sent parfois un peu perdu au début (et même à la fin si vous avez le sens de l’orientation d’une moule, sachez-le).
Les visuels sont réussis, à part quelques problèmes de textures à la ramasse parfois, mais souvent dans des lieux où l’on est pas censé les voir de près (comprendre: quand vous ratez un vol et vous écrasez  comme une bouse), pas de problème de clipping ni d’aliasing, le décor fait ce qu’on lui demande: il est globalement beau, quoi qu’il s’y passe.
Les différents bâtiments qu’il faudra explorer tout au long du jeu offrent des configurations variées, permettant de varier du même coup le gameplay, en plus de nous faire visiter la ville.

Ville de lumièèèèères

 

Batman quant à lui, fidèle à sa réputation de ninja-geek, continue, comme dans le premier opus, à se balader de toit en toit avec un arsenal de gadgets invraisemblable: le bat-grapin, la bat-griffe, les batarangs, leur version téléguidée, etc, etc.
Les affrontements n’ont pas changé depuis le premier jeu: il suffira la plupart du temps d’appuyer au bon moment sur les bons boutons en cas de mêlé générale (à savoir « taper » et « contrer »), avec quelques combos nécessaires parfois pour les ennemis plus résistants: ce serait trop simple de ne devoir taper que du vil criminel en jean, il faudra aussi compter avec ceux revêtus d’une armure, et ceux brandissant un bouclier anti-émeute. Les combats sont très lisibles, les animations dynamiques, et Batman fait ce qu’on lui demande au moment où on le demande: savater du méchant par pack de douze est vraiment plaisant, et les petits ralentis quand vous finissez un groupe donnent un sentiment de toute puissance fort agréable.

POW

 

Les phases d’infiltration sont toujours là, et les possibilités de se défaire du menu fretin nombreuses: par dessous, par dessus, par derrière, en planant, plongeant, feintant…
D’autant que les gredins, sans mériter un Nobel, ne sont pas complètement idiots, et vous cherchent activement, pensant souvent à regarder en haut, détruisant vos gargouilles, vous jetant des mines, chaussant des lunettes à vision nocturne…

Le seul point négatif quant aux combats, outre la répétitivité sur une quinzaine d’heures de jeu, revient aux boss, dont certains n’ont de boss que le nom, et sont des resucés de l’opus précédent.

Elles sont bath, mes lunettes

 

En plus de la trame principale (qui occupe en gros entre dix et vingt heures, selon le niveau de difficulté, le sens de l’orientation, etc), Batou croisera des quêtes secondaires, dont l’intérêt est variable (sauver des gens, arrêter des tueurs, la routine quoi), ainsi que des trophées d’E. Nigma à ramasser: de quoi allonger la durée de vie du jeu, et engranger un peu plus d’expérience (Expérience qui servira ensuite à améliorer les gadgets, l’armure, acheter de nouveaux combos).
On pourra aussi compter sur le mode « défi », où, tout comme dans le précédent volet, le but est de faire le plus gros score en tapant de vils individus dans un lieu donné. La quantité astronomique de maps et de challenges à débloquer laisse cependant dubitatif: avait-on besoin d’autant de défis?

Du point de vue du gameplay pur, Batman: Arkham City est plutôt réussi: joli, maniable, plaisant.
On pourra regretter trois choses:
– l‘absence de mini-carte. Il faut en effet se contenter d’une boussole: dans un décor aussi vaste, ça manque un peu, et c’est vaguement ridicule de devoir sortir son plan Michelin au milieu des toits: « ah ben oui, j’aurais du prendre à droite à la dernière intersection ».
– un côté « investigation » peu poussé, les rares phases auxquelles nous avons droit  (grâce à la « vision de détective ») étant complètement accessoires, alors que Batman, c’est quand même LE détective. Cette vision trouvera d’autres applications, notamment dans les combats, mais c’est un peu frustrant.
– un Batman un peu raide quant à son animation (et aucun rapport avec la présence de Catwoman), et une animation des personnages féminins plutôt… comment dire? Ces dames roulent des hanches à tel point qu’il est miraculeux qu’elles ne se démettent pas le bassin.

Horatio Wayne en action

 

 

Le cas Catwoman:

Catwoman est un personnage jouable le temps de quelques passages pour peu que vous ayez acheté le jeu neuf. Sinon, il vous faudra l’acheter en plus, comme un DLC. Si la pratique d’offrir du contenu supplémentaire aux joueurs de neuf se fait de plus en plus, d’autres l’ont hélas bien mieux fait, car il s’agit de ne pas trop léser les joueurs ne pouvant jouer que sur de l’occasion, tout en offrant quand même quelque chose de consistant à ceux qui ont payé le neuf.
Résultat: choisir Catwoman comme contenu « neuf » était un peu casse-gueule, et pour le coup, c’est raté. Raté, parce que les quelques chapitres qui lui sont consacrés n’ont aucun intérêt autre que celui de nous montrer comme elle roule bien des fesses. Et Catwoman étant emblématique de l’univers de Batman, c’est encore raté, car les joueurs pourront être, à raison, frustrés par ce qui leur est offert…

Quel plan soigné sur mes attributs...

 

Concrètement, à plusieurs reprises dans le jeu, on bascule du point de vue de Catwoman, histoire de voir ce que la belle trafique pendant que Batounet lutte contre le crime. Les missions n’ont qu’un vague rapport avec l’histoire principale, la voleuse ayant son propre agenda. Son gameplay, quoi que plus félin, forcément, et adapté à sa morphologie et à ses outils, n’est pas très différent de celui de Batman, et ses « missions » ne vont pas chercher bien loin.
Ses animations sont fluides, sa chute de rein bien mise en valeur, il y a comme un parfum de fan service.
Elle est cependant nécessaire pour récupérer tous les trophées de Nigma, certains n’étant accessibles qu’à la belle griffue. 

