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Ils sont les voix françaises de Cartman, Stan, Kyle, Kenny, Butters, Ike, Terrence & Philippe, mais aussi de Sam dans Le Seigneur des Anneaux, de Tintin, du Docteur Green d’Urgences ou encore de Demi Moore… GentleGeek a profité de la Comic Con pour rencontrer Thierry Wermuth, Christophe Lemoine, Marie-Laure Beneston et William Coryn, les comédiens de doublage qui assurent les voix françaises de la série South Park, pour une interview qui troue l’cul.

Les comédiens de doublage de South Park. De gauche à droite : Thierry Wermuth (Stan Marsh, Randy Marsh, Gerald Broflovski), Christophe Lemoine (Eric Cartman, Butters Stotch), Marie-Laure Beneston (tous les personnages féminins), et William Coryn (Kyle Broflovski, Kenny McCormick, Clyde Donovan)
Les comédiens de doublage de South Park. De gauche à droite : Thierry Wermuth, Christophe Lemoine, Marie-Laure Beneston et William Coryn.

 

Après une conférence devant une salle comble et un public conquis d’avance, le 7 juillet dernier à la Comic Con de Paris, le cast français de South Park a accepté de doubler en live une scène de l’épisode 9 de la saison 15 « Le Dernier des Mehicains« . Thierry Wermuth (Stan Marsh, Randy Marsh, Gerald Broflovski), Christophe Lemoine (Eric Cartman, Butters Stotch), Marie-Laure Beneston (tous les personnages féminins), et William Coryn (Kyle Broflovski, Kenny McCormick, Clyde Donovan) se sont ainsi prêtés au jeu pour le plus grand plaisir du public présent, avant d’accorder un entretien à GentleGeek.

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Quand et comment êtes-vous arrivés sur South Park ?

William Coryn : On est arrivés en 98, on n’avait pas trop entendu parler de la série.
Marie-Laure Beneston : Si moi j’avais lu des articles…
William Coryn : Après on a fait des essais, et Christophe a fait partie de la deuxième série d’essais parce qu’ils ne trouvaient pas de Cartman.

Quelles ont été vos impressions quand vous avez découvert le premier épisode ?

William Coryn : On est partis en courant.
Thierry Wermuth : Personnellement, j’ai vomi.
Marie-Laure Beneston : Personnellement, je ne connaissais pas certains mots.
Christophe Lemoine : Moi je n’avais jamais eu de sonde anale dans le cul, et c’est une expérience.
Thierry Wermuth : C’était le premier épisode…
Christophe Lemoine : C’était la surprise !
Thierry Wermuth : On s’est demandé où on tombait quand même…

[quote_right] « Avant South Park, je n’avais jamais eu de sonde anale dans le cul, et c’est une expérience ! »
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Et sur le moment, est-ce que vous avez pensé qu’une telle série pouvait marcher, et que vous seriez encore là plus de 15 ans plus tard ?

Thierry Wermuth : Non, mais qu’elle était originale et qu’elle ressemblait à aucune autre, oui.
Marie-Laure Beneston, en changeant sa voix : Oui et dire que 15 ans après on soit toujours là que dans 20 ans on va toujours y être !
William Coryn : Là on est partis jusqu’en 2017, ils ont signé jusqu’à la saison 20… C’est sûr que quand on a commencé, on pensait que ça allait durer 4-5 ans. Comme les Simpson quand ils ont commencé, et là ils sont à 25 ou 26 saisons. Et nous, on en est à 17…
Thierry Wermuth : C’est incroyable !

17 ans de vulgarité…

William Coryn : On a rajouté beaucoup, c’est moins vulgaire en anglais !

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Justement William, c’est vous qui adaptez la série, est-ce que parfois vous vous censurez ou vous édulcorez les dialogues ?

