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Si, avec Batman Begins, Christopher Nolan n’a pas réellement révolutionné le film de super-héros, The Dark Knight a fait l’effet d’une petite bombe à neutrons en 2008. Attendu depuis comme une sorte de messie, The Dark Knight Rises sort aujourd’hui sur nos écrans.

Petit rappel : à la fin de The Dark Knight, Batman et Gordon créent un mensonge, afin de ne pas annihiler l’espoir des habitants de Gotham : c’est le chevalier noir qui a tué les officiers de police assassinés par Harvey Dent, ainsi que ce dernier. Blessé et traqué, il s’enfuit, et disparait.

The Dark Knight Rises commence huit ans plus tard. Si la « loi Dent » a permis de nettoyer les rues de Gotham, la situation n’est pas rose pour autant. Et c’est dans ce contexte que Bane, mystérieux mercenaire, vient mettre son (gros) grain de sable.

Je n’en dirai pas plus, cette critique se veut sans spoiler !

2h44 de film. On peut se demander si le film ne comporte pas quelques longueurs qui pourraient nuire à son rythme… Mais si d’aucuns pourraient trouver l’histoire un poil longue à se mettre en place, on ne s’ennuie pas pour autant. La séquence d’ouverture nous plonge directement dans le bain, et la tête la première. On n’en ressort qu’à la fin du film.

En se penchant sur le casting de ce nouvel opus, on ne peut s’empêcher de remarquer à quel point il ressemble à celui de Inception, dernier grand succès de Nolan. On en retrouve en tout cas la qualité : Hardy est terrifiant, inquiétant en Bane, Hathaway intrigante, Gordon-Levitt intéressant et amusant. Son rôle apporte une certaine fraicheur au film.
Marion Cotillard non plus ne commet pas de faux-pas, mais son personnage soulève un léger défaut du film : le traitement des personnages. Tous ne sont pas égaux sur ce point, loin s’en faut. En effet, si Wayne/Batman est bien évidemment fouillé, on regrette que le personnage de l’actrice française ne soit pas plus développé, malgré l’importance de son rôle. Bane est pour sa part entouré d’un mystère saisissant qui se dévoile petit à petit, pour notre bonheur de spectateur. L’un des personnages principaux possède en revanche une fin qui pourra « surprendre » par sa brièveté. On regrette aussi la quasi-absence d’Alfred, qui savait toucher le spectateur ou le faire rire tout au long du film.

Le scénario, lui, nous emmène à des lieues de ce qu’on aurait pu imaginer. Je tiens à préciser qu’après avoir regardé le tout premier trailer, j’ai fait voeu de chasteté et n’ait point regardé images, infos, bandes-annonces, synopsis, et j’en passe.
Batman tombe bas, plus bas qu’on aurait pu le penser. Et la dimension épique, pourtant déjà impressionnante dans les deux derniers opus, est ici poussée à son paroxysme.
Le film ne manque pas de références aux opus précédents, notamment à l’aide de flashbacks issus de ces derniers. On remarque d’ailleurs qu’au niveau de l’histoire, le lien est plus fort entre The Dark Knight Rises et Batman Begins, là où l’influence de The Dark Knight se sent plus dans les personnages

Au niveau du style, que du bonheur. On sent que Nolan s’est encore amélioré sur les scènes de combat. Là où elles étaient quasiment illisibles dans Batman Begins (parfois à dessein), et parfois un peu brouillonnes dans sa suite, on peut voir dans celles de TDKR toute la brutalité qui en émane. La scène de combat entre Batman et Bane dans les égouts est tout bonnement incroyable. Le spectateur ressent les coups à mesure que le Chevalier Noir les encaisse.
On peut en revanche se demander si la scène d’amour entre Wayne et Tate ne fait pas un peu tâche… Peut-être aussi parce que c’est la première du genre dans la trilogie. Après tout, qui sommes-nous pour refuser un peu de réconfort à notre héros ?

