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Comme tous les ans, un peu après le Beaujolais nouveau, le Need For Speed nouveau est arrivé lui aussi.  Disponible depuis le 22 novembre sur à peu près tous les supports existants (PS3, PS4, PC, XboX 360, XboX One), Need For Speed : Rivals reprend le principe de Hot Poursuit sorti en 2010, à savoir la possibilité pour le joueur de mener deux carrières : soit celle d’un pilote fou-fou qui grille les feux et fait fi des limitations de vitesse, soit celle d’un policier chargé de poursuivre les fifrelins hors la loi.
Alors, ce énième volet de la saga est-il cool, est-il fun ? Kiki Seyparty et Simone Kyklaxonne ont mené l’enquête.

 

Le principe de base des deux carrières est le même : 60 échelons à gravir, répartis sur plusieurs chapitres (ah, le mode histoire des Need For Speed… *rire contenu*). Pour avancer dans « l’histoire », il faut, pour chaque échelon, remplir un certain nombre de conditions.
Concrètement, à chaque rang, le joueur a le choix entre trois séries de « défis » à relever. Une fois l’une des listes validée, HOP, on débloque une voiture à l’achat, on monte une marche, et POUM, nouveaux défis. Bien entendu, si en cours de route on se rend compte qu’on ne parviendra jamais à valider l’un des points, ou bien par lassitude après 75000 essais, on peut changer de liste. Mais on perd au passage la progression en cours.
Chacune des deux factions possède des « armes » dont elle peut équiper ses voitures : onde EMP, herses, ondes de choc, l’appel à un barrage routier, un turbo spécial, un brouilleur… Chaque voiture peut ainsi embarquer deux armes.
Et bien sûr, pour contrecarrer un peu les effets des armes et des touchettes diverses et variées, des stations-service font office de garage et vous réparent magiquement la voiture lorsque vous les traversez, même en pleine épreuve.

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Du côté des policiers, c’est pas bien brillant, cette carrière étant particulièrement répétitive. Vous me direz qu’un jeu de voitures, en principe, c’est assez répétitif de base. Certes. Mais là, le but, c’est quand même, sur SOIXANTE rangs, de défoncer des voitures à coups de pare-buffle et d’EMP. Pour débloquer des voitures que vous ne pouvez pas modifier et acheter un équipement « d’attaque » au rapport qualité/prix particulièrement douteux. Ça ne fait pas vraiment vibrer.

Le policier aura devant lui plusieurs épreuves :

Les interventions rapides : sorte de contre-la-montre, il faudra aller du point A au point B avant la fin du chrono. En prenant des pénalités chaque fois que vous toucherez quelque chose. Le principe de la pénalité dans un jeu orienté arcade laisse songeur, le but étant de s’amuser, mais en plus, quand vous en prenez une parce qu’un de vos collègues vous emboutit l’arrière-train, ça laisse rageur. L’IA boit et c’est le joueur qui trinque, c’est fantastique.
Les hot poursuits : vous jouez les trouble-fête lors d’une course, et vous devez mettre hors d’état de nuire le plus grand nombre de pilotes avant la ligne d’arrivée.
Les interceptions : comme son nom l’indique, il faut intercepter coûte que coûte un malandrin de l’asphalte
Les patrouilles : vous errez sur la carte en jouant avec votre sirène. Et, si vous avez envie, vous pouvez vous mettre en chasse du premier bolide que vous croisez. Pour le lol.

Baser toute une carrière là-dessus parait un peu (beaucoup) artificiel, surtout ajouté à l’efficacité très aléatoire des équipements : le barrage routier, par exemple, ne fonctionne JAMAIS. Soit l’IA le place juste après une fourche, ce qui signifie que 100% des pilotes vont prendre l’embranchement où il n’y a PAS le barrage, soit elle le place sur une route sans possibilité de l’éviter… Mais avec assez de place au milieu pour laisser passer un semi-remorque, ce qui signifie que 100% des pilotes vont passer au travers. Heureusement que l’argent n’est pas un problème du côté des flics (qui n’achètent pas leurs voitures mais les débloquent directement en gravissant les échelons), sinon il y aurait de quoi se sentir un peu moqué.

 

NFS RIvals 1
Vazy Simone, klaxonne !

 

Heureusement, on peut changer de carrière dès qu’on le souhaite, et entreprendre celle, bien plus excitante, de pilote hors-la-loi.

 Alors, bien plus excitante, en un sens, c’est vrai. On retrouve :

de vraies courses, où le but est d’arriver premier.
de vrais contre-la-montre, sans pénalité de contact
des hot poursuits, où il faut arriver premier en évitant en sus les hordes de flics lâchées à vos trousses
des duels, où vous défiez soit un pilote dirigé par l’IA, soit un vrai joueur
des interceptions, où vous devez échapper aux flics le plus vite possible.

