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Redécouvrez le mendiant.


Sorti en février 2009 au Japon et en juin 2010 en Europe, Demon’s Souls s’est vite imposé comme un action RPG de référence sur la console de Sony. Le jeu a particulièrement séduit par son ambiance lugubre, son gameplay aux petits oignons et bien sûr sa difficulté devenue légendaire. C’est avec une grande joie mais également une grosse montée de stress que les fans de DS ont accueilli l’annonce de l’arrivée de Dark Souls, « suite dans l’âme » de l’idole des HCG. Le challenge est relevé : prendre la suite d’un jeu culte détesté par les « casual gamers » et adulé par les autres. Alors, est-ce que Dark Souls est le nouveau rêve des sado-masos ou juste un petit add-on « easy » qui surfe sur la vague d’un premier opus surprise ?

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Le prologue du jeu met tout de suite dans l’ambiance !

La meilleure incarnation de la Dark Fantasy en jeu-vidéo

Comme son illustre ainé, Dark Souls fait partie des rares titres qui dégagent une atmosphère unique dès les premiers instants de jeu. Le bébé de From Software offre une ambiance à la hauteur des meilleurs oeuvres de Dark Fantasy. Pour résumé, c’est Berserk en jeu-vidéo ! L’univers est très sombre, l’atmosphère est froide, oppressante, malsaine. Les créatures que l’on rencontre sont à la fois fantastiques et horribles. Les monstres hideux ont une apparence aussi écoeurante que leur puissance. Des cadavres plus ou moins complets jonchent les environnements glauques que l’on traverse. Les PNJ que l’on croise ça et là dans l’aventure sont inquiétants, parfois mauvais, et les dialogues sont aussi brefs que légers, à l’image d’un scenario qui reste discret. On ressent une vraie solitude dans les chateaux gothiques ou les grottes sombres que l’on parcourt. L’ambiance musicale est sobre, et dès qu’une musique fait son apparition, on ressent un stress immédiat car on sait pertinemment que la mort approche. La mort est omniprésente dans un jeu où la seule façon de survivre est de récolter un maximum d’âmes de défunts. Le héros que l’on contrôle est un mort-vivant d’aspect cadavérique. On est complètement déshumanisé, rien qu’au travers du terme employé pour désigner le héros : carcasse. Un bout de viande prêt à être dévoré par tout ce qui passe. Sans arrêt, on côtoie la mort, on la frôle, on la rencontre des centaines de fois.  Dark Souls réussit l’exploit d’incarner son univers oppressant dans toutes ses facettes : du scenario au gameplay. Rien que pour ce point, il vaut le détour.

Essayez de grimper sur ce colosse là... vous allez vite comprendre que SotC c'est pour les bisounours
Personnalisez votre zombie

Comme dans tout bon jeu de rôle qui se respecte, on commence Dark Souls en créant son personnage. Le jeu nous propose une grande palette de classes différentes : guerrier, chevalier, voleur, aventurier, bandit, chasseur, sorcier, pyromancien, clerc et l’improbable mendiant, qui nous fait débuter le jeu en slip avec une massue et un bouclier en bois. Comme si From Software voulait voir si on avait les couilles de relever le challenge. Petit défaut : la personnalisation du personnage se limite à quelques coupes de cheveux et des visages pré-définis. On est loin du (de la) Shepard(ette) de Mass Effect ! Mais on réalise vite que ce détail n’a que peu d’importance vu que votre avatar ressemblera à un mort-vivant pendant les 3/4 du jeu.  Chaque personnage se joue très différemment même s’il est possible de le développer comme on veut par la suite. Le voleur est chétif mais agile alors que le chevalier est doté d’une grosse armure mais ne peut pas se déplacer rapidement ni faire de vraies roulades. Chaque détail compte et il ne faut pas plus de 5mn de jeu pour saisir les avantages et les défauts d’une classe, à travers une mort violente. Les compétences sont classiques dans un RPG : force, vitalité, dextérité, endurance… Mais cette fois-ci, on n’a le droit qu’à un seul point à attribuer par niveau. Autant dire qu’il vaut mieux éviter de faire trop de conneries…

Un gameplay mortel !

