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Ce mois-ci, grand retour de la chronique WTF ! Désormais, tous les deux mois, El Nioco vous emmènera sur les terres d’un cinéma issu d’une autre planète. Pour ce grand retour, nous nous attaquons à un monument. Une œuvre si intense et ultime qu’elle a forcé l’auteur de cette chronique à l’exil dans une grotte pour méditer pendant plusieurs mois. Quand les secours l’ont retrouvé, il n’était plus le même…

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Ceci est un extrait du journal de méditation laissé derrière lui par son auteur après son sauvetage, rédigé pendant ces longs mois de solitude intense puis lors du retour au monde civilisé…

 

Avant The Room, j’étais perdu. Mais ça c’était avant…

 

Les femmes, l’argent, le trafic de fraises tagada, du cheval dans les lasagnes, etc. Je ne saurais énumérer combien de dépravation ont jalonné ma vie. Et puis un jour, The Room est entré dans ma vie. Au hasard de pérégrinations nocturnes, un homme m’est soudain apparu. « Oh, Hi El Nioco !«  m’a-t-il dit. Puis il enchaina « Do you understand life ? Do you ? » avant de me tendre un exemplaire du film The Room. A peine le temps de jeter un œil sur la jaquette étrange de ce film, que l’homme avait disparu aussi vite qu’il m’était apparu. Je ne le savais pas encore, mais je venais de rencontrer Tommy Wiseau, acteur, réalisateur, scénariste, producteur de ce film. Je ne le savais pas encore, mais j’étais sur le point d’avoir une révélation ! Que dis-je, une WISEAULATION !

J’aurais tellement aimé parler avec cet homme, qui m’est apparu alors que je noyais mon chagrin après que Germaine m’ait sauvagement quitté et la nuit de débauche qui s’en est suivi. J’aurais aimé lui demander « Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Comment peut on faire une jaquette aussi moche ?« 

Les visuels de The Room, un monument de graphisme. La jaquette Blu ray vaut elle aussi le coup d'oeil !
Les visuels de The Room, monument de graphisme. La jaquette Blu ray vaut elle aussi le coup d’œil !

 

Mais tels les grands prophètes, l’homme est un mystère, et la WISEAULATION ne s’offre qu’à celui qui veut bien y plonger corps et âme. De retour dans la maison de mes regrets, je lançais donc le film, engoncé dans mes certitudes d’une vie guidée par l’égoïsme.

 

Tommy Wiseau, un ami qui te veut du bien !

 

Cela fait trois jours que The Room m’a ouvert les yeux. J’ai vu ma vraie nature, j’ai compris où était ma place. J’écris ces lignes au fond du repaire inconnu où mes pas m’ont mené, là où personne, ni Benoit XVI, ni Germaine, ne me retrouveront.

Un fanart de The Room !
Un fanart de The Room !

Je me souviens encore, dès les premières notes de musique, mon cœur a tressailli. Ce thème, entêtant, enivrant, qui vous reste dans la mémoire et se joue encore, encore, encore, encore, encore, ENCOOOORRREE ! Avant même que je m’en aperçoive, j’avais déjà un couteau à la main ! Cliché au possible, l’accompagnement musical était à l’image du film…

Plus la projection avançait, et plus je me demandais : mais quel message cherche-t-il à me transmettre ? Ou bien cherche-t-il à me rendre fou ? J’en ai vu des navets au cours de ma vie, mais là, on atteignait des sommets. De plus, la plupart des navets sont généralement des films d’action, fantastiques, ou d’horreur. C’est bien le premier navet sentimental que je vois.

Car tout dans The Room confère au mystérieux. L’histoire d’abord, digne d’un épisode d’Amour, gloire et beauté : Johnny est un gentil banquier, qui vit avec sa fiancée Lisa. Mais Lisa est lasse de Johnny et le trompe avec Mark, son meilleur ami. Parallèlement, plein de gens entrent et sortent de leur appartement comme d’une Foire-Fouille un dimanche après midi !

