What we do in the Shadows, le « mockumentary » des Néo-Zélandais Taika Waititi et Jemaine Clement qui a fait le tour des festivals en 2014, sort en France en e-cinéma. Sous le titre Vampires en toute intimité, cette version française a été revue et corrigée par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, à qui l’on doit notamment les Messages à caractère informatif et A la recherche de l’Ultra-Sex.
Comment fait-on quand on est vampires depuis des siècles et qu’on doit discrètement vivre en coloc en 2015 dans la banlieue de Limoges ? C’est ce que nous propose de découvrir une équipe de documentaire, en partageant l’intimité d’une bande de potes suceurs de sang ! Geoffroy, Miguel, Aymeric et Bernard nous ouvrent les portes de leur coeur et celle de leur quotidien un tout petit peu complexe. Comment organiser les tours de vaisselles sur 5 siècles ? Comment rentrer en boîte de nuit en redingote et chemise à jabot ? La vie éternelle, est-ce vraiment si cool ? Doit-on forcément traiter son esclave comme un esclave ? Un humain peut-il aussi être un ami et pas un diner ? Comment éteindre un pote vampire qui a pris feu sans extincteur ? Comment dévorer une fille sans lui faire passer une trop mauvaise soirée quand même ? Comment se retenir de casser la figure à JC, apprenti vampire super sympa mais super pas discret ? Autant de questions auxquelles ils n’ont pas forcément les bonnes réponses…
What we do in the Shadows débarque enfin en France ! Après avoir fait le tour des festivals dans le monde, le « mockumentary » noé-zélandais arrive en France d’une manière originale : sous le titre Vampires en toute intimité, en e-cinéma et, surtout, en version française, adaptée par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, le duo d’auteurs, réalisateurs derrière les Messages à caractère informatif diffusés sur Canal + à la grande époque de la chaîne cryptée et également responsable du plus récent A la recherche de l’Ultra-Sex.
Que les allergiques à la VF se rassurent : pour une fois celle-ci est réussie et apporte même une valeur ajoutée au film original !
Le film de Jemaine Clement & Taika Waititi, à qui l’on doit la série Flight of the Conchords, était déjà très réussi en VO. What we do in te Shadows suit le quotidien d’une colocation de vampires de tout âge (de 8000 ans à deux mois) à la façon documentaire, entre reportage et interviews face caméra. Le duo néo-zélandais, présent derrière et devant la caméra, s’attache à déconstruire le mythe du vampire en plaçant ses personnages dans des situations drôles et ridicules ou en les confrontant à des questions existentielles (conflits pour savoir qui doit faire la vaisselle, comment boire le sang d’une victime sans tacher le canapé, comment ne pas se faire refouler de boîte de nuit, ou encore les conflits avec la bande rivale de loups-garous…). La galerie de personnages est savoureuse : le dandy précieux, le vampire qui cherche à incarner la coolitude absolue, le tortionnaire/séducteur à l’ancienne et le doyen de la coloc, 8000 ans et sosie du Nosferatu de Murnau.
Croisement entre Confessions Intimes et C’est arrivé près de chez vous, What we do in the Shadows apportait un petit vent de fraicheur salutaire dans le genre horrifique qui s’enlise de plus en plus dans les suites, remakes et autres reboots sans originalité ni saveur. L’adaptation française de Nicolas et Bruno rebaptise nos vampires et délocalise l’action de Wellington en Nouvelle-Zélande à… Limoges !
Au casting des voix françaises, on retrouve Alexandre Astier, Fred Testot, Bruno Salomone, Julie Ferrier, Zabou Breitman, Jérémie Elkaïm, avec évidemment Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, avec leurs intonations reconnaissables entre mille. On sent que les deux auteurs se sont fait plaisir en plaçant le plus de jeux de mots possible, même si de manière générale, l’esprit du film original reste intact. Les voix nasillardes façon Messages à caractères informatif sont au-rendez-vous, de même que les blagues et répliques plus absurdes les unes que les autres, et on se dit que la COGIP n’est pas loin…
Machine à gags redoutablement efficace, qui sait s’arrêter avant de lasser (le film ne dure qu’1h20), Vampires en toute intimité, laissera certainement sur le carreau certains spectateurs hermétiques au comique de l’absurde et de répétition. Mais pour les fans de détournements et du duo de Français derrière cette adaptation, l’expérience sera forcément réussie puisque Nicolas et Bruno vont encore plus loin que Taika Waititi et Jemaine Clement et subliment le sens de l’absurde du film original.
Vampires en toute intimité, sortie le 30 octobre 2015 en e-Cinéma