Le thème de la dualité Bat/Bruce prend ici un autre tournant : on n’a plus l’impression de voir Wayne comme un masque que Batman s’impose. Ici, c’est bien Wayne qui reprend le dessus, abattu par la mort de Rachel et le sort de Dent.
Certains voient The Dark Knight Rises comme porteur d’un message politique, qui avertirait les puissants qu’on ne peut oublier le peuple. Pour ma part, il n’en est rien. Principalement parce que la « révolution » initiée par Bane terrorise les citoyens, que nous ne voyons pas sortir de chez eux. Les vilains, eux, n’ont pas attendu qu’on le leur redemande…

La musique est certainement l’un des points décevants de ce dernier opus.
Pour les deux précédents numéros, c’était le duo Zimmer-Newton Howard qui se chargeait de la bande originale, le premier sur les passages Batman, le second sur les passages Wayne, ceci afin de renforcer le sentiment de dualité.
Mais Howard n’a pas voulu revenir sur TDKR, car il pensait être la « cinquième roue du carrosse », après la puissance de la collaboration entre Nolan et Zimmer sur Inception. Et on le sent. Qui plus est, lors des plus grosses scènes d’action, la musique de Zimmer peut parfois apparaître plus comme un vacarme en fond qu’une vraie musique dont on discerne la mélodie comme dans TDK, par exemple. Ici, on n’entend parfois que les battements de tambours. Rien de vraiment dramatique non plus, puisqu’à eux seuls, ces battements vous entrainent dans l’action comme si vous y étiez. Mais petite déception…

Les + :
– Un film qui en fait énormément
– Des scènes incroyables
– Des idées fantastiques (le tribunal…)
– Une dimension épique indéniable
– Une vraie fin à Batman
– Un clin d’oeil final magistral

Les :
– Un film qui peut donner l’impression d’en faire parfois un peu trop
– Certains personnages pas assez développés, l’un à fin décevante
– Un méchant pas aussi frappant que le Joker
– Quelques idées un peu téléphonées
– Certains seront déçus de voir un film plus long que TDKR avec moins de Batman. Certains, pas tous.

Alors, non, ne vous méprenez pas : The Dark Knight Rises n’est pas un film moyen. Il est très bon, excellent, même. Mais, comme tout film, il n’est pas exempt de défaut, pour la plupart subjectifs. Si vous cherchez une conclusion épique à la saga du Chevalier Noir, elle est là. Mais la claque n’est pas à la hauteur de celle que fût The Dark Knight en 2008, même si Nolan nous sert un film totalement différent des deux autres (aussi différents l’un de l’autre, d’ailleurs). Plus proche de Batman Begins, il nous amène même à nous demander si ce n’est pas plus à lui qu’il fait suite, et pas seulement du point de vue scénaristique. Très bonne suite, mais qui a le malheur d’arriver après un deuxième opus exceptionnel, et avec lequel elle ne rivalise pas vraiment.
Il est en tout cas certain que je ne m’arrêterai pas à une seule séance !

Tags : batmanbatman beginsChristopher NolannolanThe Dark KnightThe Dark Knight Rises

13 commentaires

  1. Marrant, en terme de message politique, j’aurai plutôt vu le contraire. Un avertissement au peuple quand au danger du chaos tandis qu’une société ultra-sécuritaire est tellement plus facile à vivre.^^
    Très bon film. Parfaitement maîtrisé de bout en bout. Alors je fais partie de ceux pour qui un film de plus de 2h00 commence à faire long mais en même temps, ici, tout y a sa place, y a pas de scènes inutiles, on ne peut vraiment pas (enfin, en tout cas je ne peux pas) lui reprocher sa longueur. Juste que voir un film de 2h44 après le boulot, c’est dur. XD
    Sans compter que y a pas beaucoup de fantaisie dans ce Batman (le Joker du Dark Knight en apportait au moins). Y a des petites pointes d’humour mais le film est surtout brut de décoffrage. Perso, je l’ai vu une fois et ça me suffira. Même si le film était très bien, j’ai du mal à voir ce qu’il m’apporterait à un second visionnage. En terme d’ambiance, et même si j’ai aimé le film et ses perso, j’ai pas vraiment accroché à cause de ce manque de fantaisie.
    Mais dans son style, c’est très réussi. C’est du bon cinéma. Mention spécial à Bane qui est super impressionnant et très intéressant comme personnage.
    Par contre, j’ai pas spécialement aimé les scènes de combats. Je les ai trouvée un peu molles.^^ »

  2. Je suis d’accord, chaque scène a sa place. J’ai parlé de longueur à cause de remarques entendues dans la salle, d’où le « d’aucuns », ou « certains » ;)
    Quant à la fantaisie, c’est net, on se tient pas vraiment les côtes, dans celui-ci !
    Personnellement, j’avoue que le deuxième visionnage était essentiel pour moi. Je suis toujours un poil déçu, mais cette fois définitivement convaincu de la qualité du machin.
    Dommage que le scénario ne soit finalement pas vraiment propre à Batman et un peu interchangeable.