Tout aussi mystérieux sont lesdits personnages du film, apparaissant et disparaissant comme un dernier souffle de Marion Cotillard dans un film de Batman. A de nombreuses reprises, des personnages arriveront dans l’appartement, comme si de rien n’était, pour en repartir aussitôt, comme si le concept de porte fermée à clé n’existait pas aux Etats-Unis ! A l’image de Denny, jeune homme vicieux qui arrive à faire atteindre au film un sommet d’awkward dès les 5 premières minutes du film, lorsqu’il s’incruste dans le lit de Johnny et Lisa en demandant s’il peut les regarder copuler…

En pleine pyjama party du couple, Denny s'incruste...
En pleine pyjama party du couple, Denny s’incruste…

 

C’est aussi le cas de Peter, cet ami psychologue qui va apparaître et disparaître après une incongrue partie de Football américain en smoking. Ou de Steve, cet autre ami qu’a aucun moment nous avons vu lors de la soirée d’anniversaire va se mêler de tout et donner son opinion à Lisa au sujet de sa tromperie. Ou enfin, ce couple d’amis de Lisa qui s’incruste dans la maison afin de partager un moment érotique au chocolat sur le canapé et repartir aussitôt, surpris par la maîtresse de maison.

Peter, l'ami psychologue, qui disparaitra du film aussi vite qu'il y est apparu...
Peter, l’ami psychologue, qui disparaîtra du film aussi vite qu’il y est apparu…

 

Mais la disparition la plus étrange reste celle du scénario ! En effet, pendant 1h40, jamais le film n’ira plus loin que son postulat simpliste, ne développant aucun enjeu réel. L’histoire est elle aussi ponctuée d’apparitions étranges : soudainement, on apprend que Denny a acheté de la drogue et doit de l’argent à un dealer, où que la mère de Lisa est atteinte d’un cancer du sein, sans qu’à aucun moment ces éléments n’aient d’incidence sur le récit ou ne change quoi que ce soit à l’acting déplorable de l’ensemble du casting. Ces éléments ne seront ensuite plus jamais évoqués.

Denny, confronté à son dealer... Méchant Chris-R, méchant !
Denny, confronté à son dealer… Méchant Chris-R, méchant !
Mon dieu, mais laissez ses cheveux tranquille !
Mon dieu, mais laissez ses cheveux tranquille !

 

Et enfin, il y a Johnny. Interprété par Tommy Wiseau himself, c’est l’océan de sagesse du film. Accueillant, généreux, sympathique, drôle, jouissant d’une bonne situation professionnelle, et amant attentionné. Pulvérisant à lui seul l’ensemble de la prestation de tous les acteurs réunis en terme de médiocrité (son « You’re tearing me apart Lisa! » est à ce titre resté culte), Johnny illumine le film de ses saillies philosophiques de comptoir, donne l’occasion à de maintes reprises à ses amis de rappeler combien il est accueillant, généreux, sympathique, drôle, jouissant d’une bonne situation professionnelle, et amant attentionné. Et imite le poulet à la perfection ! Les mots me manquent pour décrire tout cela, Johnny se voit, se vit, ne se raconte pas. Voir Johnny et mourir, c’est mon nouveau tatouage !

Il est sportif...
Il est sportif…
Il est beau, et bien entouré...
Il est beau, et bien entouré…
Il est attentionné...
Il est attentionné…
Il aime les fleurs, et sa fiancée. Souvent en même temps...
Il aime les fleurs, et sa fiancée. Souvent en même temps…
Et il imite le poulet comme personne !
Et il imite le poulet comme personne !

 

C’est alors que tout m’est apparu clairement… Mon cœur s’est alors adouci. Non, Tommy ne cherchait pas à me rendre fou, il cherchait à m’envoyer un message ! Cette musique, ces plans de coupe incessants étaient autant d’indications comme quoi ce monde n’était plus fait pour moi ! Comme dirait Johnny : « I’m fed up with this world!«  Johnny n’est pas Johnny, Johnny c’est moi, c’est toi, c’est nous, à la recherche de notre place et de notre quiétude. C’est alors que j’ai pris mon sac, mon bâton de berger, et que j’ai marché au hasard jusqu’à trouver ce refuge. Et Tommy m’avait guidé. The Room m’a ouvert les yeux.

 

Il y a le monde tel que tu le vois de tes yeux. Et il y a le monde de The Room !