Là, comme ça, ça parait super cool, méga fun. Et il faut avouer que les hot poursuits, ou tout simplement les courses quand les policiers se joignent à la fête, c’est certes over  the top (oui : trois hélicoptères et cinq-cents voitures de police pour quatre mecs en excès de vitesse, c’est un peu beaucoup), mais tellement jouissif.
Il y a pas mal de voitures à acheter (après les avoir débloquées en gravissant les échelons), on peut les personnaliser en changeant la couleur de la carrosserie, des enjoliveurs, en collant des vinyles, on peut également améliorer différents points (accélération, vitesse de pointe, résistance, capacité à faire des dégâts, maniabilité), toujours moyennant finance. On peut regretter qu’aucune voiture ne soit « gratuite », comme c’est souvent le cas dans les Need For Speed, où beaucoup de voitures sont disponibles à l’achat, mais où le joueur a aussi régulièrement la satisfaction d’en gagner une en avançant dans l’histoire.

Y a de l'électricité dans l'air
Y a de l’électricité dans l’air

 
Malgré le fun en épreuve, on évite pas les problèmes d’IA, comme dans tout jeu de course : vos adversaires sont rarement victimes de collision, la police ne voit QUE VOUS sur tous les participants, les « civils » font n’importe quoi au milieu de la route. Mais c’est le genre de défauts auxquels on est habitué sur un jeu de voitures, et ce n’est pas tellement rédhibitoire.
Un peu plus gênant en revanche sont les départs des courses : il s’agit d’un départ arrêté. Sauf que seul le joueur est arrêté, et votre voiture ne commence à bouger que lorsque le 3ème concurrent vous a dépassé. Les départs avec handicap, c’est fantastique.

Mais le vrai problème, en réalité, se situe ENTRE les épreuves. Parce que dans Rivals, il n’y a pas de listes de courses. Elles sont toutes sur la map, relativement grande, et vous devez vous y rendre PAR LA ROUTE, en partant de votre planque (ou du poste de contrôle si vous êtes flic).
Alors, il est vrai que de votre planque, vous pouvez vous rendre directement sur une épreuve. Sauf que les listes de défis à compléter pour progresser dans l’histoire ne comportent rarement qu’UNE SEULE course.
Du coup, de la première épreuve à valider à la seconde, vous devez vous déplacer. Sachant qu’il n’y a pas de fonction pause dans le jeu (ça, c’est assez grandiose), regarder la carte pour marquer sur le GPS la destination est assez hasardeux. Alors, il y a bien une fonction « rapide », l’EasyDrive, déjà présent dans le dernier Most Wanted, pour marquer les lieux auxquels vous voulez accéder, mais le problème reste le même : lire une liste en haut à gauche de votre écran tout en conduisant, c’est assez technique.
Non mais de toute façon, pas de pause dans un jeu qui n’est pas un MMO, c’est complètement débile. Il ne vous reste qu’à espérer que lors de vos parties, personne ne viendra vous déranger : ni votre progéniture/petit frère, ni le téléphone, ni le facteur avec un recommandé, ni le chat.
De la même façon, parfois on peut relancer une épreuve (dans le cas, par exemple, où votre moitié est venue vous dire un truc super important en pleine course), parfois non. Nous en avons conclu avec Kiki et Simone qu’on ne pouvait relancer qu’une seule fois une épreuve, faute d’autre explication plus logique.

Y a pas à dire, c'est plus choli sur current-gen
Y a pas à dire, c’est plus choli sur current-gen

 

Mais revenons à nos déplacements. Au niveau du rythme, c’est déjà un peu pénible de ne pas pouvoir enchaîner les épreuves grâce à un menu, comme c’est assez souvent le cas dans ce type de jeu. Mais il faut également prendre en compte le paramètre « police ». Et là, c’est le drame.
C’est le drame parce que pour faire deux kilomètres, si vous croisez une patrouille, il ne vous faudra pas trente secondes, mais un quart d’heure, le temps de les semer. Le truc pas lourd DU TOUT.
Surtout que si les flics vous arrêtent, vous perdez tous les points engrangés depuis votre dernier passage à la planque. Et comme tout est payant du côté des pilotes, vos points, vous y tenez. Un système de caution eut été pénalisant, mais pas pénible. Là, le jeu semble vous forcer à banquer le plus régulièrement possible en passant par les planques. Ce qui veut dire temps de chargement, frustration si vous êtes pris par la police, perte de temps, rythme plombé.
Sans compter que même si vous roulez pépère à 90 km/h, histoire de passer inaperçu, le moindre officier que vous allez croiser va QUAND MÊME se lancer à vos trousses. Si un flic vous rentre dedans parce qu’il a grillé un stop, il va considérer ça comme une agression, et BIM, c’est reparti pour une course poursuite.
Need For Speed : Hot Poursuit avait eu l’intelligence de proposer deux modes : un où l’on pouvait compléter les courses accessibles via un menu, et un où l’on pouvait se balader sur la carte.
Ça ne gênera peut-être pas tout le monde, mais les jeux de la franchise sont basés sur le plaisir immédiat et le rythme. Ici, les déplacements plombent les deux.

