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Héros vidéoludique de toute une génération de joueurs, Naked Snake le Big Boss est de retour dans Metal Gear Solid: Ground Zeroes. Un titre attendu mais qui s’avère, comme prévu, extrêmement court, car il ne sert que de prélude à The Phantom Pain. Du coup, la frustration est au rendez-vous pour ce qui pourrait aisément être qualifié de démo payante.

Pour essayer de mesurer la place que prend Ground Zeroes dans les jeux Metal Gear Solid, revenons en arrière, en 2001 précisément : à l’époque les fans de MGS découvraient Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty. Dans ce titre sorti sur PS2, l’introduction permettait d’incarner Solid Snake en infiltration sur un tanker, avant de découvrir que le personnage principal du jeu ne serait pas Snake, mais Raiden. Ne revenons pas sur ce traumatisme hors-sujet (et puis Raiden est pas si nul finalement) et concentrons-nous sur la mission du tanker : imaginez que cette seule mission d’introduction ait été vendue à part du reste du jeu. Inconcevable, non ? Et pourtant, c’est typiquement ce que Kojima Productions a décidé de faire avec Metal Gear Solid V: The Phantom Pain : vendre la mission d’introduction à part.

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Devine qui vient dîner ?

 

Metal Gear Solid V: Ground Zeroes prend place peu de temps après Peace Walker, sorti sur PSP et, plus tard, sur PS3 et Xbox 360 via Metal Gear Solid: HD Collection. Alors que Kaz Miller prépare la Mother Base à une attaque potentielle, Big Boss se rend quant à lui en mission d’infiltration au Camp Omega, une base secrète dans laquelle est retenue l’ambiguë agent triple Paz Ortega et le jeune Chico, arrêté alors qu’il voulait lui venir en aide. Le (très) gros du jeu se résume donc à tenter de sauver ces deux prisonniers et de les exfiltrer, si possible en toute discrétion.

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Testé sur Xbox 360, Ground Zeroes a une qualité qui saute aux yeux dès le lancement du jeu : il est très beau. Certes, il est encore plus beau sur PS4 ou Xbox One, mais le rendu sur une console de la génération précédente prouve que cette dernière en a encore sous la semelle, et c’est une bonne nouvelle pour ceux qui ne veulent pas passer à la new gen dès maintenant. Le titre est esthétiquement très réussi, aussi bien durant les phases de gameplay que par ses cinématiques en 3D temps réel. A partir du moment où la mission est chargée, aucun temps de chargement n’apparaît, la map unique étant en open world. Et même lors d’un rechargement d’un point de contrôle, le retour en jeu s’effectue en un temps record. Rien à dire, donc, sur l’usage du Fox Engine sur la « vieille » génération de consoles, tout du moins en ce qui concerne la mission principale.

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La première vision qu’on a du camp est convaincante

 

Hideo Kojima reste fidèle à son credo : offrir une expérience immersive et fluide au joueur. Ground Zeroes n’est pas non plus saturé de cinématiques, et laisse assez rapidement place au jeu. Néanmoins, sur la fin, le titre ne peut pas s’empêcher de faire ressortir une certaine frustration bien connue des adeptes de MGS 4 : on est déçu de ne vivre qu’en spectateur totalement passif une scène épique. Du coup, il y a quand même de quoi avoir peur de ce que ça donnera pour The Phantom Pain.

2 heures chrono ?

Passé l’instant de la découverte – et du fait que la voix de Kiefer « Jack Bauer » Sutherland colle moyennement à Big Boss – c’est parti pour la mission en elle-même, et c’est là que le bât blesse. Outre un ordre de mission qui tient sur un timbre-poste, le jeu laisse le joueur totalement dans le brouillard, en ne le guidant pas (ou alors un tout petit peu). La zone est grande et les indications pauvres pour trouver les objectifs. Si ce « blocage » s’avère facile à contourner en observant bien la map et les indices à disposition (c’est surtout vrai pour la seconde partie de la mission) on a l’impression, et ce n’est sans doute pas un hasard, que tout est fait pour gonfler artificiellement la durée de vie de la mission principale.