 

C’est la deuxième semaine où je n’arrive presque plus à dormir… Sans cesse, les images de The Room reviennent me hanter, et à nouveau le doute m’assaille… Suis-je réel ? Le monde dans lequel je vis, est-il réel, où bien suis-je en pleine Inception ? Ou dans une réalité programmée comme dans Matrix ? Pourquoi Denny a-t-il un regard aussi pervers ?

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Car rien de ce que je peux voir autour de moi, rien de ce que je n’ai vécu, ne rend comme dans The Room. Tout semble trop bien fait pour être réel. Car transpercé en mon être par la WISEAULATION, force est de constater qu’outre le message, le rendu de la vie made in The Room ne ressemble en rien à cela. Or, seul Johnny est dans le vrai !

En effet, l’homme a tourné son film-vérité à l’aide de deux type de caméras : une de type HD, et une autre de type 35 mm. Doté d’un budget de 6 millions de dollars, on est donc en droit de s’attendre à ce que le réalisme du film soit estomaquant ! En tout cas pour une production indépendante.

L'art du fond vert dans toute sa splendeur.
L’art du fond vert dans toute sa splendeur.

 

Mais alors, pourquoi diable les acteurs ont-ils l’air d’être en relief au cœur même d’un décor ? C’est sans doute là la fameuse « couleur » dont parle Tommy Wiseau quand il parle de ses acteurs… Mais le rendu d’image parvient à donner cette même sensation que lorsque l’on regarde un épisode des Feux de l’amour ou Des jours et des vies. Sauf que le rendu est encore pire !

De même, les scènes d’extérieur, notamment celles sur le toit… Mais pourquoi n’ai-je jamais croisé quelqu’un d’aussi grossièrement détouré pour permettre l’incrustation d’un décor sur un fond vert ??? D’où vient cette aura verte qui fait entoure chaque personnage lorsqu’ils sont sur le toit ? Pourquoi le contraste est-il aussi prononcé entre les acteurs en « prise de vue réelle » et l’incrustation des images de la ville, floues, mal cadrées ?

Peter, qui en plus d'un mauvais CGI, s'en prend à nouveau plein la tronche.
Peter, qui en plus d’un mauvais CGI, s’en prend à nouveau plein la tronche.
Leur amitié survivra-t-elle au fond vert ?
Leur amitié survivra-t-elle au fond vert ? (Il manque la moitié du crâne de Johnny)

 

De la même manière, je n’ai jamais été un grand professionnel du rangement ou de la décoration d’intérieur. Mais Tommy Wiseau, en bon maître spirituel, doit certainement maitriser le feng-shui à la perfection. C’est la seule explication ! Car tout au long du film, le cadrage employé dans The Room donne à réfléchir : personnages filmés à moitié (la mauvaise, généralement), à moitié hors cadre alors qu’ils parlent, disparaissant aussitôt du champ, ou de nombreux objets qui viennent parasiter les scènes : le fauteuil du salon, par exemple, qui lors d’un dialogue bénéficie d’abord d’un gros plan avant que la caméra ne se recentre sur les protagonistes… laissant toujours apparaître au premier plan le dossier dudit fauteuil, trop content de capter toute l’attention !

Non seulement Peter est assis, au premier plan, mais de toute la scène, il ne servira absolument à rien !
Non seulement Peter est assis, au premier plan, mais de toute la scène, il ne servira absolument à rien !

 

Et pourquoi ce flou, également ? Oui, ces images floues, qui viennent régulièrement émailler le film. Je ne parle pas des inserts sur fonds verts évoqués tout à l’heure, non, je parle d’un flou naturel, comme si le réalisateur rencontrait quelques problèmes de focus ou avait du mal à régler son image… Mais ce ne saurait être ça, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? …

Autant de questions auxquels je reste pour l’instant sans réponses… La méfiance est de mise, je ne suis plus sur de rien, mon monde vacille…

 

The Room, un condensé de philosophie humaniste que même Socrate c’est un baltringue à côté !

