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Sorti en avril dernier dans les salles obscures, The Grandmaster, le dernier film de Wong Kar-Wai, est disponible depuis hier en DVD et Blu-ray combo chez les chats curieux de Wild Side. L’occasion pour nous de revenir rapidement sur ce film, qui s’il n’avait pas convaincu tout le monde au sein de la rédaction, mérite bien quand même un petit retour.

affiche_grandmasterChine, 1936. Ip Man, maître légendaire de Wing Chun (un des divers styles de kung-fu) et futur mentor de Bruce Lee, mène une vie prospère à Foshan où il partage son temps entre sa famille et les arts-martiaux. C’est à ce moment que le Grand maître Baosen, à la tête de l’Ordre des Arts Martiaux Chinois, cherche son successeur. Pour sa cérémonie d’adieux, il se rend à Foshan, avec sa fille Gong Er, elle-même maître du style Ba Gua et la seule à connaître la figure mortelle des 64 mains. Lors de cette cérémonie, Ip Man affronte les grand maîtres du Sud et fait alors la connaissance de Gong Er en qui il trouve son égal. Très vite l’admiration laisse place au désir et dévoile une histoire d’amour impossible. Peu de temps après, le Grand maître Baosen est assassiné par l’un de ses disciples, puis, entre 1937 et 1945, l’occupation japonaise plonge le pays dans le chaos. Divisions et complots naissent alors au sein des différentes écoles d’arts martiaux, poussant Ip Man et Gong Er à prendre des décisions qui changeront leur vie à jamais…

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 Wong Kar-Wai en terrain nouveau

[quote_right]The Grandmaster est une orfèvre digne du réalisateur chinois[/quote_right]Premier film d’arts martiaux de Wong Kar-Wai, genre dans lequel on n’imaginait pas nécessairement le réalisateur, on savait qu’on ne pouvait pas avoir à faire à un traditionnel film de kung-fu. En effet, ici, pas de personnages qui s’envolent de toits en toits, le réalisateur de Chungking Express délivre une approche plus réaliste des combats, respectant strictement les différents styles proposés, et replace son histoire dans un fort contexte politique et historique. Relatant une frange de la vie d’Ip Man, maître qui forma Bruce Lee au Wing Chun, The Grandmaster n’en perd pour autant pas sa force d’impact.

img_grandmaster1Dès l’ouverture, après un générique tout simplement sublime et racé, Wong Kar-Wai délivre une scène de combat magnifique, extrêmement stylisée, où la force des coups se ressent et la maîtrise visuelle impressionne. Tout le film sera de la même facture technique : image et lumière superbes, réalisation extrêmement soignée, décors magnifiques. The Grandmaster est une orfèvre digne du réalisateur chinois, un film raffiné qui déroutera ceux qui s’attendaient avant tout à un spectacle et une démonstration d’arts martiaux, d’où un rythme qui peut sembler être long. Ce serait mal juger The Grandmaster, qui est une fresque où se mêle l’histoire personnelles d’individus, celle d’Ip Man, Gong Er, ou la Lame, celle des arts martiaux et de leurs clans/familles respectifs (la question de l’héritage occupant ici une place considérable), et celle de la Chine, en plein tourments d’une guerre civile, puis de l’invasion japonaise, suivie de la révolution culturelle qui conduira Ip Man vers son destin, à Hong Kong, où il fondera son école.

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[quote_left]c’est au final sur une montagne de fêlures personnelles qu’Ip Man a bâti sa réputation[/quote_left]Ceux qui s’attendaient donc à une histoire épique narrant l’ascension d’une légende risquent d’être déroutés, car c’est au final sur une montagne de fêlures personnelles (son idylle impossible avec Gong Er, la séparation avec sa femme, l’invasion de la Chine, son exil à Hong kong pour fuir une chine ), qu’Ip Man a bâti sa réputation, l’Histoire se chargeant à chaque fois de se mettre en travers de son chemin a priori tracé pour le commandement de l’Ordre des Arts Martiaux. Un chemin où le respect d’un code de conduite, d’une morale et de valeurs, l’amèneront finalement à un point plus modeste, mais qui lui vaut aujourd’hui sa reconnaissance.

Un parcours si peu éloigné de celui de Gong Er, qui patientera des années pour atteindre son but, quitte à sacrifier tout le reste au nom de la loyauté familiale, et des préjugés sur la place des femmes. Une quête qui nous vaudra un autre moment fort du film : une scène de combat sur le quai d’un train absolument sublime, où l’héritière déchue retrouvera peut être son statut. Le parcours du personnage et sa force de caractère impressionnent, captivent, à tel point que l’on se demande si The Grandmaster n’aurait pas du s’écrire au féminin, sinon au pluriel…

Zhang Ziyi, sidérante de grâce et de justesse, trouve ici peut être un de ses meilleurs rôles. Bientôt une réelle reconnaissance ?
Zhang Ziyi, sidérante de grâce et de justesse, trouve ici peut être un de ses meilleurs rôles. Bientôt une réelle reconnaissance ?