Dans les grosses lignes, le gameplay est quasi-similaire à celui de Demon’s Souls. On retrouve quelques skills supplémentaires comme le backstab ou l’attaque aérienne, mais pour le reste, c’est pareil et c’est tant mieux. Disons le tout de suite : le gameplay de Dark Souls est exceptionnel. Rares sont les jeux qui ont su aussi bien allier simplicité et efficacité. Le joueur a la possibilité d’attribuer deux équipements dans chaque main. On peut mettre par exemple et pour faire simple un bouclier sur la gauche, une épée à droite. Il suffit ensuite de manier l’ensemble avec les boutons L et R. C’est aussi instinctif que de jouer au tennis avec une wiimote. Du Diablo dans un A-RPG ! On saisit ensuite très rapidement que la barre de vie est faussement longue puisque la moindre attaque vous ôtera la moitié de vos HP. Un coup de massue d’un boss de 2 mètres vous tuera instantanément. La barre d’endurance est également quelque chose à cerner très vite. Le moindre bond en arrière, petit coup, ou attaque déviée avec le bouclier réduit celle-ci d’un bon quart. Si elle est vide : vous ne pouvez plus rien faire. Il faut donc peser chacun de ses gestes pour éviter la catastrophe. Les combats sont simplement épiques. De nombreuses armes (épées, lances, cimeterres, haches, masses…) sont disponibles et changent radicalement la façon d’aborder les batailles. La maîtrise du jeu nécessite à la fois de la patience, une bonne connaissance de son allonge et un sens du timing très développé. Certains ennemis équipés de bouclier vont attendre bien sagement que vous attaquiez pour vous balancer un contre dans la face. Il faut alors provoquer, feinter, trouver la faille. Un délice. Chaque combat demande une concentration extrême et le moindre écart vous condamnera à une blessure profonde si ce n’est une mort certaine. Néanmoins, les développeurs ont eu l’incompréhensible gentillesse d’offrir les fioles d’estus, des potions de vie qui se récupèrent à chaque  passage aux feux de camp, petits havres de paix éphémères bien moins sécurisants que le Nexus de Demon’s Souls. De même, le fait d’être mort ne vous condamne plus à évoluer avec la moitié de vos HP. Ce petit geste gentil est compensé par un plus grand nombre d’ennemis à affronter à la fois…  Dark Souls nous laisse libre de développer notre personnage comme on veut. Le stuff est toujours aussi riche et varié et les objets de qualité sont nombreux. Néanmoins, n’allez pas croire que vous looterez du lourd sur le premier mob venu. Chaque pièce d’équipement est donné à ceux et celles qui le méritent. Attendez vous à fouiller de longues heures une zone infestée de pièges pour trouver votre bonheur. Sinon, d’autres équipements se trouvent cachés derrière des ennemis bien plus forts que vous ne le serez jamais. Elément essentiel de Demon’s Souls, les âmes sont toujours le nerf de la guerre de ce nouvel opus. Avec elles, vous pourrez acheter du matériel au prix fort auprès de marchands mesquins, grimper de niveau pour « renforcer » la frêle poupée qui vous sert de héros et bien d’autres choses. Autant dire qu’elles sont importantes !

Au début, vous direz que les arcs ne sont pas épiques. Mais après vous tuerez les boss en vous planquant derrière un rempart...
Dark Souls : adjectif qualificatif. Synonymes : difficile, exigeant, impossible…

Qu’on soit clair : Dark Souls, c’est pas pour les lopettes. C’est du bon gros jeu pour Hardcore Gamers qui en veulent. Le jeu de From Software est dans la lignée des Ghost’n Goblins, des jeux très exigeants qui nécessitent des centaines d’essais avant d’arriver au bout. Ceux qui ont des problèmes d’égo et qui mettent tous leurs jeux en facile pour se gargariser de leurs skills peuvent passer leur chemin : on parle ici d’un jeu qui vous prend aux tripes, qui demande patience, sang froid, courage, voir même de l’humilité. Petit exemple personnel : en tant que vétéran de DS, j’ai commencé à jouer avec la plus grande prudence nécessaire à ce type de jeu. Mon relatif succès m’a fait penser que le jeu était plus facile que son aîné. Une arrogance qui s’est très vite traduite par une série de morts violentes données par des mobs « innocents ». Le jeu est truffé de pièges en tout genre, d’ennemis bien planqués qui vous backstaberont sans pitié. La difficulté est bien entendu magnifiée par un level design aussi pervers qu’ingénieux. Les développeurs ne vous font aucun cadeau. Si vous mourrez, retour au dernier feu de camp ! Tous les monstres rencontrés seront bien entendus de retour. La mort fait d’autant plus monter la pression que si vous ne parvenez pas à retourner à votre cadavre du premier coup vous pouvez dire adieu à vos préciseuses âmes. Et n’espérez pas recharger votre sauvegarde, le jeu fait des sauvegardes automatiques quasiment tout le temps. Autant dire que la sortie de Dark Souls va permettre à Sony et Microsoft de vendre quantités de manettes neuves… D’un autre côté, l’obstination, le courage et le travail sera récompensé par des objets rares, mais surtout par une grande gratification. Une fois un boss terrassé, une belle mention « vous avez vaincu » soulignera ce sentiment de devoir accompli que l’on ressent en jouant à Dark Souls. Un vrai triomphe à la romaine à la hauteur du challenge. Comme quoi, le jeu-vidéo c’est comme l’éducation : pour faire quelque chose de ses mômes il faut se montrer sévère et exigeant.

Ennemi pourri mais mort certaine. Bienvenue sur Dark Souls !
La souffrance à plusieurs, c’est vraiment meilleur !