 

Après quelques jours d’intense réflexion, je commence à y voir plus clair… The Room est un film à message humaniste, dont voici les principaux enseignements :

  • Si tout le monde va et vient dans la maison, ce n’est pas parce que le film est écrit n’importe comment où qu’il n’a pas su transposer son écriture théâtrale au monde du cinéma. C’est parce que Tommy est un homme au cœur ouvert ! Il veut que tout le monde ouvre son cœur ! Ou alors ils ont tourné dans une maison témoin accessible aux visiteurs, et personne ne nous l’a dit.
  • De la même manière, si tout le monde dit « Oh hi ! » sans arrêt dans le film, même dans les situations les plus improbables, ce n’est pas pour vous taper sur les nerfs non ! C‘est pour que toi même tu dises enfin Oh HI au monde qui t’entoure et embrasse la vie à pleine dent ! Johnny, il dit même bonjour aux chiens ! Un peu comme quand Johnny s’auto-compare à James Dean en déclarant dans le film : « Live fast, die young, that’s the idea !« 

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  • Si le rendu de l’image est parfois flou dans le film, ce n’est pas une absence de maîtrise technique ! Le flou de l’image, illustre le flou qui règne dans l’esprit des personnage ! La confusion de leurs sentiments, leurs doutes, leur vulnérabilité ! Ou alors l’éclairage est une notion étrangère à l’équipe technique du film.
  • Le sexe est moins fort que les sentiments ! Si le film est truffé de séquences érotiques à peine plus excitantes que les films diffusés jadis sur M6, ce n’est pas un hasard ! Ni pour montrer à quel point Johnny aime Lisa, même s’il semble s’affairer sur son nombril… NON ! Le message est clair : le sexe est moins fort que les sentiments, sinon, pourquoi Mark n’enlève-t-il pas son pantalon lorsqu’il fait l’amour à Lisa, qui semble connaitre l’orgasme de sa vie à ce moment ? Et vous ne m’ôterez pas de la tête qu’on ne fait pas l’amour à un escalier de la sorte sans apprécier énormément ce dernier !

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  • Si les acteurs sonnent aussi creux, c’est tout simplement pour que tu puisses y projeter le reflet de ta propre âme en eux, et ainsi t’insuffler de toute la philosophie de The Room !
  • La philosophie de The Room, justement, émaillée par autant de déclaration cultes telles que « Do you understand life, do you ? », ou encore « If all the people love each other, the world will be a better place to leave » ! C’est bien trouvé, c’est bien Tommy !
  • Et si le film était un exercice pur et simple de désacralisation de la femme ? En effet, hormis un personnage féminin que l’on ne voit pas assez pour apporter un réel contrepoids, tous les personnages féminins sont vils, calculateurs, perfides, opportunistes, abjectes…

 

Pendant que les hommes bosses dur, Lisa et sa mère complotent...
Pendant que les hommes bossent dur, Lisa et sa mère complotent…

 

The Room, un phénomène qui va bien au delà du film !

 

Retour à la civilisation, me voila rassuré : JE NE SUIS PAS SEUL ! Les adeptes de la WISEAULATION semblent plus nombreux que je ne le pensais ! Où étiez-vous pendant toutes ces années ?

Revenu sur la terre ferme, voila que The Room est projeté à travers le monde et le public prends part aux séances. Immédiatement, je pense au Rocky Horror Picture Show, et au phénomène qui a envahi les salles, faisant que ce film est à l’heure actuelle toujours diffusé depuis 1975 : quand il pleut, le public se jette de l’eau dessus, se balance du riz lors des scènes de mariage, chante et danse comme dans le film, en même temps que le film.

Une projection du Rocky Horror aux Etats-Unis
Une projection du Rocky Horror aux Etats-Unis

 

Si The Room a bénéficié d’une critique désastreuse lors de sa sortie, il a également connu une seconde jeunesse et un succès monstre lorsque des spectateurs ont commencé à venir assister aux projections en costume et en robe rouge. Tommy Wiseau défendait son film contre les mauvaises critiques, mais il semblerait qu’il ait changé son fusil d’épaule en voyant le phénomène se développer, arguant que les critiques n’avaient pas compris qu’il s’agissait d’une « comédie noire ».

Une séance de The Room, introduite par Wiseau et Sestero en personne, ici à Chicago !
Une séance de The Room, introduite par Wiseau et Sestero en personne, ici à Chicago !

 

Ainsi, lors des séances, les spectateurs jettent des cuillères dans la salle, se font des passes avec un ballon de football américain, insèrent leur propres commentaires pendant le film… Le phénomène, qui a démarré aux Etats-Unis (c’est après tout là-bas qu’a démarré et pris de l’ampleur le concept des séances de minuit à la fin des années soixante), a aujourd’hui traversé l’atlantique et des projections sont désormais organisées en Europe !

