close
Cinéma

[Interview] Ted Raimi : « Joxer est un peu beauf »

A Paris fin octobre à l’occasion de la convention Xenite Con, Ted Raimi, qui interprétait le fringant benêt Joxer dans la série Xena la Guerrière, a accepté de répondre à quelques-uns de nos questions. L’occasion de faire un petit voyage dans le temps, et de se pencher sur les projets de cet acteur, qui s’est tourné depuis plusieurs années vers la réalisation.

Bonjour, et merci pour cette interview… C’est la première fois que vous venez à Paris pour une convention ?

Non, je suis déjà venu ici pour une convention mais… je suis venu un jour et demi, je suis allé directement de l’aéroport à la convention, le lendemain, j’ai juste eu le temps de boire un café au lait et de monter à la Tour Eiffel avant de repartir, c’était affreux.
C’était il y a sept ou huit ans, et c’était différent de cette convention ci. Celle-ci est bien.

Donc là vous avez le temps de visiter Paris et la France ?

Oui. Là, je suis surtout allé dans le 11ème arrondissement, que j’ai trouvé très joli, et les gens sont très accueillants, c’est vraiment sympa.
Je pense que les Français pensent que les Américains sont grossiers, et vice versa, mais en réalité, aucun des deux ne l’est. C’est juste qu’il y a un décalage entre les deux, qui peut créer un malaise, perçu comme grossier. Mais j’ai vraiment trouvé tout le monde accueillant et sympa.

Xena est maintenant fini depuis une dizaine d’années, mais il y a toujours beaucoup de fans. Vous vous attendiez à un tel succès ?

Non. Il n’y a aucun moyen de savoir quel sera l’accueil. J’ai fait pas mal de séries télé dans ma carrière. Certains ont du succès au départ, et puis tombent dans l’oubli, certains sont des bombes, et leur succès dure, d’autres encore n’ont aucun succès au départ, et pas plus après, etc.

Avec Xena, ont a été très chanceux, parce que la série a eu beaucoup de succès, qui continue à avoir des fans. C’est très gratifiant, même si je ne joue plus tellement maintenant, je me consacre presque exclusivement à l’écriture et à la réalisation, c’est toujours sympa de rencontrer des fans.

Pensez-vous que Xena a été “révolutionnaire”, dans les années 90 ?

Oui. C’était l’une des premières séries à avoir des personnages qui sont habituellement très sérieux, en leur donnant des dialogues très familiers. Normalement aux U.S.A, les personnages romains ou grecs sont très sérieux, comme on pourrait en voir dans une mauvaise interprétation de Shakespeare.

Le fait qu’on les fasse plus bavards, plus normaux, avec des problèmes normaux, pas uniquement des gros trucs sérieux. Parfois, ils ont des problèmes triviaux, comme quelque chose coincé dans les dents, ou des lacets défaits, et je pense que les gens ont trouvé ça attachant. Et si on ajoute ça à l’aspect “fantasy” de la série, je pense qu’on a une bonne recette pour rencontrer le succès. Tout ça, c’était l’idée de Robert Tappert, et nous étions tous très contents de la faire exister.

Xena est une série basée sur la “mythologie”, pensez-vous qu’en même temps, c’est une critique de la société américaine ?

Oui. C’était une critique de la société américaine, mais pour moi, juste sur certaines idées politiques des conservateurs, et ces critiques deviennent caduques quand les politiciens en question s’en vont.
Après, ce qu’il reste, c’est une histoire et des personnages auxquels vous pouvez vous identifier. C’est pour ça que la série a un succès qui dure.

Prenez une série américaine qui est un grand classique, comme L’île aux naufragés (Gilligan’s Island). C’était une série ancrée dans son époque, un peu folle et ridicule, mais créée parce que, au début des années 60, c’était une époque d’expansion pour les Etats-Unis. La série reposait sur le principe suivant : si vous prenez sept américains moyens : un type sans histoire, une nana du Midwest, une personne d’Hollywood, un marin costaud, un riche et un scientifique, et que vous les mettez n’importe où dans le monde, ils vont survivre.

L’idée est complètement caduque aujourd’hui, mais la série fonctionne toujours, parce que les relations entre ces personnages sont toujours drôles. Et je pense que Xena fonctionne sur le même principe, même si la critique n’a plus lieu d’être, l’histoire est toujours pertinente, et les personnages toujours drôles à regarder.