  3. Oups, je me suis mal exprimé. ^^ Je ne m’attendais pas non plus à me tenir les côtes. ^^ Quand je parlais de manque de fantaisie, de film brut, je voulais surtout dire qu’on sentait que le Batman de Nolan, c’est du sérieux, malgré les petites touches d’humour. Mais pas de rêve (façon Burton), pas d’atypie vraiment marquante (comme le Joker du 2) qui fait que j’y reviendrai. Comme tu le fais remarquer, ça aurait pu être un autre que Batman et c’est tout à fait ça. On ne sent pas « l’ambiance Gotham », c’est sans doute cela qui m’a gêné.^^

  4. Attention, commentaire spoiler !

    Je rejoins un peu ce que dit Baba, c’est un bon film mais je n’irai pas le voir deux fois. Il est loin d’être aussi fou que TDK, qui était extrêmement pessimiste et sombre d’un bout à l’autre, surtout dans sa fin. Le début est très bien, assez glauque, triste, on retrouve bien l’univers de TDK comme s’il avait « germé »…. mais après ça tourne un peu au bullshit et tout va très vite, trop vite, ce qui est assez paradoxal pour un film de 2h40 avec quelques longueurs. Finalement, le début du film reprend TDK et la fin BB (avec tous ses défauts d’ailleurs). Je suis un peu déçu par Bane aussi. Je m’attendais à un Tyler Durden torturé et flippant, on a finalement un Stéphane Hessel romantique sous créatine…

    Ce qui me gêne vraiment dans ce film, c’est son côté réactionnaire. On est dans une société où les tensions sociales sont exacerbées et où une vague se met doucement à se dégager de la société (les « indignés » etc.). Le film montre que si la révolution arrive, on aurait une Terreur révolutionnaire (avec Crane en Robespierre…). Même Catwoman et ses propos super forts sur l’inégalité de la distribution des richesses retourne complètement sa veste et rejoint les bons CRS qui mettent de l’ordre dans tout ça, quitte à « passer au dessus de ces règles qui font gagner les méchants ». On est dans de la pure justification des crimes post-11 septembre et c’est franchement nauséabond.

    « La scène de combat entre Batman et Bane dans les égouts est tout bonnement incroyable. Le spectateur ressent les coups à mesure que le Chevalier Noir les encaisse.
    On peut en revanche se demander si la scène d’amour entre Wayne et Tate ne fait pas un peu tâche… » ==> Un peu spoil quand même lol

  5. Vite fait, le spoil, tout le se doute qu’ils vont se mettre sur la gueule. Pour Cotillard déjà un peu plus, mais là aussi, on s’en doute un peu…
    Quand au côté révolutionnaire, je ne suis pas d’accord. Dans le film, on dirait que ne prennent part à la « révolution » seulement les criminels et les mecs de la ligue. Et même si ce n’est pas le cas, ce sont ces derniers, qui dirigent le truc, justement pour maintenir un climat de terreur pour garder le contrôle jusqu’à la fin. Et si Catwoman rejoint les autres, ce n’est pas qu’elle retourne sa veste. C’était les aider à sauver Gotham et ses habitants (dont les laissés pour compte qu’elle défend), ou s’enfuir.
    Par contre, oui, le coup de la loi Dent, qui prive les prisonniers liés à la pègre de liberté conditionnelle/sur parole… Disons qu’il y a du pour et du contre. On peut imaginer que c’est applicable dans un cas de récidive. Et puis, après ce qu’on a vu de Gotham dans les deux derniers opus, on peut comprendre que c’est une loi exceptionnelle à conditions exceptionnelles. Menfin, ce n’est certainement pas là-dessus que je vais me fixer pendant le film, ce n’est pas son propos.

  6. En fait ce qui me gêne le plus, c’est que le film est trop « optimiste » et ne va pas assez loin dans son propos. Dans TDK, le Joker essaye de montrer que personne n’est infaillible et que l’être humain est fondamentalement « mauvais ». La déchéance d’Harvey Dent tend à prouver qu’il avait raison. Le film terminait sur le fameux mensonge et c’était super fort : Batman finissait totalement impuissant. Bon évidemment, la pauvre scène des bateaux avec les prisonniers vient un peu « gâcher » tout ça, c’était selon moi le seul défaut du film. C’est toute cette ambiguité qu’on ne retrouve pas dans TDKR. C’est hyper manichéen, ça ne va pas assez loin dans le propos social qui est pourtant proposé par un personnage « gentil » au début du film (Catwoman), alors que c’est vraiment d’actualité. Au final, l’histoire de la ligue des ombres rend un côté très conventionnel au film, il ne va pas aussi loin. J’en attendais surement trop d’ou ma déception. Après sur le traitement du super héroisme et des difficultés physiques et morales que ça entraine, le film est superbe.