[styled_box title= »Ip Ip Ip hourra ! » class= » »]Servi par les prestations impeccables de Tony Leung et Zhang Ziyi, tous deux campant leurs personnages avec raffinement et force de caractère, The Grandmaster est une claque formelle enrobée dans un contexte parfois dense et pas facile à assimiler pour qui n’est pas familier avec l’histoire de la Chine. Malgré cela, le film se place un cran au-dessus de toutes les productions actuelles, avec son parti pris de réalisation intransigeant refusant tout raccourcis scénaristique ou paresse visuelle propre à bon nombre de blockbusters sortis cette année. Si cela rend peut être le film difficile d’accès, The Grandmaster mérite largement que l’effort de s’y plonger tant son récit et ses thèmes son riche. Vous l’aurez compris, c’est ici l’avis d’un convaincu.[/styled_box]

Pour en savoir plus : les bonus

Du côté des bonus, l’édition combo BLu-ray/DVD s’avère plutôt riche et intéressante, proposant de nombreux modules. La facture technique du Blu-ray est impeccable, et rend parfaitement honneur à la qualité d’image et de lumière du film, un menu sobre et élégant nous permet d’accéder aux différents contenus. Outre les classiques bandes annonces de films, nous avons ainsi droit à un documentaire, un making-of, un entretien avec un spécialiste français des arts martiaux, une démonstration de Wing Chun, et un module sur les effets numériques.

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  • Sur la route des grands maîtres : ce documentaire de près de 30 minutes revient sur le travail de Wong Kar-Wai pour concevoir le film le plus juste historiquement et le plus fidèle aux arts martiaux qu’il présente. Nous suivons ainsi le réalisateur partir à la rencontre de grands maîtres et de grandes écoles des différents styles dans près de 12 villes de toute la Chine. Un voyage qui l’amènera à rencontrer des personnes ayant côtoyées en personne Ip Man, ou certains de ses disciples, et qui permet de resituer le film dans son contexte d’époque et de mieux saisir les différences entre chaque style de Kung-fu et leur place au sein de la société. Un documentaire qui permet également de donner un aperçu des entrainements extrêmement difficiles qu’on du suivre les acteurs pour interpréter leurs rôles. Les larmes et cris de Chang Chen et Zhang Ziyi en témoignent…
  • Making-of : décomposé en plusieurs petits chapitres indépendants, le making of permet d’aborder brièvement la présentation des personnages principaux, les décors, les styles de combats, l’entraînement, etc. pour une durée totale de près de 25 minute.
  • Entretien avec Didier Beddar, spécialiste français du Wing Chun : Didier Beddar ? Connait pas ! Et pourtant, dès que l’entretien commence, l’homme convainc par son propos à la fois clair et précis, didactique mais connaisseur sur l’histoire de ces arts martiaux, comment les maîtres se défiaient, les coutumes liées à une vie dédiée à cet art, etc. Un entretien clair et intéressant par un spécialiste (il a été formé par un disciple d’Ip Man et nommé Maître de la Neuvième génération), d’autant plus qu’il permet une entrée plus facile sur cette histoire foisonnante et les codes de sa société pendant près de 30 minutes.

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  • Démonstration de Wing Chun : Didier Beddar et deux de ses élèves offrent une démonstration de cet art martial dans trois situations différentes.
  • Scène en 3D active : les possesseurs d’un lecteur Blu-ray 3D et d’une télé 3D pourront profiter d’une scène exploitant ce format. Pour les autres, la scène reste accessible en 2D mais ne présente que peu d’intérêt hors du film.
  • Les effets spéciaux : plusieurs scènes du film sont successivement montrées à l’état brut et après retouches VFX, permettant de mesurer où ces derniers sont intervenus. Module qui se révèle surtout intéressant quand il aborde les scènes plus travaillées, comme le combat dans la gare, montrant comment la scène à été conçue.

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The Grandmaster, de wong Kar-Wai, avec Tony Leung, Zhang Ziyi, Chang Chen. Disponible en DVD et Blu-ray combo depuis le 4 septembre.

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Tags : Blu-rayChang ChenChineChinoisCinéma asiatiqueCritiqueKung FuThe grandmasterTony LeungWing ChunWong Kar-WaiZhang Ziyi
Jérémie

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