close
Cinéma

[Critique] Silent Hill Revelation 3D : une adaptation dans le brouillard

Finalement, je crois que je vais prendre ma température moi-même...

Sean Bean va-t-il mourir encore une fois ? Telle est la question que tout le monde se pose lorsque débute Silent Hill Revelation 3D. Après une heure trente de film, tristement, c’est finalement la seule véritable réflexion qu’aura entraîné le long-métrage auprès du spectateur incrédule. Et c’est ainsi que l’une des rares franchises de jeux vidéo encore « sauvables » au cinéma fini par sombrer, en dépit de moyens techniques très efficaces.

Survivante des évènements survenus dans le premier film Silent Hill, Sharon Da Silva devenue adolescente, toujours élevée par son père adoptif Christopher, est condamnée à une fuite perpétuelle depuis que ce dernier a tué un homme qui cherchait à les agresser. Sharon est contrainte par son père à multiplier les fausses identités pour sa sécurité. Mais alors que de terribles cauchemars hantent ses nuits, la poussant à se rendre à Silent Hill, la jeune femme, qui a tout oublié des évènements précédents, voit son passé remonter à la surface lorsque son père est enlevé par  l’Ordre, la secte qui règne sur Silent Hill…

Quelqu’un n’a pas filé ses chèques emploi-service à la femme de ménage…

 

S’il fait l’effort de structurer les bases de son intrigue (ahem) en fonction de la fin du premier volet, réalisé par le français Christophe Gans et sorti en 2006 – le nouveau film de Michael J. Bassett prend quelques minutes pour en résumer (maladroitement) la fin – Silent Hill Revelation fait néanmoins très vite la grosse erreur de se démarquer de la démarche de réflexion dans laquelle s’inscrivait le premier volet. Car même si on peut ne pas avoir spécialement adhéré à la vision que Gans a eu de Silent Hill – c’est le cas de l’auteur de ses lignes – il faut avouer que le Français était parvenu à mettre en avant, de façon relativement efficace, les degrés de perception de la réalité qui font tout l’intérêt de la ville maudite. Une dimension à côté de laquelle Bassett passe littéralement, de manière pas forcément bien assumée.

« J’irais bien faire le mur, moi »

 

Car Silent Hill Revelation démarre plutôt bien, avec une introduction spectaculaire qui introduit Adelaide Clemens, sorte de Michelle Williams jeune, dans le rôle de Sharon/Heather, précédemment tenu par Jodelle Ferland – on peut se demander d’ailleurs pourquoi cette dernière n’est pas de retour, mais ça a sans doute un rapport avec le tournage de The Secret. Le film met rapidement en avant de solides effets spéciaux, et questionne le spectateur sur le lien que continue d’entretenir l’héroïne avec Silent Hill. C’est après que ça se corse, quand l’intrigue multiplie les rebondissements faciles et les Deus Ex Machina à répétition. Réduit à de la figuration dans le premier film, Boromir Ned Stark Sean Bean n’est malheureusement pas beaucoup mieux loti dans ce nouveau volet. Globalement, le casting est d’ailleurs délaissé au profit des effets visuels, à l’exception d’Adelaide Clemens, qui s’en sort plutôt bien.

L’une des déceptions du casting s’avère sans doute être Jon Snow Kit Harington : le Britannique, pourtant efficace dans Game of Thrones, offre dans Silent Hill Revelation une interprétation des plus clichés , même si, il faut l’avouer, la palme du WTF revient sans doute à Carrie-Ann Moss, qui ne relancera pas sa carrière avec ce film. On passera sur le caméo surprise du long-métrage, pour laisser un semblant de surprise quand même.

Follow the white wig…

 

Décevant sur le fond, Silent Hill Revelation 3D se rattrape comme il peut sur la forme, en proposant des effets spéciaux et des maquillages très impressionnants, ainsi qu’une 3D plutôt ludique, bien qu’accessoire – il va vraiment falloir faire le deuil de l’intérêt de la 3D au cinéma. Reste que malgré une mise en scène spectaculaire par moment, le film ne parvient pas à sortir d’une torpeur certaine, et ennuie la plupart du temps. Et ce n’est pas son final, absolument grand-guignolesque, qui donne de l’espoir quant à une éventuelle suite que rend possible la perche tendue durant les deux dernières minutes du film.

Plutôt épargné par le saccage actuel de licences de jeux vidéo au cinéma, Silent Hill rattrape son retard. Privé d’un Christophe Gans au style marqué, Revelation 3D a sans doute été davantage réalisé par son producteur Samuel Hadida (qui a sévit sur 4 films Resident Evil, ceci explique sans doute cela) que par Michael J. Bassett, dont le précédent film, Solomon Kane, n’avait pas trop de quoi mettre en confiance non plus. Un film à voir, au mieux, pour ses effets spéciaux, à condition de ne pas payer la place trop chère et d’avoir une heure trente à perdre. Quand à savoir si Sean Bean meurt dans le film, comme on est un peu sadique, on ne vous le dira pas !

Finalement, je crois que je vais prendre ma température moi-même…

 

Silent Hill Revelation 3D de Michael J. Basset avec Sean Bean, Adelaide Clemens, Radha Mitchell, Carrie-Ann Moss, Kit Harington… sortie le 28 novembre.

Tags : CritiquePIFFF 2012Silent HillSilent Hill Revelation 3D
Audrey

Gentle Geek Audrey

Co-fondatrice et rédac’chef de GentleGeek, je suis journaliste le jour et blogueuse la nuit – les deux ne sont pas incompatibles, non non. J’aime le cinéma, les jeux vidéo, les comics et les chats. C’est déjà pas mal !

4 commentaires

  1. Bah moi qui regrettait de ne pas pouvoir assister à la séance, tu viens « presque » de me faire plaisir… « presque » parce que bon… flûte quoi, Silent Hill n’a vraiment pas de chance ces derniers temps, entre ses derniers jeux (et leurs orientations étranges) et maintenant ça. -_-

  2. Putain c’est dommage, j’avais vraiment adoré le premier… Allez, dix euros d’économisés.

Commentaires