  7. On est totalement d’accord sur ce point. C’est ce qui manque un peu à cet opus, et ne lui permet pas de rivaliser avec TDK…
    Mais j’ai quand même trippé à mort devant. J’y retourne une troisième fois Lundi, pour avoir la VO, cette fois, et je vais encore passer 2h44 de folie, malgré tout.

  8. Par contre, en quoi trouves-tu que la scène des bateaux nuit à TDK ? Je la trouve plutôt réussie, même si, évidemment, un poil cliché…

  9. Hum Russ je ne suis pas du tout d’accord avec tes propos. D’une par parce que tu évoque la révolution, un soulèvement populaire alors que c’est un coup d’état terroriste, ça n’a juste rien à voir. Certain en profite (les cinglés comme Crane, l’ancienne pègre de Gotham. Selina Kyle ne se range pas du côté des CS, loin de là, c’est une incompréhension totale du film là par contre. Catwoman est pour une égalité sociale, un justice équitable, une « robin des bois » comme dit Batman à un moment donné, et ce putsch est le contraire même des idées qu’elle défend. A aucun moment elle n’a trahit sa cause. De même Bane est complètement en adéquation avec le comics, pourquoi veux tu un personnage torturé alors que l’essence même de Bane sa une volonté d’acier; il sait ce qu’il fait, où il va, étudie les paramètres avant de se lancer. Lui donner un aspect Taylor Durden n’aurait que parodié le personnage. De plus, il est difficile de le comparer au Joker. Celui ci ne s’entourait que de personnes assez dingues pour le suivre, et n’hésitait pas à les tuer quand l’envie l’en prenait. Bane c’est l’inverse, les gens sont endoctrinés par le personnage et se battrait pour mourir de ses main, il est vénéré (du moins ce qu’il représente, la voix des Hombres, presque semblable à une secte, voire plus loin : une idéologie fanatique) dans la plus pure tradition du Ras et c’est bien ce qui le rend effrayant, ajouté au fait que ce soit une véritable brute.

    De plus les fans de Batman sont comblés de découvrir des éléments connus du comics mis en avant de façon très intéressante : la prison de Bane est en réalité un Puits de Lazare par exemple… C’est aussi subtile que délicieux !

    Le film va très loin et selon moi dépasse largement le fond et la forme de TDK.

  10. Pas tellement, au début du film Catwoman parle bien d’un soulèvement populaire qui arrive, ce n’est pas « juste » un coup d’état terroriste, on a des scènes ou la population se met à tout piller (et ce n’est pas tous des hommes de main de Bane ou des prisonniers). Ca m’a vraiment paru bizarre. Sinon je comprends ce que tu veux dire pour Catwoman et tu as surement raison pour Bane, d’ailleurs torturé est vraiment pas le bon terme. Je m’étais juste imaginer que ce serait différent.
    Par contre je reste dans l’idée que TDKR est plus conventionnel et ne va pas aussi loin que TDK. Mais après c’est une question de point de vue :)

  11. Je suis d’accord, chacun ses goûts.
    Pour moi TDKR est loin d’être conventionnel, le message de Bane transcende l’ordre établit. Lorsqu’il se rend sur le marché boursier et qu’on lui dit qu’il n’y a pas d’argent ici, sa réponse est « Alors pourquoi est ce que vous jouez avec notre argent tous les jours ». Ce sont toutes ses phrase puissantes, mêlées à des séquences fortes qui m’ont subjugué. Pour le soulèvement et la réponse que tu en apportes, mets toi à la place d’une population dans une ville occidentale (bordée par le capitalisme. Si tu casses les codes, les riches vont se terrer dans leurs acquis, certains vont forcément en profiter. Les profiteurs sont les gens qui vont piller les riches. Ce n’est pas toute la population de Gotham qui rentre dans ce nouveau système. Sélina parle de tempête au début du film car elle sait qu’un jour l’ordre se retournera, mais je ne pense pas que son désir est été celui amené par Bane.
    Et puis il faut ajouter à cela le fait que Bruce Wayne lui a fait un peu changer d’opinion, et qu’elle s’en veut pour le coup qu’elle a porté à Batman.

    Après je comprends qu’on puisse ne pas aimer un tel film, car il nous amène sur un chemin dont on ne soupçonnait pas l’existence après un TDK fantastique. Perso j’en attendais beaucoup de TDKR… mais pas autant xD

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