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Disparu des radars durant des années, « l’autre » XCOM est revenu sur les devants de la scène quelques mois seulement après la sortie de XCOM: Enemy Unknown, développé par Firaxis et sorti en octobre 2012. Rebaptisé The Bureau: XCOM Declassified, le jeu, développé par 2K Marin (Bioshock 2) se présente non pas comme un jeu de stratégie en tour par tour, mais comme un TPS qui emprunte pas mal à la concurrence… au point d’avoir du mal à se constituer une réelle identité. Le point sur un jeu original, mais plombé par de nombreux défauts.

Exit le monde moderne, voire futuriste, de XCOM: Enemy Unknown. L’intrigue de The Bureau prend place aux Etats-Unis, en pleine Guerre Froide : alors que le pays craint qu’une vague rouge venue de l’URSS ne déferle sur son patriotisme ambiant, la menace ne vient pas du froid, mais du ciel. Confronté à l’arrivée massive d’aliens hostiles, l’agent de la CIA William Carter se retrouve très vite au coeur d’un conflit qui le dépasse. Mais Carter, tête brûlée qui n’a plus grand-chose à perdre, se présente vite comme l’un des meilleurs atouts de l’Amérique face à ce problème inattendu : transféré au QG de ce fameux Bureau, Carter va, avec ses équipes, parcourir les Etats-Unis pour éradiquer la menace extra-terrestre.

Entre originalité et manque d’inspiration

Placer les extra-terrestres au coeur de la Guerre Froide et donner de l’épaisseur au bureau XCOM, dont on assiste ici à la création, s’avère être une idée intéressante et engageante pour les fans de la franchise. Si, ce point, le bilan s’avère positif, il ne l’est pas vraiment ce qui concerne une grande partie du reste du jeu.

William Carter, un type sympa (quand il veut)
William Carter, un type sympa (quand il veut)

 

En effet, difficile de ne pas pointer du doigt les multiples problèmes d’inspiration qui émanent de The Bureau: XCOM Declassified. A commencer par ses personnages, bien stéréotypés comme il faut : le héros de guerre ayant perdu sa famille et sombré dans l’alcoolisme, le latino rigolo, la badass de service mais qui sait se montrer élégante…  rien de bien neuf sous le soleil, et ça ne donne pas spécialement envie de s’attacher aux personnages. Un constat d’ailleurs renforcé par des dialogues souvent peu inspirés : entendre dire les agents « On ne peut pas rester là » 30 fois durant une mission, ou bien les entendre lancer un laconique « Le pauvre » face à un type qui se fait déchiqueter par les aliens, c’est assez moyen.

Bref, l’un des premiers soucis majeurs de The Bureau semble bien être son écriture globale, qui partait pourtant sur de bonnes bases, mais qui apparaît comme ayant été expédiée faute de temps. Dommage…

De bons emprunts à la concurrence

Pour ce qui est du gameplay et du level design, le niveau est un peu au-dessus du constat précédent… mais impossible de jouer à The Bureau sans penser à un autre TPS de type action-RPG : Mass Effect. En effet, une grosse partie du gameplay semble avoir été empruntée à la saga de Bioware. Heureusement, c’est assez souvent pour le meilleur.

Oh, une roue de dialogue, trop original !
Oh, une roue de dialogue, trop original !

 

Le gameplay de The Bureau se divise en deux parties distinctes : les missions sur le terrain et la gestion par le biais du QG. Dans le premier cas, on a l’impression d’être dans une forme de combat perpétuel façon Mass Effect, avec les roues de pouvoir et les déploiements stratégiques. Néanmoins, si l’influence est palpable, le gameplay de The Bureau est plus poussé que celui du titre de Bioware sur ce point, sans doute parce que c’est le principal mécanisme du jeu : la stratégie dans The Bureau est capitale pour la bonne réussite des missions. Une certitude renforcée par un level design efficace, qui offre de multiples approches différentes (très bon point), mais également une intelligence artificielle souvent à la ramasse, qui nécessite de donner des ordres fréquents aux équipiers pour qu’ils ne fassent pas n’importe quoi (mauvais point). On passe donc une bonne partie du temps à déplacer ses équipiers dans l’environnement et à leur donner des ordres pour vaincre les nombreux ennemis. Contrairement à XCOM: Enemy Unknown, tout se passe ici en temps réel, ce qui donne un effet nettement plus dynamique à l’action, ce qui n’est pas pour déplaire.