Comme dans DSDark Souls a repensé le multijoueur pour nous proposer un mode online intelligent, fin, parfois même tordu. A la fois détestable et salvateur, le multijoueur de Dark Souls est un élément indispensable pour apprécier le jeu dans sa plénitude. Globalement, en solo, on se sent un peu seul dans ce monde froid et rude. En étant connecté, c’est bien plus entrainant car, à la manière des cyclistes qui se suivent pour tenir un rythme de course, on est accompagné par les autres joueurs qui partagent la même souffrance qu’on endure pour venir à bout des dongeons du jeu.  Les petits messages posés par les joueurs sont de nouveau de la partie. Ils se limitent une nouvelle fois aux choix proposés par l’ordi. On découvre alors que les joueurs de ce jeu ont un grain : parfois, on se retrouve face à de gentilles alertes qui nous préviennent d’une mort imminente. D’autre fois, des « trésors droit devant » vous entraineront au fin fond d’une falaise ou dans les bras d’un monstre immortel. Bande de sadiques. Certains messages ne manquent pas d’humour comme le fameux « Faiblesse : derrière » devant un cadavre de zombie penché en avant… Les fameuses tâches de sang ont aussi fait leur retour. A la manière des Experts, les scènes de crimes sont parfaitement reconstituées. On peut ainsi voir les derniers instants d’un de nos camarades de torture. Parfois, ça aide à visualiser une situation potentiellement dangereuse. D’autres fois, ça fait vraiment rigoler de voir les morts connes des joueurs les plus maladroits… jusqu’au moment où ça nous arrive ! La vraie nouveauté vient des bien nommés point d’humanité. A la manière des pierres d’yeux éphémères de Demon’s Souls, ils vous permettront de ressusciter (c’est à dire : reprendre forme humaine et non retrouver son corps automatiquement !)… mais aussi d’invoquer d’autres joueurs pour vous venir en aide ! Evidemment, ces fameux points sont extrêmement rares et précieux. Ne pensez pas invoquer des potes toutes les 5 minutes. La survie se fait seul, avec parfois quelques rencontres plus ou moins fortuites. Il y a du Walking Dead dans ce jeu ! Particularité perverse du multi : les joueurs peuvent envahir votre univers et vous faire passer de vie à trépas en quelques instants. De quoi péter un plomb. Le multijoueur est donc à l’image de ce jeu : une histoire passionnée dans laquelle on aime à la folie avant de hair plus que tout.

Le Nyan Cat fait un caméo inattendu dans cet univers anti-féérique.

Quelques points « dark »…

Dark Souls n’est tout de même pas dénué de défauts. Esthétiquement, le jeu est nettement plus beau que son prédécesseur. Néanmoins le moteur Havok est tout de même vieillissant. Les effets de lumières sont vraiment too much avec un aspect « brillant » qu’on n’est plus habitué à voir. Les animations ne sont pas toujours géniales non plus. Agile ou pas, le personnage peut paraitre pataud voir lourdingue. D’un autre côté c’est le côté hardcore qui veut ça… Mais parfois, quelques bugs agaçants viennent gâcher le plaisir. Le pire exemple est sans doute le bug récurrent qui permet aux ennemis de nous tuer au travers des murs, ce qui n’est franchement pas cool compte tenu de la difficulté déjà inhumaine du jeu. Quand je disais que la mort nous suivait partout dans ce jeu, c’était vrai au sens figuré… comme au sens propre ! En effet, les cadavres des ennemis ont une fâcheuse tendance à rester coller au pied du héros, qui traine ses adversaires décédés sur 10 mètres. On vous dit que les ennemis sont tenaces…  Il faut quand même noter que ces petits bugs n’enlèvent en rien à la qualité du titre. Toutefois, la plupart d’entre eux étaient déjà présents dans Demon’s Souls, on aurait pu espérer une amélioration à ce niveau là. Encore un point que les rageux qui ne parviennent pas à passer le premier boss pourront souligner pour cracher sur ce chef d’oeuvre incompris.

Vous ne verrez plus jamais les mendiants de la même façon.

Conclusion

Digne successeur du jeu culte Demon’s Souls, Dark Souls parvient à magnifier son illustre ainé. Bien plus beau, plus abouti, plus éprouvant, Dark Souls est le jeu qu’attendait les hardcore gamers, qui pourront s’en donner à coeur joie. Jeu exigeant mais gratifiant, Dark Souls est une expérience que tout amoureux du jeu-vidéo se doit de tenter. Malgré les tentations que le succès aurait pu provoquer, From Software n’a pas sacrifié son bijou devant l’autel du grand public en offrant un jeu sans concession, qui plaira comme il dégoutera, à prendre ou à laisser. Les moins courageux seront forcément écoeurés dès les premières heures. Les autres seront une classe à part, ceux qui l’ont fait, de vrais vétérans qui ne seront compris que de leurs semblables. Un développeur qui a le courage d’assumer un vrai parti pris, ça se respecte. Dark Souls est à la chevalerie ce que Fifa 2012 est au football : une vraie simulation. Masochistes, aventuriers, vrai héros cachés dans un geek… foncez !

Disponible le 7 octobre sur PS3 et XBox 360

Le test a été réalisé sur PS3. Les premiers échos sur la version XBox 360 font état de bugs d’affichage et de chute de frame rate récurrents. A confirmer !

Tags : berserkDark SoulsDemon's SoulsFrom SoftwarehardcoreHardcore gamingPS3testwalking dead
Russ

Gentle Geek Russ

It is not enough that I should succeed – others should fail.

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