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Ces dernières années, le format épisodique semble rencontrer un certain succès dans le jeu vidéo. Attention, nous ne parlons pas ici de DLC, mais bien d’épisodes, comme les jeux de chez Telltale : The Walking Dead, ou encore The Wolf Among Us, pour ne citer qu’eux.
Dontnod Entertainment apporte sa pierre au genre en présentant Life Is Strange, jeu en cinq épisodes, dont le premier est sorti le 30 janvier dernier.

C'est choupi ce menu "automne dans l'Oregon", non ?
C’est choupi ce menu « automne dans l’Oregon », non ?

 

Pour rappel, Dontnod, ce n’est pas qu’un palindrome, c’est aussi le studio derrière Remember Me, jeu prometteur sur le papier, avec sa Néo-Paris romantico 3.0 et la capacité qu’a l’héroïne de changer le passé sans bouger du présent, en hackant les souvenirs des gens (c’était un peu classe, quand même), mais qui s’est révélé n’être qu’un beat them up sans grande saveur, pour notre plus grand désespoir.
On ne peut donc s’empêcher d’être un tantinet circonspect devant Life Is Strange : le pitch est prometteur, mais la réalisation sera-t-elle à la hauteur ?

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Après cinq années passées à Seattle, Max revient à Arcadia Bay, ville dans laquelle elle a grandi aux côtés de Chloé, pour profiter des cours de photographie de la fac du coin.
Forcément, en cinq ans, les choses ne sont plus les mêmes : Max a changé, Chloé a changé, des gens ont disparu…
Quoi qu’il en soit, notre héroïne attaque son mois de rentrée de façon sereine (ou autant qu’on peut l’être quand on a dix-huit ans, loin de ses parents, de retour dans sa ville natale dans laquelle, paradoxalement, on n’est plus proche de personne), jusqu’à une journée « un peu » agitée pendant laquelle elle se rend compte qu’elle peut revenir dans le passé.
Ce mystérieux pouvoir lui permettra-t-il de renouer avec Chloé ? De découvrir ce qui est arrivé à cette Rachel mystérieusement disparue ?

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Ce chapitre étant un chapitre d’exposition, il est encore un peu tôt pour se faire un avis tranché, mais on peut tout de même se faire une petite idée de ce que sera le jeu dans son ensemble.

Regarder ? Ouvrir ? Ouvrir ? Regarder ?
Regarder ? Ouvrir ? Ouvrir ? Regarder ?

 

Les premières minutes du jeu posent les bases du gameplay : on est dans du point and click tendance contemplative (oui, on sent bien l’influence de Quantic Dream, les QTE en moins). A vous l’exploration des décors : cliquez sur les placards, les tiroirs, les gens, les poubelles… Et voyez-ce qui se passe, ou ce qui s’est passé.
On n’est clairement pas dans un jeu d’action (en même temps, l’héroïne est une étudiante en photographie, pas en kick-boxing), on progresse donc dans l’histoire à coups de dialogues, d’objets trouvés, de situations débloquées…

Les dialogues proposent plusieurs choix, chacun ayant, en principe, une conséquence différente, soit à court terme, soit à long terme, soit les deux.

Imagine all ze pipooooole
Imagine all ze pipooooole

 

On retrouve ce choix dans les actions de Max. Pour l’instant (et c’est peut-être un choix de gameplay), on a pas tellement le choix dans la façon de résoudre ou de débloquer les situations, mais plutôt dans la façon dont on réagit aux événements.
Ces réactions auront, a priori, des répercussions dans le futur, mais il est difficile d’en prévoir l’ampleur pour l’instant.

Rien de bien révolutionnaire dans le gameplay, mais à partir du moment où Max peut revenir dans le temps, on a quand même un petit plus sympathique.
Concrètement, Max a le pouvoir de « rembobiner » les événements sur quelques minutes. Quelques minutes, ça parait léger, mais c’est suffisant pour tout un tas de choses : écouter la bonne réponse à une question afin de pouvoir la donner, fracturer un casier pour prendre connaissance de son contenu, puis remonter le temps pour effacer les traces, savoir de quoi on aura besoin pour convaincre quelqu’un, ou, tout simplement, changer un choix que l’on a fait.

Une référence est cachée dans l'image. Saurez-vous la trouver ?
Une référence est cachée dans l’image. Saurez-vous la trouver ?

 

Ce qui est amusant, c’est que les conséquences à long terme des actions de Max sont de toute façon hors de portée de son pouvoir, mais pas celles à court terme. Du coup, on peut refaire plusieurs fois le même dialogue, la même scène, avant de se décider et de trancher. Ce qui pourra prendre un certain temps pour les plus indécis ou les plus sensibles. D’autant que ce qui parait une bonne idée sur le long terme peut être un peu compliqué à assumer sur le coup : en ayant la possibilité de revenir immédiatement sur votre décision, assumerez-vous vos choix jusqu’au bout ?

Le gameplay n’est donc pas révolutionnaire, mais le rembobinage le modifie juste assez pour donner au moins l’illusion de changement. Et puis c’est rigolo de retourner dans le passé.

Comme un ouragaaaan qui passait sur moiiiiii
Comme un ouragaaaan qui passait sur moiiiiii

 

En même temps, s’il est important que le gameplay fonctionne correctement, Life Is Strange, s’inspirant d’Heavy Rain ou encore de Gone Home, met clairement l’accent sur l’ambiance, les personnages et l’histoire.
Et de ce côté là, pour l’instant, c’est assez réussi. Certes, les personnages ont dix-huit ans, l’âge tout pourri de transition. Cependant, même si les archétypes des personnages sont clairement reconnaissables (la première de la classe mesquine, les skateurs, l’artiste incompris, le vigile sadique, etc.) on ne tombe pas trop profondément dans le drama-teen, et les personnages ont un potentiel certain.

Oui, cette blague me fait rire. Et ALORS ?
Oui, cette blague me fait rire. Et ALORS ?

 

La mise en scène n’est pas en reste, avec une utilisation de la lumière qui rend parfaitement la nostalgie et la douceur de l’automne, et une musique folk-indie qui souligne très bien l’ensemble. Quant au doublage, il est plutôt satisfaisant dans l’ensemble.
Le seul point un peu en retrait, ce sont les graphismes. Sans doute pour se démarquer de Telltale, Dontnod n’a pas opté pour le cel-shading, et même si un soin tout particulier a été apporté aux visages et aux expressions, le reste est visuellement un peu vieillot.

Le joint qui plane, c'est... Original x)
Le joint qui plane, c’est… Original x)

 

Pour l’instant, et même si cet épisode ne fait pas avancer l’histoire, puisqu’il présente les personnages et les mécaniques de jeu, Life Is Strange s’annonce prometteur.
Il y a cependant des détails qui, s’ils ne sont pas des défauts dans un chapitre de deux heures et demie, pourraient le devenir sur l’ensemble du jeu.

On a d’abord l’héroïne, qui a un peu « hipster » tatoué sur le front. La nana, elle prend des cours de photos, et, en 2015, elle fait ses photos avec un Polaroid. Et elle joue du folk-rock sur sa guitare acoustique dans sa chambre. Pour l’instant c’est très léger, mais c’était très léger aussi au début de Remember Me, avant que les scénaristes ne craquent complètement leur gaine pour nous écrire des dialogues hallucinés et pédants.
Ensuite, Max, toujours elle, est parfois un peu lente pour faire les connexions entre les informations qu’elle découvre. A nouveau, ça reste supportable, mais il n’y a rien de plus irritant qu’un personnage qui est en retard de trois guerres sur le joueur, alors il faut espérer qu’elle va se réveiller un peu dans les épisodes suivants.

Attention, on est à CA du monologue chiant. Mais la lumière est jolie.
Attention, on est à CA du monologue chiant. Mais la lumière est jolie.

 

Certains choix des développeurs sont également étranges, comme celui de nous prévenir lorsque Max effectue une action qui aura des conséquences dans le futur… Ça n’aide pas le joueur à prendre une décision, mais ça ruine le suspens.

Ce premier épisode de Life Is Strange est plutôt sympathique, et, à 4,99 € il n’y a pas trop de risques à tester, c’est là l’un des avantages du format par épisodes, en plus de la rejouabilité liée aux choix.
Le jeu est sorti sur PS4, PS3, XboX One et XboX 360, et le prochain épisode devrait arriver en mars.

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Aurigabi

Gentle Geek Aurigabi

Fille de Mary Poppins et Xena la Guerrière, aime se promener dans les bois pluvieux. Avec une console. Ou un comics. Avant que les cylons n’arrivent…