Au mieux, cette partie du jeu vous tirera quelques sourires, au pire, elle vous ennuiera profondément (et si vous êtes féministe et/ou fan de Catwoman, vous pleurerez des larmes de sang).

 

Plus on est de fous… ben plus on est de fous:

S’il y a une chose qui risque de décevoir ou frustrer les joueurs, c’est l’histoire. Elle est confuse, et n’est qu’un vague prétexte pour sortir des tiroirs les pires ennemis de Batman. Et si l’on compte les quêtes secondaires, on peut dire que la quasi totalité (en exagérant à peine) du casting a répondu présent.

Et c’est assez dommage, car on oublie du coup assez vite ce pour quoi on est là: au départ, Hugo Strange enlève Bruce Wayne et l’enferme dans Arkham City en le menaçant de révéler au monde entier qu’il est Batman s’il tente quoi que ce soit pour empêcher son « Protocole 10 ». Dix minutes après, Harley Quinn entre en scène. Vingt minutes après, le Joker entre en scène. Trente minutes après…. Vous avez compris l’idée.
A force d’être trimbalé de « méchant ex machina » en « méchant ex machina », on en oublie complètement le Protocole 10 et Hugo Strange, qui continue pourtant de beugler dans les hauts-parleurs « haha Wayne, cessez, cessez ». Ça, ça vous pose le charisme d’un antagoniste.

Why so serious?

 

L’une des richesses de l’univers de Batman (et des héros de comics de façon générale), ce sont ses méchants, et leurs relations avec le Dark Knight. Alors certes, un jeu vidéo n’a pas la vocation d’être un comics, ni un film, mais un peu de profondeur dans le traitement ne fait pas de mal, que diable!! D’autant que, comme dans le jeu précédent, le Joker est mis en vedette, sans que quelque chose de neuf soit apporté, et qu’il y a juste trois cents autres personnages qui attendent, réduits à de vulgaires caméos sans intérêt.
Il y a bien une tentative de rassembler un peu le tout sur la fin, mais la mayonnaise a du mal à prendre, et certains riront à l’épilogue.

C’est d’autant plus regrettable que les acteurs sont bons, en VF ou en VO, et les entendre échanger des platitudes, c’est quand même gâcher (les fans de Stana Katic vont pleurer, par exemple), et la musique, sans être exceptionnelle, n’est pas mal non plus.

Allez Batounet, brisons la glace mon ami...

 

Au final, n’abusons pas, Batman: Arkham City est un bon jeu, au gameplay efficace. Se glisser sous le masque du justicier de Gotham est aussi grisant que dans le précédent volet. La durée de vie est largement au rendez-vous, grâce à une intrigue (haha) principale assez longue, mais aussi grâce aux quêtes secondaires, aux trophées de Nigma, au mode « défi » (même si ces deux derniers points semblent un peu artificiels).
Mais on n’échappe pas, malgré tout, à une certaine déception: fracasser du margoulin, voler dans la nuit, ça va bien un moment, mais quand l’histoire se cherche, le joueur cherche aussi pourquoi il fait tout ça, alors qu’il pourrait boire le thé avec Alfred, ou geeker avec Oracle.

On aurait préféré peut-être moins d’énigmes et trophées de Nigma (dont la quantité est ridiculement importante), et plus de contenu avec Catwoman par exemple. Et moins de méchants, mais une histoire plus efficace, qui insuffle vraiment au joueur le sentiment d’être Batman, et pas juste de jouer à Batman.
Ne parlons même pas des DLC Robin et Nightwing… Des DLC prêtes dès la sortie du jeu, ça sent un peu la tentative de pigeonnage des joueurs, surtout que les personnages sont nécessaires à l’obtention du trophée Platine sur PS3.  

 

Images via Batman: Arkham City

 

 

Tags : Batman Arkham CityDC ComicsRocksteadyThe Joker
Aurigabi

Gentle Geek Aurigabi

Fille de Mary Poppins et Xena la Guerrière, aime se promener dans les bois pluvieux. Avec une console. Ou un comics. Avant que les cylons n’arrivent…

5 commentaires

  1. Merci pour le test.
    À propos des défauts du jeu (intrigue légère, trop de méchants, tout ça), c’était déjà le cas dans le précédent jeu mais j’avais quand même beaucoup aimé (oui, je suis bon public). Est-ce que c’est pire dans cet épisode ?

  2. En fait, le précédent était plus court, et son histoire plus « concentrée ». Du coup, même si ça cherchait pas l’Oscar du meilleur scénario, ça passait amplement.
    Là, franchement, ça devient vite n’importe quoi, et les personnages sont de fait peu respectés.
    Après, ça dépend aussi de la façon de jouer: ça frappera bien plus les joueurs qui aiment finir un jeu rapidement, en se mettant dans l’ambiance 2 ou 3 jours, que ceux qui jouent sur une ou deux semaines ^^

  3. D’accord, merci. :)
    Comme je suis devenu un joueur très occasionnel (snif) et que je ne connais pas si bien Batman, je vais me laisser tenter.

  4. Non mais le jeu n’est pas nul non plus hein, a priori, on peut se laisser tenter sans problème. C’est juste qu’il n’est pas aussi bon que ce qu’on aurait voulu nous faire croire ^^

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