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CheapThrillsDVDVu au PIFFF 2013, où il a par ailleurs remporté l’Oeil d’Or, le grand prix décerné par le public, Cheap Thrills a fait sensation dans pas mal de festivals de cinéma, avant de finir sa course avec une sortie en DTV en France. Ce qui est bien regrettable pour ce premier long-métrage d’E.L. Katz, tourné en une douzaine de jours seulement, avec un budget très serré et servi par un casting brillant. 

LE FILM

Père et mari modèle, Craig (Pat Healy) perd son travail de garagiste et reçoit un avis d’expulsion dans la même journée. Alors qu’il noie son désespoir dans l’alcool au bar du coin, il croise Vince (Ethan Embry), un ami d’enfance perdu de vue quelques années plus tôt. Alors que les deux anciens potes trinquent, ils sont abordés par Colin (David Koechner) et sa magnifique femme Violet (Sara Paxton), qui vont leur proposer de passer la soirée avec eux, pour un jeu qui va vite dégénérer…

« Attention chéri, ça va trancher ! »

Jusqu’où iriez-vous pour de l’argent ? C’est la question que pose E.L. Katz dans ce premier long-métrage, Cheap Thrills. Critique sociale noire et violente, mais non sans humour, le film joue sur les oppositions, en mettant en scène deux binômes issus de différentes classes sociales : le couple de riches blasés pervers et les deux prolos en galère d’argent. Les personnages de ces couples sont eux-aussi totalement opposés. Le caractère de Violet, avec sa beauté froide et sa moue blasée est aux antipodes de celui de Colin, bien trop sympathique et avenant. Craig est un père et mari modèle, presque coincé, alors que Vince assume son passé de taulard et continue à vivre comme une petite frappe. Tout ce petit monde est très bien interprété, dans un quasi-huis clos très bien maîtrisé. On assiste à une escalade dans la violence des défis posés et à un crescendo dans l’horreur, allant de petits paris inoffensifs en humiliations et véritables dilemmes où il faut être le premier à agir pour toucher quelques dizaines ou centaines de dollars. La violence est certes physique (mais pas toujours, car elle se passe parfois hors-champ), mais elle est surtout psychologique, avec nos deux prolos, libres de partir quand ils le souhaitent, mais qui restent dans le jeu et repoussent leurs limites pour le simple appât du gain. Véritable équilibriste, E.L. Katz parvient à maintenir la tension tout au long du film et ne laisse pas de temps mort, avec des rebondissements qu’on ne voit pas toujours venir, même si le final est un peu prévisible. La bonne grosse dose d’humour noir est bienvenue et permet un recul nécessaire pour éviter que le film ne sombre dans le torture porn outrancier.
Avec cette critique acerbe de la société et de la nature humaine, qui n’est certes pas la plus fine qui soit, E.L. Katz signe un premier film efficace et rentre-dedans, sans concession et jusqu’au-boutiste.

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LES BONUS

Le trailer du film et un making-off de près de 40 minutes complètent cette édition de Cheap Thrills. Ce petit documentaire sympathique montre les conditions de tournages difficiles (un douzaine de jours seulement, avec un budget très serré et en pleine canicule à Los Angeles, avec pannes de courant en prime) et ne fait pas dans la langue de bois à base de « j’adore travailler avec Machin, c’est un réalisateur génial… ». Le film montre les réussites et les bons moments de tournage, mais aussi les galères et le découragement de certains… On assiste aussi la projection du film en avant-première à Los Angeles, avec les réactions du public, et en prime, celles d’Elijah Wood qui nous dit tout le bien qu’il pense de Cheap Thrills.

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Encore une fois, Luminor, qui avait sorti ABC’s of Death et qui s’occupe actuellement de la tournée en salles de Goal of the Dead, semble être l’éditeur à suivre en matière de films de genre et de petites perles qu’on aurait pu rater, faute de sortie au cinéma !

 

Cheap Thrills, E.L. Katz, sortie le 23 avril 2014 chez Luminor, 16€99 (prix conseillé)

Tags : Cheap ThrillsDavid koechnerE. L. KatzEthan EmbryPat HealySara Paxton
Marie

Gentle Geek Marie

POUET

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