William Coryn : Jamais ! Au contraire, j’aggrave les choses, volontairement. Au début pour « kick-ass », j’avais mis « c’est génial », et on m’a dit que c’était un peu faible. Alors j’ai proposé « ça troue l’cul » et on m’a dit que c’était mieux. Après ça, j’ai mis mon premier « enculé » à l’épisode 12, je crois.
Thierry Wermuth : 12 épisodes… Ca a été long !
William Coryn : Oui ça a été long mais maintenant j’hésite plus du tout, je mets tout ce qui me passe par la tête. J’évite juste certains mots à caractère raciste, parce que je trouve drôle que Cartman soit antisémite car c’est juste qu’il n’aime pas Kyle parce qu’il est juif, mais je pense qu’il ne sait pas vraiment ce que ça veut dire.

Si vous, vous ne vous imposez aucune limite dans l’adaptation, est ce que les chaînes vous censurent ou vous freinent ?

William Coryn : Non pas du tout. Canal+ m’a demandé d’en rajouter au départ. Les Nuls étaient déjà passés par là, ils étaient allés très très loin, et si on était arrivés avec Cartman qui disait « oh c’est génial » ou « oh que tu es vilain », ça aurait été complètement con. Alors on a adopté un langage trash dès le départ.

Comment arrivez-vous à faire autant de voix différentes ?

Thierry Wermuth : On a crée vocalement, en s’appuyant sur les originaux, des voix. Il faudrait réécouter les premiers épisodes pour voir l’évolution, parce qu’au début, on cherche. Maintenant, 15 ans après, on les connait. Mais tout se passe avec l’image, avec le personnage. Y a aussi des directeurs artistiques qui nous aiguillent : « un peu plus aigu, un peu plus grave… « . Et le truc qui nous fait dire qu’on a trouvé, c’est quand les autres rient. Là, on garde. Mais au début de la série, je m’attendais pas à ce qu’on fasse 50 personnages chacun. Sinon, j’aurais demandé beaucoup plus cher…

[quote_left] »On a rajouté beaucoup de vulgarités, c’est moins trash en anglais ! »[/quote_left]

Dans les années 80, les doublages des dessins animés et séries étaient très édulcorés, avec South Park, c’est l’inverse. Qu’est ce qui s’est passé en 30 ans ?

Marie-Laure Beneston : Y avait quand même des plans bien arrêtés où les jupes volaient et où on voyait les petites culottes des filles…
Thierry Wermuth : Et la violence était pas édulcorée. Et puis les programmes dont tu parles étaient dans la section jeunesse, et South Park n’a jamais été fait pour les mômes. Non seulement c’était Canal, donc c’était un autre esprit, et ensuite c’est pas passé le matin ou l’après-midi dans des émissions pour gosses. Je pense que ça a plus été conçu pour des étudiants, des 20-30 ans. Je laisserais pas mes enfants regarder South Park
William Coryn : Y a eu une erreur de diffusion sur Canal à l’époque. Y a quelqu’un qui s’occupait des programmes qui a pensé que comme c’était un dessin animé, ça s’adressait aux enfants et ils ont programmé ça à 18 heures en clair… Ca a duré deux mois et y a eu des protestations de toutes parts. C’est normal : un gamin de six ans qui rentre de l’école et qui tombe sur ça… Donc Canal a très vite arrêté de diffuser ça à 18 heures en clair. Mais maintenant sur Game One c’est à n’importe quelle heure et c’est en clair.
Marie-Laure Beneston : De temps en temps on nous appelle pour faire des interventions dans les écoles. Maintenant les gamins connaissent tous South Park

Est ce que vous laissez vos enfants regarder South Park ?

Marie-Laure Beneston : J’ai interdit à mes enfants de regarder South Park. Évidemment, ils ont regardé en cachette. Conclusion : je n’ai jamais eu aucune autorité.

Ca prend combien de temps d’enregistrer une saison de South Park ?