Penchons nous a présent sur le mode multijoueur. Pour rendre le jeu plus intéressant, sachez qu’à défaut de pouvoir jouer à deux en écran splitté (jouer dans son salon avec un ami/sa sœur/son poisson rouge semble définitivement une pratique so 20ème siècle pour la franchise), le mode multijoueur se fond avec le mode solo, avec plus ou moins de bonheur.

Vazy maintenant, essaie d'échapper à un hélico en bagnole.
Vazy maintenant, essaie d’échapper à un hélico en bagnole.

 

En gros, sur la map, jusqu’à six joueurs peuvent se retrouver ensemble. Vous pouvez donc défier de vrais gens. Le multi qui imprègne le solo, ça peut être fun. Ou pénible. Fun parce que les vrais gens c’est mieux, et parce que se tirer la bourre avec ses potes, c’est rigolo. Pénible parce que si vous tombez sur un gros relou, il vous pourrira toutes vos courses en vous empêchant de jouer tranquille. Pénible aussi parce que les serveurs avaient l’air, au moment du test, moyennement stables, et quand vous perdez la connexion, vous n’avez pas qu’un message discret dans un coin de l’écran qui vous informe gentiment que vous avez perdu la connexion, non, non.
Vous êtes déconnecté du jeu, le temps qu’il vous trouve un nouveau serveur, et vous ne reprenez pas vraiment où vous en étiez. Heureusement, on peut à tout moment décider de jouer hors ligne.

Enfin les graphismes, sur une console en fin de vie, sont loin d’être laids, mais laissent quand même à désirer : du clipping ? Des gros pixels moches sur le bas côté ? Une impression de vitesse rendue de façon assez aléatoire ? Heureusement les voitures sont bien modélisées, mais au final, on a pas une grosse impression de changement depuis le niveau de Hot Poursuit il y a trois ans, par exemple.
Quant à la musique, ce sera en fonction des goûts de chacun. Disons qu’elle colle bien au côté kéké des grosses voitures, et à la mentalité qui ressort de l’histoire. Cette dernière étant parfaitement risible. Enfin pour être précis, ce n’est pas tellement l’histoire qui est risible, mais les cinématiques de chapitres, avec des voix-off pseudo philosophico-rebelles à la morale douteuse.
Sachant qu’on ne joue pas à Need For Speed pour l’histoire, les développeurs auraient franchement pu s’abstenir.

Alors, bilan des courses ?
Kiki dit (à ne pas confondre avec Kiki Dee, ça lui briserait le cœur) : c’est tout pourri.
Simone est plus mesurée, surtout concernant la carrière de hors-la-loi : lorsqu’on est en épreuve, l’amusement est indéniable, les tracés sont relativement variés, même si ça manque de centre-ville, il y a pas mal de voitures, une alternance jour/nuit et une météo qui tourne… Mais ça ne rattrape pas forcément les déplacements pénibles et la frustration de perdre tous les points engrangés lorsqu’on est arrêté par la police.

Simone is not impressed
Simone is not impressed

 

En fait, le vrai problème de Rivals, qui était déjà un problème pour Most Wanted, c’est qu’il n’a aucun intérêt, surtout si vous possédez déjà Hot Poursuit et/ou Most Wanted. Cet opus continue dans la lancée de la franchise de tenter de faire du neuf avec du vieux, avec plus ou moins de bonheur. C’est bien joli de sortir un jeu tous les ans, mais encore faut-il que le joueur ait un intérêt à l’acheter, et ici, ce n’est pas le cas, sauf, à la limite, si vous cherchez un jeu de voiture pour votre nouvelle console, Xbox One ou PS4 : les graphismes y sont sans doute plus jolis, les textures plus fines et, pour l’instant du moins, il n’y a pas des milliards de jeux de course disponibles.
Il est dommage que les idées de The Run (même si le jeu n’était pas parfait) n’aient pas été suivies (l’épreuve dans les Rocheuses avec les avalanches était géniale, par exemple), et il faut espérer qu’EA et ses développeurs ne profitent pas du changement de consoles pour nous resservir encore les mêmes jeux, sans innovation aucune.

Tags : Electronic ArtsGhost Gamesneed for speedNeed for Speed : Hot poursuitNeed for Speed: Rivals
Aurigabi

Gentle Geek Aurigabi

Fille de Mary Poppins et Xena la Guerrière, aime se promener dans les bois pluvieux. Avec une console. Ou un comics. Avant que les cylons n’arrivent…

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