Le 16 février, la première messe française dédiée à la WISEAULATION se tenait à Paris, dans le cadre des séances Panic! Cinéma. Il était impensable que je n’aille pas voir cela de mes propres yeux. Audrey vous en parle ici, en détail !

 

Un après The Room est-il possible ?

 

Qu’on se le dise, The Room est une œuvre tellement puissante et singulière dans l’univers des mauvais films qu’elle a à la fois marqué le début et la fin de carrière de chacun de ses protagonistes ! En effet, aucun des acteurs ayant participé à ce film n’a en effet réussi à se relever de ce tournage, enchaînant apparitions dans des séries TV ou seconds rôles dans des séries B. Lisa participe d’ailleurs à une série relatant, ironiquement, l’histoire d’un réalisateur raté et son équipe cherchant désespérément le succès à Hollywood !!! Même les projets de Tommy Wiseau semblent en stand-by : la série The Neighbors dont il parlait lors de notre interview n’a toujours pas trouvé de producteur (depuis 4 ans…), et nous attendons, à vrai dire, avec une impatience certaine, sa « vision » du film de vampires, pour peu qu’elle arrive un jour…

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Pour autant, les acteurs ne peuvent s’empêcher de continuer à vivre du phénomène The Room : le public, tout d’abord, en s’appropriant le film de la sorte et en contribuant au développement de séances participatives, a favorisé l’émergence d’une hydre tentaculaire qui rattache à jamais ces acteurs à ce film, faisant perdurer la chose depuis 10 ans. Ce dossier et cette chronique y contribuent également, avouons-le, et nous avons pris un plaisir monstre lors du premier « Midnight showing » officiel français de The Room. Y compris pour le spectateur, il y a un avant et un après The Room, comme l’explique Audrey dans le compte rendu de la séance !

Ainsi, Tommy Wiseau, continue naturellement de défendre et promouvoir son film, et accepte avec fair play ces séances participatives (mais a-t-il le choix ?). Mais avec un sens redoutable du marketing (Blu ray, goodies divers reprenant les citations du film, etc.), sans compter de probables droits de diffusion, les rentrées d’argent semblent se faire, et nous risquons bien un jour de voir émerger son nouveau film grâce à cela !

Un extrait du comic book de Philip Haldyman, alias Denny !
Un extrait du comic book de Philip Haldiman, alias Denny !

 

Les autres acteurs semblent prendre plus de distance quant au phénomène. Bien sur, aucun d’entres eux n’a critiqué le principe des séances participatives, Greg Sestero nous a lui même indiqué en privé qu’il trouvait cela fun. D’un autre côté, on sent également l’envie de passer à autre chose, mais quelque part, tout les ramènent encore et encore à The Room. Pour tourner la page, Greg Sestero prépare ainsi un livre sur le tournage du film. Philip Haldiman, l’interprète de Denny, de son côté, sort un comic-book relatant son histoire et sa participation au film ! Enfin, Juliette Danielle, si elle semble un peu plus gâtée niveau tournages (Ghost shark 2, voila un titre qu’on adorerait chroniquer dans ces pages), met également en vente des réalisations artistiques personnelles, faites de ses propres mains, et faisant référence à l’univers de The Room.

Bref, The Room, c’est à la fois le bonheur et la malédiction de ce casting : ils y ont atteint leurs 15 minutes de « célébrité ironique », et auront probablement du mal à être considérés pour autre chose un jour. Et malgré leurs efforts, tous semblent contraints de continuer à jouer la carte The Room. Quelque part, The Room est un peu le crédit revolving de leur conscience : quand tu penses avoir fini de payer ta dette, tu te rends compte qu’il te faut continuer à emprunter pour aller de l’avant. Et Tommy Wiseau est métaphoriquement le banquier de leur âme…

 The Room (2003). Un film de Tommy Wiseau. Avec Tommy Wiseau, Greg Sestero, Juliette Danielle, Philip Haldiman. Durée : 1h40.

Rendez-vous en avril pour une nouvelle chronique WTF, avec un film plein de zizis dedans !

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Jérémie

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