Malgré cela, il faudra à peine plus d’une heure aux acharnés pour en venir à bout, tandis que le joueur moyen désireux de traquer les objets cachés dans la map pourra y passer un peu plus de 2 heures en jouant la carte de la furtivité. En mode bourrin, c’est un peu plus long : le jeu poussant à la jouer discret, mieux vaut se cacher que de mitrailler tout ce qui bouge, car des renforts arriveront en continu et vous ne serez pas plus avancé.

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Le supplément mandale, c’est gratuit (heureusement) !

 

Tout ça pour dire que la durée de vie de la mission principale de Ground Zeroes est minime, pour ne pas dire ridicule, sans compter que sa rejouabilité laisse fortement à désirer quand on connait l’emplacement des objectifs. D’aucun défendront le  « jeu » en insistant sur les missions secondaires qui se débloquent lorsque la mission principale est achevée une fois, et sur le mode difficile qui fait son apparition par la même occasion. Oui, ça rajoute quelques heures de jeu supplémentaires, mais c’est tout de même très artificiel : les missions secondaires prennent place sur la même map de Camp Omega, de jour – et là les graphismes font nettement moins rêver – et on finit par s’y ennuyer malgré sa taille honorable.

Au final, l’intérêt des missions secondaires n’est guère plus élevé que celui, en leur temps, des missions VR.  Mais à l’inverse de ces dernières qui étaient surtout appréciées des joueurs les plus « à fond » tandis que les joueurs moyens se concentraient sur le jeu principal et son intrigue, les missions secondaires de Ground Zeroes semblent presque être un passage obligatoire pour essayer de gommer le sentiment de s’être fait avoir en payant un prologue de jeu au prix fort.

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C’est toujours joli en journée, à condition de ne pas trop s’attarder sur certains détails.

 

Une démo technique payante ?

Metal Gear Solid V: Ground Zeroes est un titre aux qualités évidentes, qu’on aimerait vraiment, mais vraiment, pouvoir défendre. Mais il faut être réaliste : ce non-jeu s’avère beaucoup trop restrictif et limité pour qu’on puisse être d’accord avec la démarche de Kojima Productions. Comme a pu le faire en son temps Polyphony avec GT5 Prologue, on se retrouve ici face à un simple amuse-bouche, qui a certes de la gueule, mais qui ne vaut pas les 30 euros déboursés. Parce que bon, quand on paie le hors d’oeuvre 30 euros dans un restaurant, on s’attend à ne plus avoir très faim après : ce n’est pas vraiment le cas ici.

La provocation ultime de ce titre se trouve probablement dans la proposition de téléchargement de la bande-annonce de The Phantom Pain sur la console, une fois la mission principale terminée. Le jeu en remet une couche, au cas où vous n’auriez pas compris qu’il s’agit d’un teasing pour une suite qui s’annonce prometteuse.  Mais si le but de Ground Zeroes est de teaser un jeu qui n’a pas encore de date de sortie, le proposer en téléchargement à une quinzaine d’euros aurait été plus honnête. Peut-être.

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Courage, fuyons !

 

En tout cas, ceux qui veulent vraiment faire l’acquisition de ce qui se rapproche plus qu’une démo payante que d’un réel jeu doivent le faire en connaissance de cause, et ne pas se faire berner par l’alléchant packaging qui ne laisse rien percevoir du contenu très limité de Ground Zeroes.

Tags : Kojima ProductionskonamiMetal Gear Solid V : Ground Zeroestestxbox 360
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

2 commentaires

  1. « imaginez que cette seule mission d’introduction ait été vendue à part du reste du jeu. Inconcevable, non ? »

    C’est exactement ce qu’ils avaient fait, sauf qu’ils offraient un jeu (Zone of the Enders) avec la démo.

Commentaires