Que représente Joxer pour vous ?

je ne sais pas s’il représente quoi que ce soit. Tous les bons personnages comiques sont basés sur une opposition : Joxer est le pire guerrier du monde, et il est persuadé d’être le meilleur. Ça donne des milliers de dérives possibles, c’est un très bon point de départ pour écrire. C’est un peu comme la personne la plus grosse du monde qui se penserait la plus mince, ou la femme la plus laide qui se penserait la plus belle. C’est très classique, mais c’est très drôle. Il me semble que c’est R.J. Stewart qui a eu cette idée, c’est un bon écrivain.

Joxer est un allié de Xena, mais c’est aussi un boulet : Xena et Gabrielle doivent souvent voler à son secours, inversant les rôles traditionnels. C’était quelque chose de voulu, cette inversion ?

Je ne sais pas si c’était vraiment voulu, quelque chose de féministe, ou si on a juste trouvé ça drôle. C’est différent : ce sont toujours les hommes qui volent au secours des femmes, là, les femmes me sauvent. Je pense que c’était juste pour l’aspect comique, et je ne pense pas qu’on ait voulu exprimer quoi que ce soit.
Mais vous pouvez l’interpréter dans ce sens je présume, d’ailleurs beaucoup l’ont fait. C’est bien aussi.

Donc Joxer n’est pas la demoiselle en détresse ?

Non *rires*. Je pense que ce qui est drôle avec Joxer, c’est que non seulement c’était un très mauvais guerrier, mais en plus, il était tout à fait normal, voire beauf : il aime la bière, le sport, les danseuses dévêtues, il n’a vraiment rien de spécial. Mais il a un grand coeur, et je pense que pas mal d’hommes qui regardaient cette série pouvaient s’identifier à lui pour cette raison.
Il n’était pas très intelligent, mais il n’était pas stupide non plus. Vraiment le gars moyen.

Parlons un peu des costumes : le vôtre était-il confortable ? Ca prenait du temps de l’enfiler ?

Oh non, c’était pas si long, par contre, il fallait qu’on m’aide à m’habiller, parce que certaines pièces étaient compliquées à mettre, comme les gantelets.
Je me souviens que le costume était bien, mais je détestais le casque, je détestais le porter. Je ne le détestais pas parce qu’il était inconfortable, mais il était inconfortable, mais en tant que comédien : quand vous mettez le casque une fois, c’est drôle, mais si vous le gardez sur la tête, c’est plus drôle du tout. C’est comme la tarte à la crème, c’est drôle, mais si vous gardez la tarte sur le visage toute la journée, c’est nettement moins drôle. C’est drôle juste au moment où vous la prenez dans la tête.
Mais à part ça, c’était un costume farfelu et drôle, avec des pièces récupérées, un peu comme si Joxer avait fabriqué ce truc dans sa cave.

Donc vous n’êtes pas parti avec le casque à la fin de la série ?

Si. J’ai le costume chez moi, l’épée, les bottes, le casque, tout.

Vous le remettez parfois ? Pour Halloween par exemple ?

Non, non. Mais je le regarde, de temps en temps.

Vous participez au remake d’Evil Dead produit par votre frère Sam ?

Non, pas du tout.

Vous avez un avis sur ce remake ?

Bien sûr que j’ai une opinion. Je pense qu’il sera bien. Je pense qu’assez de temps s’est écoulé, 30 ans à peu près, pour qu’un remake soit fait.

Il y a beaucoup de remakes en ce moment, les amateurs des films originaux estiment souvent que ce n’est pas nécessaire.

Oui. Oui, c’est vrai, mais on peut aussi dire qu’au final, il n’y a pas vraiment beaucoup de nouvelles idées. Evil Dead était plus ou moins un remake de La nuit des morts-vivants, qui était un remake de The last man on Earth, lui-même basé sur le livre de Matheeson, I am a Legend. Et on peut continuer longtemps comme ça.

Je pense que faire des remakes n’est pas une mauvaise idée. Il y a moins de films à gros budgets basés sur de nouvelles idées, et c’est normal. Car dans les écoles de commerce, on ne vous apprend pas forcément à innover, mais à faire ce qui a déjà rapporté par le passé, et à le faire encore. D’où les remakes.

Et pour finir, avez-vous des projets dont vous pouvez nous parler ?

Je ne suis pas autorisé à en parler, mais j’ai écrit et je vais diriger un film d’horreur. Le tournage va commencer dans à peu près deux mois, mais je ne peux pas en dire plus. Mais c’est un projet sur lequel je travaille depuis presque un an maintenant, donc je suis très excité que ça prenne forme.

Un mot de la fin pour vos fans ?

Continuez de regarder Xena, car… Pourquoi pas ?

Merci à Ted Raimi et aux organisateurs du Xenite Con ! Interview réalisée par Audrey et traduite par Aurigabi.

Tags : Ted RaimiXena la guerrièreXenite Con
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !