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Sortez les armes ! Après avoir montré les dents lors de l’étrange festival de Paris, Joël Murray, frère de qui-vous-savez (pas Voldemort hein !), vient envahir les écrans de nos salles obscures à grand coup de Desert Eagle. Yippee ki yay motherfucker !

Seul, sans boulot, gravement malade, Frank sombre dans la spirale infernale d’une Amérique déshumanisée et cruelle. N’ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.

Imaginez un peu : un monde où Loana, Steevy, les chanteurs de la Star Ac’ et tout autre participant insupportable de télé réalité, les présentateurs télé, seraient réunis dans une seule pièce, tous ensemble. Vision cauchemardesque ? Au premier abord, oui, sauf si la pièce en question fait KABOOM !

Et de faire Kaboom, c’est justement ce que nous proposent Bobcat Goldthwait (que pour des raisons de commodité, nous appellerons Bob le chat) et Joël Murray dans le film God Bless America. Alors comme diraient nos amis de la Team America World Police : FUCK YEAH !

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La méchanceté, c’est le mal.

 On dit toujours qu’à Hollywoodland, on ne touche pas aux bébés. Certains semblent avoir décidé d’en finir avec ce dictat. Dans son dernier film, The campaign (Moi député, chez nous) Will Ferrell se permettait d’en puncher un bien sévère ! Et dans celui-ci, c’est tout simplement sur un coup de shotgun dans le chérubin un peu trop bruyant des voisins que s’ouvre God Bless America.

Bon ok, c’est du hors champs, c’est dans un rêve, mais la note d’intention est tout de suite donnée : God Bless America ira jusqu’au bout ! Frank, Monsieur-tout-le-monde par excellence, père divorcé, fille distante et capricieuse, job de bureau, voisins chiants, se retrouve d’un coup sans boulot et diagnostiqué d’une maladie incurable. Révolté par les incivilités, la glorification des nullos et de la méchanceté à la télévision, il décide de profiter de ce choc pour régler leurs comptes à tout ce petit monde. Après tout, quand on n’a plus rien à perdre, autant se faire plaisir !

« Mesdames, Messieurs, ceci est une dynamite à prout ! Si je pète, ça explose ! Et quand je rigole, j’ai des gaz, alors le premier qui me fait rire, je l’explose ! »

Si la note d’intention est claire, le film semble pêcher par son fond très simpliste. En effet, là où Super, également projeté dans ce festival l’an dernier, et comparable en plusieurs points (à ceci prêt qu’il n’est pas ici question de super-héros), nous proposait son lot de second degré, d’irrévérence et quelques passages un peu déviants pour servir un propos ambigu sur la violence et ses fins, la solitude d’un être qui ne rentre pas dans les cases de la société. Ici, God Bless America semble se limiter à un message très simpliste que l’on peut résumer de la façon suivante : c’est pas bien d’être méchant.

Un fond un peu simpliste et qui manque un peu de nuance, conférant au nouveau long métrage de Bob le Chat un côté moins corrosif que le film de James Gunn. Comme si, en voulant dénoncer un cliché et un état de fait, Bob le Chat se réfugiait malgré lui dans le cliché opposé. Mais cela ne nous empêche pas non plus de passer un sympathique moment.

Un Super-like en mode terre-à-terre.

En effet, si la comparaison entre le film de Bob le Chat et Super tourne légèrement à l’avantage de ce dernier du point de vue de la qualité du métrage, God Bless America en revanche tient sa ligne de conduite jusqu’au bout sans nous gratifier d’un happy ending ou d’une fin moralisatrice que l’on pourrait craindre.

A contrario de notre ami Super, qui se mue dans un alter égo fantasmé pour assouvir son désir de justice, le Frank que nous propose Bob le Chat est lui très serein, conscient de ses actes, ne cédant pas aux accès de colère et parfaitement maître de soi, y compris lorsqu’il décide de tuer quelqu’un. God Bless America adopte donc un ton très premier degré, et nous présente un personnage auquel on peut facilement s’identifier tant il semble proche de nous.

Tel un Big Daddy, en bon père de famille, Frank va initier sa jeune acolyte aux joies des armes à feu !