L’autre partie du gameplay tient plus du jeu de gestion, mais également de la découverte du background de l’histoire et des personnages. William Carter peut envoyer certains agents en mission indépendamment de ses propres actions, et peut se promener dans le QG pour discuter avec les différents personnages. Là, on a droit à des choix de dialogues qui rappellent… Mass Effect, bien sûr. Si les choix de dialogues n’influencent pas vraiment l’histoire comme dans le jeu de Bioware, l’inspiration est tellement évidente qu’elle pourrait presque frôler la copie éhontée.

3 personnages, trois roues qui s'étoffent au fil de l'expérience.
3 personnages, 3 roues qui s’étoffent au fil de l’expérience acquise.

 

Pourtant, on est ici plus proche de l’emprunt que du véritable vol d’idée : The Bureau s’inspire en effet fortement de la concurrence, mais sur certains aspects de son gameplay, c’est justifié. On se demande en effet comment le jeu aurait pu s’en sortir sans proposer les roues de pouvoirs dans la partie combat : c’est devenu tellement la norme ces derniers temps que cette décision s’avérait évidente. Si elle l’est un peu moins pour les roues de dialogue, le titre ne va pas jusqu’à copier le système d’influence poussé de Mass Effect, ce qui change la donne : vous serez nettement plus embêté si vous faites un mauvais choix lors d’une mission ou de sa gestion que si vous parlez bien ou mal à un autre personnage.

Des soucis de production palpables

Le fait que The Bureau: XCOM Declassified soit sorti dans les bacs relève déjà du petit miracle : en effet, en développement depuis plusieurs années, le titre avait presque été oublié de tous, et ceux qui y pensaient encore n’auraient nullement été étonnés de le voir tout bonnement annulé. Son retour sur le devant de la scène, quelques mois avant sa sortie et sous un autre nom – il se nommait tout simplement XCOM lors de son annonce en 2010 – laissait présager une accélération du développement et des revirements artistiques. Au final, si le jeu a gardé son ambiance sixties, il est assez évident que 2K Marin a manqué de temps pour peaufiner son bébé : les graphismes accusent quelques années de retard, et l’animation est plutôt rigide. La lip-sync est également faillible, mais il est assez difficile de savoir si c’est un problème de doublage ou si le problème est également visible en VO. Quant à l’optimisation, elle est pour ainsi dire inexistante : sur PC, alors que le jeu tourne sur une config modeste, il accuse d’inexplicables baisses de framerate. C’est déjà agaçant dans la base de XCOM mais, en plein combat, ça peut vous coûter la victoire.

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J’ai comme un mauvais pressentiment…

 

Sans doute sorti pour surfer sur la vague XCOM initiée par le reboot de la franchise fin 2012, The Bureau n’est donc pas sans défaut, bien au contraire. Pour autant, tout n’est pas à jeter et le jeu s’avère agréable à jouer, et même moins horripilant sur certains aspects que Enemy Unknown : le temps réel permet de ne pas s’arracher les cheveux sur des tirs réussis injustement en passant à travers les murs, par exemple… on se console comme on peut !

The Bureau pourra donc faire un bon petit titre lors d’une période d’accalmie vidéoludique, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le jeu est sorti fin août, car il n’a clairement aucune chance contre les blocbusters de fin d’année. Néanmoins, une petite baisse de prix (le titre est disponible pour une trentaine d’euros sur PC) en fera sans doute rapidement un achat malin pour les fans du genre.

[styled_box title= »Fiche technique » class= »sb_orange »]The Bureau: XCOM Declassified Développeur : 2K Marin Australia Editeur : 2K Games Support : PC, PS3, XBox 360 Date de sortie : 23 août 2013[/styled_box]

 

Tags : 2K Games2K MarinThe Bureau: XCOM Declassifiedxcom
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

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