William Coryn : En général ça prend 2 fois 7 jours, donc 14 jours, mais ça dépend, parce qu’on n’est pas toujours ensemble. Par exemple Christophe, c’est au moins deux jours, parce qu’il a, entre autres, Butters et Cartman, Marie-Laure et moi on s’enregistre en général ensemble et en ce moment j’enregistre Thierry tout seul parce qu’il est très occupé…
Thierry Wermuth : On préférerait travailler tous ensemble…

Comment ça se fait ?

Thierry Wermuth : Avec ce qui s’est passé ces dernières années, on n’a pas pu enregistrer les épisodes et tout est arrivé d’un seul coup, et donc on était pas libres en même temps les uns et les autres, on avait d’autres voix à faire, d’autres personnages à doubler…

Il y a eu un flottement de deux ans entre les saisons 14 et 15, qu’est ce qui s’est passé ?

Thierry Wermuth : Les tractations en coulisses, je ne les connais pas, mais cette série, elle a un succès incroyable, et je ne sais pas comment ils font pour laisser tomber les gens qui aiment cette série pendant deux ans… C’est pas vraiment ça qu’on appelle le respect du public.

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En ce qui concerne l’évolution de la série, South Park est devenu de plus en plus satyrique au fil des saisons, avec une vraie critique sociale et politique…

Christophe Lemoine, d’un air très solennel : Je vois ça comme l’évolution du temps.
Thierry Wermuth : Si on se réfère à ce que Kierkegaard a dit…
Christophe Lemoine : La Mandchourie sera notre dernier Eldorado…
Thierry Wermuth : Et donc ça résume toute l’évolution de South Park… On démarre effectivement sur les problèmes familiaux d’une petite ville du Nord des Etats-Unis… (William Coryn proteste) Oui, du Nord, je connais bien les Etats-Unis et South, en anglais, excuse-moi, ça veut dire Nord… (Christophe Lemoine approuve) et Park…
Christophe Lemoine : Oui, Park, comme ils étaient fans de rugby… Eden Park. Le Parc des Princes, en français. D’où la politique qui est abordée après la sculpturélisation…
Thierry Wermuth : …tout à fait spinosienne. C’est tout à fait clair et limpide.

C’est pour ça que vous n’enregistrez plus tous ensemble en même temps en fait, vous êtes intenables…

Marie-Laure Beneston : Oui c’est invivable !
Thierry Wermuth : Mais je pense pas que ça soit construit pour ça à la base. C’est juste une déconnade, mais c’est une déconnade intelligente. Certes, quelques fois ça l’est moins, et on est en droit de ne pas être d’accord, y a des trucs que je trouve parfois un peu faciles, ou qui peuvent me choquer, mais c’est pas le problème. Ils y vont, mais si c’était une critique sociale ou politique, je ne pense pas que la série aurait eu un tel succès. Parce que tout d’un coup ça serait la leçon de morale avec là les gentils, là les méchants, et si tu penses ça t’es gentil, si tu penses ça t’es méchant… Alors que pas du tout ! Ils se foutent de la gueule des gens, mais ils donnent pas de leçon.
William Coryn : Et ils se remettent eux-mêmes en question.

Et South Park est aussi toujours très lié à l’actualité, et ça sort toujours très rapidement après un événement, comme pour les élections américaines par exemple.

Thierry Wermuth : Oui, mais ils font tous ça dans les séries. Si tu prends une série comme Homeland, c’est pareil. Ils terminent la guerre en Irak, ils se retirent d’Afghanistan et ils font une série qui parle de ça. C’est ce qu’on n’a pas chez nous.

[quote_right] « Doubler South Park, même après 15 ans, c’est toujours de l’amusement, sinon les fans de la série s’en apercevraient »
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Justement, est ce que vous pensez qu’un jour on pourrait avoir quelque chose d’équivalent…

Thierry Wermuth : Ne me dis pas en France quand même ! En France on est toujours avec Mimi Mathy alors je vois pas comment…
Christophe Lemoine : Mimi Mathy qui pourrait tourner dans South Park d’ailleurs.
William Coryn : Y a un journal qui va sortir à partir du mois d’octobre, qui s’appelle Aaarg, avec des artistes français qui sont dans cette veine-là, dans le trash. C’est les descendants de Fluide Glacial, mais ça reste pour l’instant que du papier. Y aura certainement des suites déclinées en films ou en courts-métrages. C’est toute une culture, issue un peu de tous ces dessins animés trash comme South Park ou les Simpson, qui commence à émerger maintenant, qui est très créative et qui propose des choses… Comme d’ailleurs par exemple Christophe et Adrien, dont il faut soutenir la page…
Christophe Lemoine : Oui, la page Facebook Christophe et Adrien que je vous invite vraiment tous à liker… Mais par contre, Internet est un moyen de proposer un tas de choses complètement décalées et trash, ce qui n’existait pas y a 15 ans.

Et depuis 15 ans que vous doublez South Park et que vous faites dire les pires atrocités à des enfants, est ce que vous faites ça comme un boulot « normal » ou est-ce que c’est toujours de l’amusement pour vous ?

Thierry Wermuth : C’est toujours de l’amusement, sinon les fans de la série s’en apercevraient et se rendraient compte que quelque chose ne va pas si on trichait. On se marre vraiment, on rigole. C’est fatigant, mais c’est du bonheur, donc on va pas commencer à se plaindre… C’est du bonheur de faire ça.
Marie-Laure Beneston : Oui, c’est obligé, sinon ça serait sinistre. On ferait pas ce métier sinon.

Et pour vous, c’est une chance de travailler sur cette série par rapport à d’autres qui sont moins fun ?

Thierry Wermuth : Oui, mais c’est pas de la chance. On pense à nous pour certains trucs, on passe des essais, on est choisi, des fois on n’est pas choisi… C’est tombé sur celle-là mais on en a loupé d’autres… Sur South Park on prend du plaisir à se retrouver. Y a des séries qui peuvent nous plaire, mais pas forcément le cast. On respecte la personne avec qui on joue la comédie mais on n’a pas grand chose à partager. Sur South Park, c’est différent.

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Aujourd’hui on a tendance à privilégier la VO, sauf pour les séries animées comme South Park ou Les Simpson, ou certains fans regardent les épisodes en VO lors de la diffusion US puis à nouveau en français une fois les épisodes doublés. Ca vous fait plaisir de rassembler les fans, comme on a pu le voir ce matin pendant la conférence ?

Thierry Wermuth : Oui c’est extraordinaire.
Marie-Laure Beneston : C’est très touchant.
William Coryn : Y a un truc qui m’a fait très bizarre, c’est quand j’ai acheté un cadeau pour le superviseur artistique de la série pendant quelques années, et j’ai acheté un Towelie, mais j’ai vu que dans la boutique, il s’appelait Servietsky, le nom que j’avais inventé moi, ça m’a fait vachement bizarre.

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Est-ce que vous ferez les voix du jeu South Park, Le Baton de Vérité ?

Christophe Lemoine : Non, on n’a rien doublé, ne l’achetez pas !
William Coryn : Oui, il va falloir payer un DLC en plus pour avoir la version française.
Thierry Wermuth : Faites gaffe, c’est de la publicité mensongère, on n’a absolument rien enregistré, même s’ils disaient « avec les voix françaises » quand le jeu était en prévente… C’est faux. Pour l’instant, on n’a pas enregistré.

Un grand merci à la Comic Con Paris pour cet entretien, et aux comédiens de doublage d’avoir répondu à nos questions et eu la gentillesse d’enregistrer une impro pour les lecteurs de GentleGeek.

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Tags : ButtersCartmanChristophe Lemoinecomédien de doublagedoublageKennyKyleMarie-Laure Benestonsouth parkStanThierry Wermuthvoix françaisesWilliam Coryn
Marie

Gentle Geek Marie

POUET

2 commentaires

  1. c’était avant que game one décide de ne pas faire doubler la série pour gagner trois francs six sous.

    Game One n’à aucun respect pour ses spectateurs.

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