Ainsi, on ne peut s’empêcher de sourire lorsque, reclus dans leur cabane, Frank et Roxy se livrent à une liste de tous ceux qui mériteraient de mourir, comme n’importe quelle personne a pu discuté avec son/sa meilleur(e) ami(e) de ce qu’il déteste le plus au monde au cours d’une pyjama partie. Pour autant, Bob le Chat n’hésite pas à souligner les petits défauts de nos personnages, les rendant par la même un peu contradictoire et terriblement humains. Ainsi, lors de cette même scène, Frank étant d’accord sur une catégorie de gens à éliminer, sollicite de sa jeune amie un « high five » alors que quelques instants plus tôt, les « high five » étaient portés au banc des accusés. De la même manière, alors que leur entreprise de carnage n’a aucune revendication affichée ou reconnaissance souhaitée,  et condamne la starification à outrance, la jeune Roxy s’insurge de ne pas voir leurs crimes être évoqués au journal télévisé.

L’approche plus réaliste et premier degré de Bob le Chat, porté par l’interprétation honnête des deux comédiens, se maintient donc jusqu’au bout. Pour autant, une approche plus premier degré ne signifie pas « ennui ». A plusieurs reprises, le film ne manque pas d’arracher des sourires au spectateur, par ses situations (les casseroles de leur parodie d’American Idol/Nouvelle star), des vannes, ou tout simplement par les carnages commis par nos compères. On ne peut s’empêcher d’afficher un sourire jusqu’aux dents lors du premier « nettoyage » de Frank, qui s’en prend en frontal à l’une des enfants pourries-gâtées les plus insupportables qui soient. Les saillies sanglantes des différents meurtres tranchent par ailleurs avec le rythme très posé du film, jusqu’à un final où tout le monde en prend pour son grade dans un carnage total. FUCK YEAH !

Les shows de télé-réalité vont en prendre pour leur grade !

Point de moralisation à la fin du film également, Bob le chat opte pour le jusqu’au-boutisme de sa posture et de ses héros et imprime sur grand écran les envies de claquage de clapet de nombreux détracteurs de la télé-réalité. Qui n’a jamais rêvé que le plus tarte des présentateurs de télé-crochet se prenne une grosse mandale ? Qui n’a jamais souahitéque ces andouilles qui se prennent pour des stars en prennent également pour leur grade ? Ou que ENFIN les andouilles qui vous pourrissent vos séances de cinéma trouvent à qui parler ?Sans en arriver jusque là, ok, mais on est dans un film, autant s’éclater ! Pour autant, l’attitude choisie par Frank et Roxy ne pouvait les conduire que vers un point auquel Bob le Chat, maintenant sa logique de traitement réaliste et sa cohérence de propos, nous amène.

Film sympathique et plaisant à suivre, God Bless America n’en reste pas moins relativement simpliste et manichéen dans le fond pour réellement marquer le coup. Si la méthode choisie par nos compères pour remédier à la situation est évidemment expéditive et radicale, fun et ne manque pas de nous faire sourire, il se dégage du film de Bob le Chat l’impression qu’il manque un léger quelque chose et s’avère moins irrévérencieux qu’il ne semble l’être. Sans être des plus originaux donc, God Bless America tient néanmoins sa promesse de nous distraire et maintient sa logique destructive jusqu’au bout. Reste donc un agréable moment, mais ne vous attendez pas à trouver là le nouveau brûlot du cinéma américain. Ceci dit, franchement, voir tout ce petit monde se prendre des bullets plein la tronche : Fuck yeah ! :p

God Bless America, de Bobcat Goldthwait. Avec Joel Murray, Tara Lynne Barr. Sortie le 10 octobre 2012.

Tags : Bobcat GioldsthwaitÉtrange Festival 2012God Bless AmericaJames GunnJoel MurraysuperTara Lynne BarrTeam America World Police
Jérémie

Gentle Geek Jérémie

Consequences will never be the same !

6 commentaires

  1. Hahaha, attention, faut pas s’emballer non plus, ça casse pas des briques hein ^^ » En gros c’est fun, mais c’est pas non plus le film contestataire que ça prétend être, ça enfonce même plutôt des portes graaaandes ouvertes. AMHA en tout cas. Tu me diras ce que tu en as pensé ^^

  2. Je l’ai matté avant hier et ouai ça casse pas 3 pattes à un canard et le meilleur est dans la bande annonce, ça n’atteint pas le niveau de super !

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