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Attendue comme le messie, la série Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D,  s’est prise une volée de bois vert lors de son arrivée sur les écrans américains. Pourtant, malgré des débuts peu engageants, elle a fini par faire ses preuves et à être renouvelée. Et si cette série, au delà de sa démarche marketing moyennement maîtrisée, cachait quelques enseignements pour Marvel ?

L’agent Phil Coulson, qui aurait survécu à la blessure que lui a infligé Loki avant la bataille de New-York, retourne au sein de l’organisation mondiale du maintien de l’ordre, le S.H.I.E.L.D. (Strategic Homeland Intervention, Enforcement and Logistics Division). Il réunit alors une équipe d’agents, extrêmement bien entraînés, afin de s’attaquer aux affaires qui n’ont pas encore été classées ayant trait à l’étrange et à l’inconnu. Cependant, ils vont vite se retrouver confrontés à une puissante organisation internationale, nommée Centipede…

Il faut l’admettre d’emblée : beaucoup, dont l’auteur de ses lignes, ont cru que Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D allait glisser sur le chemin poisseux des séries de Joss Whedon et être annulée avant d’avoir pu faire ses preuves. Il faut dire que depuis Buffy contre les vampires et Angel, le réalisateur d’Avengers s’est mangé de sacrées désillusions télévisuelles : Firefly annulé au bout de 14 épisodes, Dollhouse bouclé en deux saisons bien frustrantes… acclamé par la critique et découvert par une grande partie du public avec Avengers, Whedon a longtemps été le geek faisant des trucs de geek pour les geeks, mais finalement incompris de pas mal d’autres.

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« Oh, serait-ce un épisode réjouissant que je vois à l’horizon ? »

 

En divorçant de la Fox – et de sa réputation de faire ce qu’elle veut avec ses commandes, quitte à les saborder – et en signant chez Disney, Joss Whedon s’assurait un nouveau départ. Avec Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D, il ne partait pas de zéro, puisque le point de départ de l’intrigue se situe juste après Avengers, en prenant en compte tout l’historique de la phase 1 cinématographique. Avec, en bonus, la promesse de tisser des liens avec les films à venir.

Et puis, la série est également la promesse d’avoir la réponse à LA question : comment l’agent Phil Coulson, grand sacrifié d’Avengers, a-t-il bien pu survivre aux événements ? Une interrogation justifiée sur bien des points : la présence au casting de Clark Gregg, figure bien identifiée de la franchise, offrait un lien évident avec les films et un capital sympathie vis-à-vis des fans. Un tel catapultage sentait bon le marketing de fidélisation.

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Mais chassez le naturel, il revient au galop : après un pilote efficace avec guest-stars en prime – principalement Cobie Smulders, mais déjà pas mal – la série peine à trouver son rythme. Les personnages, très nombreux, s’imposent difficilement, et l’intrigue part un peu dans tous les sens. Pire : l’intrigue s’intègre difficilement dans la logique de l’univers cinématographique de Marvel, en faisant bande à part une bonne partie du temps. Hormis quelques names dropping et deux épisodes liés à Thor (épisodes 8 et 15) on se retrouve face à une série mêlant action et aventure d’une manière assez commune, et même si ça n’en fait pas un mauvais programme pour autant, ça reste en-dessous de ce qu’on était en droit d’attendre.

Et à ce stade, c’est bien évidemment un problème pour plusieurs raisons : d’une part, Agents of S.H.I.E.L.D est une série qui a été archi-teasée en marge du désormais très riche MCU : elle était donc très attendue par des fans conditionnés par cette univers cinématographique. D’autre part, il s’agit de la dernière création en date de Joss Whedon, respecté pour son talent créatif mais aussi pour son statut d’incompris de la télé : il ne faudrait pas négliger ce point d’importance, même si, en réalité, Joss Whedon n’a jamais showrunné la série. En effet, l’auteur a certes participé à la création du show, mais en a laissé dès le départ le contrôle à son frère Jed Whedon ainsi qu’à l’épouse de ce dernier Maurissa Tancharoen. On ne peut pas être sur le plateau d’Avengers 2 et dans la salle d’écriture d’Agents of S.H.I.E.L.D.

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Besoin d’un coup de main ? (trololo)

 

A la mi-saison, même si l’intrigue autour de Centipede est parvenue à gagner un peu en épaisseur et que les personnages ont, dans leur grande majorité, développé un capital sympathie, il s’avérait tout de même assez évident que le programme souffrait d’un problème majeur, à savoir une place mal identifiée dans le MCU. Un constat qui a poussé les showrunners à défendre leur programme : « Tout ce que tout le monde à vu jusque-là de la part de Marvel, ce sont des films gigantesques coutant des millions de dollars, et nous ne pouvons pas faire cela. L’espoir des gens de pouvoir visionner chaque semaine un nouveau film Marvel est quelque chose de difficile à vivre » confessait Jed Whedon à The Hollywood Reporter en avril dernier.

Captain America le salvateur

A un peu plus de la moitié de son parcours, la première saison de MAoS avait encore ses preuves à faire… et finalement, la bonne occasion s’est présentée lors de la sortie en salle de Captain America : le Soldat de l’Hiver. Là, les téléspectateurs ont pu comprendre beaucoup de choses, notamment que la série rongeait son frein pour mieux rebondir sur les événements du film. Evénements qu’on ne détaillera pas, critique spoiler free oblige, mais qui contribuent à faire changer Agents of S.H.I.E.L.D de direction, d’une façon plutôt radicale.

Du coup, le dernier tiers de la saison s’avère bien plus réjouissant que les premiers épisodes, comme si la série s’était libérée d’un carcan limitant ses actions. Un nouveau départ qui permet de rentrer dans le vif du sujet… certes, c’est nettement mieux, mais c’est quand même un peu tard pour se réveiller.

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« Faîtes comme si j’étais pas là… »

 

Le problème qui émerge de ce constat, c’est que la série semble vraiment trop liée au contenu cinématographique : car, durant la grosse quinzaine d’épisodes où on se demandait si ça allait décoller à un moment, il y avait clairement moyen de mettre en avant des enjeux bien plus gros que ceux exposés, et d’être plus ambitieux avec les arcs parallèles – notamment l’affaire Coulson. On a bien des révélations çà et là, plus ou moins choquantes, mais le soufflet retombe vite. Concrètement : la mèche qui mène à l’explosion de fin de saison est bien trop longue.

Skye is the limit?

Dès lors, on peut s’interroger sur la manière dont la série va passer le cap de la première saison. Renouvelée récemment, Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D va avoir la lourde tâche de prouver qu’elle peut aller au-delà d’une première saison clairement en demi-teinte. Les excuses liées à la mise en place de l’intrigue et du rythme calé sur des sorties ciné ne passera probablement pas deux fois. Rappelons que l’année prochaine, deux films Marvel/Disney seront à l’affiche : Avengers : Age of Ultron et Ant-Man, qui amorcera la phase 3. Mais en réalité, seul Avengers pourra se répercuter sur la série « en live » puisque le film sort en avril – contre août pour Ant-Man, soit en pleine période de hiatus.

Il faut surtout espérer que la série privilégie le développement de ses intrigues « personnelles », notamment autour de Coulson et de Skye, plutôt que de se reposer sur ses (faibles) acquis et sur le MCU. Et franchement, c’est tout ce qu’on peut espérer, car le potentiel est clairement là !

Shield Coulson
En voiture S… euh, Skye !
Tags : AvengersCoulsondisneyJoss WhedonmarvelMarvel's Agents of SHIELDSHIELD
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !